ORIENT XXI > MAGAZINE > DOMINIQUE VIDAL > 17 SEPTEMBRE 2018
Le 16 juillet 2017, le président de la République prononce un discours à la commémoration du 75e anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv. Non seulement Emmanuel Macron avait invité le premier ministre israélien à cette cérémonie, non seulement il lui avait donné du « cher Bibi », mais, à la fin de son discours, il avait lâché : « Nous ne céderons rien à l’antisionisme, car il est la forme réinventée de l’antisémitisme. »
En Israël, on débat souvent avec passion du nazisme.
Le grand philosophe Yeshayahou Leibowitz, scandalisé par le comportement israélien après la Guerre des Six Jours, avait parlé de « judéo-nazisme ».
Plus récemment, l’historien Zeev Sternhell, pourtant sioniste a écrit : « en Israël pousse un racisme proche du nazisme à ses débuts ».
Dans la droite israélienne aussi, ce sujet est abordé. Nétanyahou confirme son amitié pour le dirigeant hongrois Viktor Orban alors que celui-ci a entrepris la réhabilitation du régime pronazi de l’amiral Horthy.
Et Moshé Feiglin, candidat malheureux à la tête du Likoud en 1995 avait à l’époque estimé que « le nazisme a permis de sortir l’Allemagne d’une situation de détresse pour l’amener à une situation fantastique sur le plan physique et idéologique ».
Alors, peut-on comparer sionisme et nazisme ?
Il y a une différence fondamentale : à Gaza, en trois grands massacres de 2008 à 2014, il y a eu environ 5 000 morts pour environ deux millions d’habitants. Ça s’appelle crimes de guerre, crimes contre l’humanité, utilisation d’armes interdites et il faudra que les responsables de ces crimes soient jugés.
Dans le ghetto de Varsovie, il y a eu 99% de morts. Ça s’appelle une extermination, un génocide. On ne peut pas comparer.
Il reste que sionisme et nazisme sont au départ des idéologies suprémacistes qui déclarent qu’un groupe humain a tous les droits et que les autres n’en ont aucun. Et que ces deux idéologies ont énormément écrit pour légiférer, pour identifier les privilégiés et pour exclure les autres des droits humains les plus élémentaires.
Mossa’ab Bachir est un jeune gazaoui. Il a été prisonnier politique et a connu les bombardements massifs. Son texte est extrêmement précis et rassemble minutieusement de multiples faits, étayés par d’abondantes notes. Il s’appuie sur ses nombreuses recherches de textes et de documents. Il dégage ainsi un noyau que nous devrions regarder en face : les traits communs aux constructions des suprémacismes.
Cet article est précieux pour comprendre comment les Palestiniens, depuis des décennies, ont été dépossédés de leur terre et privés de tout droit. C’est pourquoi nous le publions.
Par Jean-Guy Greilsamer, membre de l’UJFP.
Je suis né en 1946 dans une famille juive alsacienne et mes deux parents étaient rescapés du génocide nazi.
Toute ma famille était juive, et mes deux grands-pères, que je n’ai pas connus, étaient marchands de bestiaux.
Mes parents ont quitté l’Alsace en 1948 pour aller s’installer en Haute-Marne.
Ils parlaient entre eux, ainsi que ma grand-mère, le dialecte judéo-alsacien et évoquaient souvent des souvenirs de leur vie avant la seconde guerre mondiale.
Ils pratiquaient les grandes fêtes et cérémonies juives et j’ai baigné dans cette ambiance jusqu’à ma Bar Mitzva (à l’âge de 13 ans), que j’ai bien vécue – j’ai même traversé une phase où je me sentais croyant.
Par Pierre Stambul.
Le sionisme et l’opposition anticolonialiste en Israël.
État juif et démocratique ? Un État/deux États ?
Une société qui ne peut plus se réguler
En 1982, au moment du massacre de Sabra et Chatila, des centaines de milliers d’Israéliens étaient descendus dans la rue pour dénoncer ce crime contre l’humanité commis par les milices phalangistes avec la complicité active de l’armée israélienne. Le militant israélien Michel Warschawski avait l’habitude de parler d’une « petite roue » (les militant-e-s anticolonialistes) qui avait réussi à entraîner la grande (la masse des manifestant-e-s).
Par Xavier Guignard. Publié le 21 nov. 2017 sur le bog de Médiapart « La Palestine en questions ».
Le samedi 18 novembre, dans l’arène de l’émission d’On n’est pas couché, la présentation d’Utopia XXI, le dernier livre d’Aymeric Caron, a donné lieu à une ahurissante logorrhée du chroniqueur Yann Moix et de l’acteur Yvan Attal. Ils illustrent à merveille ce qu’il est possible d’asséner comme contre-vérités sur le sionisme et la création d’Israël en quelques minutes à la télévision française.
Le réalisateur israélien Eran Torbiner a enregistré les dernières scènes de militantisme de bundistes vivant en Israël. Ces bundistes n’ont jamais fait une aliya sioniste ; ils sont des émigrés, chassés de leurs pays d’origine, appartenant à la classe ouvrière. Ils n’ont pas eu d’autre choix, mais ils ont tenté d’adapter leur combat politique d’origine à leur nouveau pays de résidence, Israël.
Aujourd’hui, c’est le triste 69e anniversaire de la Nakba («catastrophe» en arabe) qui correspond à l’exil forcé de près d’un million de Palestiniens face aux massacres et spoliations territoriales perpétrés par les armées coloniales sionistes en 1948. L’occasion pour moi d’écrire sur un point fondamental et contemporain: la différence entre antisionisme et antisémitisme.
DÉCOLONISER LE SAVOIR
Le parlement israélien vient de voter le 6 février au soir une loi dite de « régularisation ». Cette loi rétroactive va permettre à Israël non seulement de légaliser les nombreuses implantations non autorisées, mais également d’accélérer la colonisation violente de centaines d’hectares de terres palestiniennes. De plus, depuis la nouvelle politique américaine du président Donald Trump et son soutien inconditionnel au gouvernement d’extrême droite israélien, le feu vert est donné à l’État hébreu pour poursuivre son projet colonialiste. Il est donc plus que jamais urgent de se saisir de ces questions et de dénoncer collectivement, et le plus largement possible, la politique sioniste qui tente de légaliser ses crimes qui vont à l’encontre de toute possibilité de paix juste en Palestine.
[VIDEO] Être Sioniste & Antisémite
24 MARS 2017 PAR YASSER LOUATI
L’alliance contre nature des partis d’extrême droite et mouvements néonazis avec les organisations sionistes pourrait surprendre. Mais à y regarder de plus près, cette convergence s’est faite sur fond d’islamophobie et contre l’émergence d’un État palestinien indépendant. Cette analyse revient sur les prises de position des lobbies pro-israéliens qui alimentent l’antisémitisme
Selon Manuel Valls, l’antisionisme est « tout simplement le synonyme de l’antisémitisme et de la haine d’Israël ». Prononcée le 7 mars lors du dernier dîner annuel du Crif (Conseil représentatif des juifs de France), organisme principalement dédié à la défense des gouvernements israéliens successifs auprès des autorités françaises, cette accusation vise à faire peser un soupçon indistinct d’infamie sur les mouvements de solidarité avec les Palestiniens. Voire à les criminaliser, comme on le constate avec la pénalisation des appels au boycott des produits israéliens en provenance des territoires occupés.