On commémore aujourd’hui le 76ème anniversaire de la Nakba, la catastrophe, qui a abouti à transformer le peuple palestinien en peuple de réfugiés. 800 000 Palestinien.nes ont été expulsé.es de façon préméditée.
La guerre qui se déroule à Gaza depuis 221 jours est une continuation de la Nakba. Le bilan est effroyable : 35 000 mort.es, 10 000 disparu.es (dont 70 % de femmes et d’enfants), 1 700 000 déplacé.es et la plupart des bâtiments rendus inhabitables.
Tout a commencé avec un colonialisme de remplacement. Les colons sionistes ont créé dès le début du XXème siècle des institutions coloniales exclusivement juives.
La Nakba a débuté avec le plan de partage voté par l’ONU le 29 novembre 1947. Dans une première phase, avant même l’entrée en guerre des pays voisins, la quasi-totalité des 400 000 Palestinien.nes habitant « l’État juif » proposé par l’ONU avaient été expulsé.es. Le but était de créer un État juif ethniquement pur : un maximum de territoire avec un minimum d’Arabes.
Il n’y a plus de débat historique sur la guerre de 1948. Les historiens palestiniens ont d’entrée expliqué que leur peuple avait été victime d’un nettoyage ethnique soigneusement organisé. Ben Gourion a tout de suite lancé un mensonge tenace : « nous n’avons expulsé personne. Les Arabes sont partis d’eux-mêmes ». En 1988, avec l’ouverture des archives, tous les historiens israéliens, qu’ils soient sionistes ou antisionistes, ont confirmé la version palestinienne. L’historien Ilan Pappé explique que le plan Dalet (la lettre D en Hébreu) prévoyait l’expulsion de tous les Palestinien.nes et que ceux qui ont pu rester sont des miraculés.
Ce nettoyage ethnique a été accompagné d’un grand nombre de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité (Tantura, Deir Yassine …) commis aussi bien par la Haganah que par les groupes de l’extrême droite sioniste. Les Palestinien.nes avaient le choix entre l’exil ou la mort.
La « communauté internationale » s’est débarrassée de sa responsabilité majeure dans l’antisémitisme et le génocide nazi en en faisant payer le prix aux Palestinien.nes qui n’avaient rien à voir avec ces crimes européens.
Après 1948, le nouvel État d’Israël a interdit le retour des réfugiés palestiniens, violant délibérément la résolution 194 de l’ONU. Il a détruit les villages palestiniens, il a effacé les traces du peuple indigène. Il a prémédité la conquête des 22 % de la Palestine historique qui lui avaient échappé. Cette conquête en 1967 a provoqué un nouvel exode. L’UNRWA, l’office des Nations unies qui prend en charge les réfugié.es existe depuis 75 ans et 6 millions de personnes en dépendent pour l’alimentation, l’éducation et la santé. Le gouvernement israélien veut détruire l’UNRWA comme il veut détruire Gaza.
Une nouvelle étape de la Nakba s’abat sur l’ensemble du territoire palestinien occupé après 1967. Près de 900 000 colons se sont installés en Cisjordanie et à Jérusalem Est. Avec l’aide de l’armée, ils attaquent en permanence la population, détruisant ou occupant les maisons, dévastant les cultures, volant l’eau et organisant des pogroms comme à Huwara.
Gaza était déjà, avant le 7 octobre, une prison à ciel fermé, bouclée par terre, par mer et par air, où l’occupant bombardait régulièrement la centrale électrique, la station d’épuration des eaux, les fermes à poulets … La guerre génocidaire actuelle cherche à provoquer une nouvelle expulsion de masse.
Consulté dans sa prison des années avant sa libération, Nelson Mandela avait énoncé 3 conditions non négociables pour faire la paix : – L’Afrique du Sud est une et indivisible. – Une personne = une voix. – La reconnaissance que l’apartheid est un crime.
Toute paix juste au Proche-Orient passe par la reconnaissance de la Nakba et par le fait qu’elle constitue un Crime contre l’Humanité qu’il faut réparer.
Liberté, égalité des droits, retour des réfugiés !
Le droit international doit enfin être appliqué à la Palestine. Cela implique la fin de l’apartheid en Israël, la pleine égalité des droits de tous les citoyens et la reconnaissance du caractère criminel du sionisme. La Nakba ne sera jamais légitime.
La Coordination nationale de l’UJFP, le 15 mai 2024