Comment l’antisionisme vient aux jeunes immigrants (pas tous)

Lettre d’un objecteur de conscience israélien que j’ai traduite parce qu’elle reflète d’une certaine manière la sortie du sionisme à partir de l’enrégimentement et du lavage de cerveau auxquels sont soumis de jeunes immigrants convaincus par l’Agence Juive de faire leur aliyah.

SF

Je suis « D ». Je suis un objecteur de conscience israélien de 25 ans. Je ne me sens pas à l’aise pour donner mon nom mais je veux partager mon histoire avec vous. J’ai déjà passé 5 jours en état d’arrestation sur une base de l’armée israélienne et 14 jours dans une prison militaire parce que je refuse de servir dans l’armée israélienne. Certaines personnes pourraient dire que je suis un traitre. Après tout, depuis que j’ai immigré dans ce pays voici deux ans quand j’étais un gosse, on m’a tellement donné. Et certains pourraient dire que je les poignarde dans le dos alors que maintenant c’est mon tour de donner quelque chose en retour. Bon, ce n’est pas aussi simple et si tu as une minute, je peux te dire pourquoi.

Comme beaucoup d’immigrants juifs qui se sont installés entre le Jourdain et la mer, ma vie n’était pas simple dans mon pays d’origine. Je vivais dans une famille dysfonctionnelle, dans un pays dysfonctionnel et je fantasmais sans arrêt sur comment sortir de cette souffrance. Aussi, lorsque les gens de l’Agence Juive m’ont approché, visage souriant et les poches pleines, j’ai décidé de les suivre. 

Ils m’ont mis dans le pensionnat d’un kibboutz (village communautaire), où j’ai rejoint des floppées d’autres jeunes comme moi, amenés en Israël sans leur famille, de partout dans le monde. Dans la vie apparemment parfaite du kibboutz, on nous a appris l’hébreu et endoctrinés à partir du narratif et des valeurs sionistes.

Dans la bulle dans laquelle j’ai vécu pendant ces années, je n’ai jamais rencontré un Palestinien et les enseignants évitaient opportunément de parler de certains sujets, par exemple de ce qui s’était réellement passé en 1948 ou de ce qui arrive aujourd’hui tout autour de nous. Je ne me rendais pas du tout compte que j’étais en fait « éduqué dans l’ignorance, l’indifférence et la haine. 

Mais après avoir déménagé à Jérusalem, cette illusion dans laquelle je vivais n’a pas tenu longtemps, parce qu’en dépit de tous les efforts des Israéliens pour cacher la réalité, il leur est impossible de faire disparaître les centaines de milliers de Palestiniens qui vivent dans cette ville sous oppression ou de cacher le mur de ségrégation que je vois tous les jours. 

Mon incorporation se faisant de plus en plus proche, des voix se sont élevées dans ma tête. Je réalisais que l’hypocrisie de la société israélienne me posait un problème ; parce que je devais admettre que je m’étais trompé pendant toutes ces années. Je devais réaliser que toute la richesse dont j’avais joui était fondée sur le pillage de la terre d’un peuple innocent.

Me libérer des chaînes mentales de l’apartheid en tant que membre de l’oppresseur a été un processus douloureux. Les sionistes vous lavent le cerveau pour que vous pensiez qu’Israël est le perdant et ils vous font croire que la seule façon d’exister pour les Juifs est d’avoir un État juif et ils vous font croire que les Palestiniens sont en quelque sorte des êtres humains inférieurs et barbares qu’il faut garder en cage au risque qu’ils ne se révoltent et vous tuent. 

Mais une fois que j’ai appris ce qu’il en est, je ne pouvais pas revenir en arrière. J’ai finalement perçu la vérité et démasqué les imposteurs cyniques qui m’avaient amené ici. Ils ne voulaient pas m’aider, ils ne voulaient que ma présence juive. 

Mais, enivrés par tout leur pouvoir et projets, ils n’ont pas pensé à un détail très important. Ils traitent les gens comme des objets, tuant des Palestiniens et faisant du lavage de cerveau auprès des enfants. Ils pensent qu’ils peuvent nous donner des ordres et que nous les suivrons comme des robots. Mais nous ne sommes pas des robots, nous sommes des êtres humains ! Tous leurs tanks et armes nucléaires ne signifient rien parce qu’ils sont bien peu de choses face à ce qui les menace le plus : la pensée humaine.

Aujourd’hui l’avenir paraît sombre. Ils me traient comme un ennemi et un traitre pour mon soutien aux droits humains et à la solidarité. Je fais partie de ceux qui ont de la chance, car au lieu d’être indéfiniment incarcéré comme des centaines de Palestiniens en détention administrative, mon temps d’emprisonnement va finalement prendre fin. Mais toute leur violence et leur oppression ne sont que le signe de leur peur et de leur faiblesse. Parce qu’ils savent que la démocratie conduit à leur disparition en douceur. C’est pourquoi ils vont chacun et tous nous persécuter. Mais en ces temps obscurs nous nous rappellerons les mots de Pablo Neruda : « Ils peuvent couper toutes les fleurs mais ils ne peuvent empêcher le printemps d’arriver ».

Solidairement

D.

Traduction SF pour l’UJFP

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