Le XXI siècle sera-t-il celui des déchets et du rebut des hommes ?

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Telle est la question essentielle que révèle l’actuelle pandémie, ses conséquences dramatiques pour les Femmes et les Hommes vivant dans les zones d’extrême pauvreté et, jusqu’alors, laissés aux marges de la visibilité politique.

Des angles morts très précisément.

Le récent appel au secours des résidents du foyer de la Sonacotra Romain Rolland à Saint Denis (93) résume – par la description clinique des conditions de vie imposées aux résidents, le processus général de la brutalité gouvernementale vis-à-vis des couches les plus pauvres de notre société.

Une brutalité sourde, constante depuis des décennies, consubstantielle à la construction des foyers Sonacotra (Société Nationale de Construction de logements pour les Travailleurs Algériens), créés par l’État, en 1956, en pleine guerre d’Algérie.

Politique coloniale de construction et de parcage des travailleurs algériens célibataires pour mieux les exploiter, les contrôler, les surveiller, les réprimer souvent…

Le foyer Romain Rolland est plus récent. Construit en 1971, mais toujours réservé aux travailleurs étrangers célibataires. Conçu avec les mêmes paramètres politiques d’exploitation, de contrôle et de répression si besoin.

Jamais entretenu, voué à une dégradation programmée et ainsi voué à tomber en ruine à moyen terme.

Ruines, bidonvilles, camps de fortune, squats et campements provisoires faits de déchets multiples, telle est la réalité politique et matérielle dans laquelle est contraint de vivre et de survivre un nombre de plus en plus grand d’hommes de femmes et d’enfants en France, en Europe, à ses frontières méditerranéennes.

Une politique globalisée du rebut, de la ruine, de l’ordure est érigée en norme banale avec, de surcroît, comme seul environnement, la violence policière, libérée de toutes les contraintes qui bornaient jusqu’à présent les frontières de ce que nous nommions communément l’État de droit.

Les appels qui nous parviennent de toute part – de France et des camps aux confins méditerranéens de l’Europe- ne nous disent rien d’autre : le mépris de l’Homme, sa réduction en déchets et, si nous n’y prenons pas garde, si nous ne nous organisons pas pour refuser cette sidération, nous marchons vers la déchéance de notre propre humanité.

C’est ce que nous dit cette pandémie mondiale.

Ce que nous disent les malheureux résidents du foyer Romain Rolland.

La Commission antiracisme politique, pour la Coordination nationale de l’UJFP,
le 27 Avril 2020.