La guerre supposée se terminer dimanche restera dans l’histoire comme la Première Guerre kahaniste. Elle est profondément différente de toutes les guerres menées précédemment par Israël.

La seule guerre à lui ressembler était celle de 1948, qui a causé la Nakba, mais les motivations en étaient différentes. C’était une guerre pour la création d’un État juif ; celle-ci est une guerre pour l’établissement d’un État fasciste.

L’État de Kahane s’est développé en Israël. La mollesse criminelle de Benjamin Netanyahou l’a rendu possible. Ce n’a pas été le seul fait des partis néo-nazi d’extrême-droite : ce fut, par-dessus tout, le propre parti du premier ministre, le Likoud, qui a porté le kahanisme au pouvoir.

C’est la guerre à Gaza  qui illustre le mieux le profond changement qui s’est produit en Israël. À peu près tout ce qui a eu trait à cette guerre était destiné à apaiser l’extrême droite fasciste, raciste, pro-transfert de population ; et l’esprit du kahanisme a pris le contrôle de ses objectifs et de sa conduite. Il ne s’est pas seulement agi de l’ampleur de la cruauté de l’armée ; c’était, par-dessus tout, la façon dont la cruauté a été traduite en valeur dans l’ensemble de la société israélienne, en opportunité, en atout, en miracle. Une cruauté comme une chose dont être fier, à laquelle aspirer, dont se vanter et à exhiber.

Dans ses précédentes guerres, aussi, Israël a commis des actes haineux. Il a parfois essayé de nier, de cacher et de mentir et parfois il a même admis ces actes et en a eu honte. Pas cette fois.

Cette fois-ci, le porte-parole de l’IDF  présente fièrement l’échelle de la destruction et du massacre, en les brandissant comme des réussites destinées à plaire à la droite kahaniste, qui est devenue le courant majoritaire.

Israël est devenu un État aspirant au massacre et à la destruction des Arabes, uniquement pour massacrer et détruire des Arabes. Il n’était pas comme cela, et il n’en tirait certainement aucune fierté. C’est un profond changement et nous allons lutter pour l’annuler. Il annonce un avenir de ténèbres.

Lorsque Meir Kahane est apparu, il est venu avec un parti néo-nazi de facture israélienne considérant les Arabes comme des chiens, au mieux. Israël a reculé devant lui. L’ethos du Mapaï de “On tire, on pleure” prévalait encore ici, parallèlement à l’absence de sectarisme du Likoud. Menahem Begin et aussi le premier gouvernement de Netanyahou l’ont préservé. L’effondrement a commencé avec le deuxième gouvernement Netanyahou et a atteint son apogée dans l’actuel. De tous ses crimes, celui-ci est le plus énorme et le plus impardonnable. La première étape a été celle de la légitimation et du blanchissement du fascisme.

Des voix jamais auparavant considérées légitimes ont infiltré la politique et les médias. Rapidement, elles ont été non seulement légitimées, mais elles ont été la voix des masses israéliennes ainsi que du gouvernement et de l’armée. À la radio et à la télévision, des gens ont dit ““Il n’y a pas d’innocents à Gaza” et ont parlé du droit (heureux) et du devoir de tuer tout le monde, avec autant de facilité que s’ils parlaient du temps qu’il fait.

De grands reporters ont manifesté des opinions qu’ils tenaient cachées lorsqu’ils ont réalisé que ce n’était pas seulement permis mais aussi bénéfique pour eux. D’Amit Segal et de Zvi Yehezkeli à Almog Boker, des fascistes sont nés. Un tel discours n’existait simplement pas en Israël auparavant et n’a aucune place en démocratie. En même temps, des voix anti-guerre ont été silenciées ; même la compassion et l’humanité ont été interdites. La prise de contrôle du débat public a été réalisée.

Pendant les longs mois qu’a duré la guerre, le kahanisme est devenu la voix dominante d’Israël et de son armée. Il n’y a plus eu de différence entre les commandants qui ont émergé du sol putride des colonies, et leurs homologues du « Bel » Israël : ils ont tous agi dans l’esprit de Kahane, sans exception et sans dissidents. Le but était de plaire à Betsalel Smotrich et à Itamar Ben-Gvir. Juste leur donner la mesure infinie du sang de leur désir.

Un deal pour les otages a été remis de mois en mois, Gaza a été complètement détruite, des zones entières ont été vidées de leurs habitants et des dizaines de milliers ont été tués, tout pour satisfaire l’esprit de Kahane et de ses représentants terrestres au gouvernement.

C’est une ironie de voir que la première guerre kahaniste se termine maintenant par le retrait de la coalition au pouvoir de Otzma Yehudit, dont le leader a déjà promis de revenir quand le génocide reprendra. Mais le bouleversement a déjà eu lieu, Ben Gvir et sa clique n’en ont plus aucun besoin. Netanyahou et le Likoud sont suffisamment kahanistes pour continuer à appliquer la vision de Kahane ; il n’est même plus la peine d’écrire « Kahane avait raison » sur les murs.

Traduction SF pour l’AURDIP

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