Drones au-dessus de Gaza

Le bruit constant des avions sans pilote provoque des maux de tête, de l’irritabilité et de l’insomnie, et peut littéralement rendre fou.

Bande de Gaza, le 13 novembre 2023

Drones au-dessus de Gaza — Bande de Gaza, le 13 novembre 2023

Toujours, toujours, il y a le bourdonnement.

Le gémissement incessant des drones plane au-dessus du ciel de Gaza 24 heures sur 24, tous les jours.

Les drones ne sont pas nouveaux pour les Gazaouis. Ils ont été régulièrement utilisés par l’armée israélienne, ou comme je les appelle, les FOI – les forces d’occupation israéliennes – pour surveiller la vie quotidienne ici pendant de nombreuses années. Je m’étais presque habituéee à leur son irritant, comme un moustique dans mon oreille. Mais ça, c’était avant.

Depuis qu’Israël a imposé le confinement après le 7 octobre, les drones ont proliféré en essaims mortels au-dessus de nos têtes. Maintenant, ils ressemblent plus à des scies circulaires ou à des motos. Le bruit constant provoque des maux de tête, de l’irritabilité et de l’insomnie, et peut littéralement rendre fou.

Pendant la journée, les drones ressemblent à deux triangles noirs ou bruns errant ensemble dans le ciel. Parfois, ils semblent très petits, mais même ces minuscules triangles éloignés peuvent mettre fin à votre vie en quelques secondes. Contrairement aux avions de guerre qui s’annoncent bruyamment, lorsqu’un drone frappe, vous ne savez pas qu’il arrive. Soudain, quelque chose – ça pourrait être vous – explose. Parfois, ils ressemblent à des oiseaux qui volent lentement. Vous aimeriez que ce soient des oiseaux. Même les oiseaux les plus dangereux sont plus miséricordieux.

Nous avons récemment confirmé que des drones américains hautement sophistiqués, exploités par des militaires, tournent maintenant au-dessus de Gaza. Les États-Unis affirment qu’ils ne sont pas armés, destinés à localiser les otages et à empêcher une nouvelle escalade entre Israël et le Hamas. Mais pour les Palestiniens ici, c’est comme si ces drones protégeaient Israël alors qu’il poursuivait le génocide de notre peuple.

Une conversation en famille

« Chaque fois que j’entends un drone s’approcher, j’ai tellement peur », dit ma mère bien-aimée. « Mon cœur se met à battre rapidement et mon corps est froid. Je me demande qui il va tirer. Je suis toujours terrifiée à l’idée qu’il s’agisse d’un de mes enfants ou d’un membre de ma famille.

« Je me souviens que je n’ai pas pu étudier plusieurs fois à cause du bourdonnement des drones », ajoute ma cousine, Hala. « Ça me provoque beaucoup, surtout la nuit, j’espère qu’un jour ils quitteront notre ciel »

« D’une manière ou d’une autre, j’arrive à gérer le bruit », ajoute la cousine Nada. « Quand j’ai voyagé en Égypte quand j’étais enfant, la première chose que j’ai remarquée, c’est que je n’entendais pas les drones bruyants. Maintenant que je suis plus âgée, je supporte le bruit et leur présence, je m’y suis habituée. Ce qui ne me convient pas, c’est le meurtre, le bombardement.

« Les drones et les avions de guerre sont beaux la nuit, scintillants et brillants comme des étoiles et parfois éclairés en orange, mais ce qu’ils font est très laid », dit le cousin Mohammed, « J’espère qu’ils ne me tueront pas. »

Chaque fois que les drones s’approchent et que le son s’intensifie, Mohammed me dit qu’il a peur. Je lui mens : « Quand le bruit devient très fort, nous devrions être rassurés parce que nous ne serons pas bombardés. C’est bruyant parce que lorsqu’ils sont juste au-dessus de nous, les drones et les avions tirent sur ce qui se trouve devant eux, pas sur ce qui se trouve directement en dessous.

C’est quelque chose que je me dis depuis que je suis enfant, même si maintenant je me sens coupable de le dire à Mohammed, parce que je sais que ce n’est pas vrai. Si jamais un drone frappe, il ne saura jamais qu’il arrive.

Notre ciel périlleux

Que le ciel de notre planète est contradictoire ! Il accueille de si beaux oiseaux et des avions de ligne pour nous emmener autour du monde, mais c’est aussi le théâtre des armes les plus meurtrières du monde. Je me demande si le ciel de Vénus est plus clément. Où, sous ce ciel périlleux, les Palestiniens peuvent-ils aller ?

PS. Hossam Wail Abo-Shammallah, membre de We are not numbers, a enregistré une vidéo du son du drone. Écoutez-le avec vos écouteurs et imaginez que vous ne pourrez jamais les enlever.

(Traduction D et J)


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