Abu Amir, le correspondant de l’UJFP à Gaza, le 23 novembre (au téléphone)

  1. Pas de cessez-le-feu

L’armée israélienne a arrêté hier le directeur de l’hôpital Shifa. Ordre lui avait été intimé de partir vers le sud. Mais à la hauteur de Netzarim 1, l’armée, qui a installé là un check-point, l’a arrêté.

Le Hamas a alors stoppé les pourparlers.

  1. C’est l’armée israélienne qui contrôle au moins à “Netzarim”.

C’est l’armée israélienne qui contrôle les points de passage obligés pour les déplacés cherchant à rejoindre le sud de la bande. Les Palestiniens rapportent le vol d’argent, de vêtements… “ il faut s’y présenter sans rien ! “

  1. Donc continuent aujourd’hui de fortes attaques aériennes
  2. La distribution de tentes a commencé pour des écoles de Nuseirat abritant les déplacés

Cette distribution est réalisée par une équipe de travail composée de quatre personnes : Mon fils, Ismail, qui est coordonnateur sur le terrain et travaille officiellement sur les projets d’une ONG gazaouie. Il y a aussi une deuxième personne de notre équipe de soutien psychologique qui vit dans la même région Nuseirat, et il y a mon autre fils Amir qui a déjà travaillé avec nous pendant la guerre de 2021 en partenariat avec le Centre Ibn Sina et qui a une grande expérience dans le travail humanitaire, et enfin un nouvel ami.
C’est l’équipe de travail et on peut l’appeler l’équipe d’urgence pour la région centrale, qui comprend Al-Nuseirat – Al-Bureij – Deir Al-Balah – Al-Maghazi. L’équipe travaillera pendant la guerre dans la région de Nuseirat, mais pendant la trêve, les travaux s’étendront aux trois autres zones.

Le problème auquel l’équipe est confrontée est le transport en raison du manque de carburant. Ils utilisent maintenant le transport par des carrioles tirées par des ânes.

Il y a deux types d’écoles, les écoles de l’UNWRA et les écoles « citoyens » (au sens de non-réfugiés)). Malgré l’extrême difficulté de déplacement (il ne reste plus guère de possibilité que la marche à pied et les carrioles à ânes), l’équipe a réussi à atteindre une première école de l’UNWRA. Ils se sont alors heurtés au refus du directeur de les laisser entrer : pas de distribution d’aide à l’intérieur des écoles de l’UNWRA (remarque : cette consigne avait déjà été donnée lors du bombardement précédent). Vous pouvez distribuer de l’aide, mais cela doit avoir lieu à l’extérieur de l’école. L’équipe est alors allée vers une école « citoyens », et là ils ont pu agir avec le plein accord du directeur. Quinze (15) tentes ont été installées dans cette première école.

En fait, les écoles étant plus que pleines, de nombreuses familles sont entassées juste au dehors, contre le mur, donc l’équipe a également distribué là, avec comme critère, le nombre d’enfants à mettre à l’abri.

L’un des problèmes de la zone centrale, donc de Nuseirat, c’est le renchérissement très important des prix. Alors les familles ne peuvent rien acheter. Le directeur de l’école a demandé à l’équipe de considérer la possibilité d’apporter des vêtements, des chaussures, des couvertures, des matelas…

L’équipe pense commencer par chercher où peuvent se trouver des stocks, en recherchant les propriétaires des nombreux magasins fermés, pour voir avec eux ce qu’ils pourraient avoir en stock.

  1. Pouvoir entrer à Gaza ?

L’ambassade au Caire a laissé entendre que les Gazaouis déjà présents à Al Arish ou aux environs pourraient être admis vendredi, ceux présents au Caire, samedi.

La famille d’Abu Amir fait tout son possible pour l’en dissuader : « nous, on a une chance, même très faible, de pouvoir sortir, mais toi, si tu entres, tu ne pourras jamais ressortir ! ».

Mais je veux rentrer, dit Abu Amir.

Sa famille a dressé le portrait suivant :

Pas de nourriture, pas d’eau, même pour les toilettes, pas de couvertures ni matelas, tout est allé aux familles réfugiées chez nous, impossibilité de se déplacer autrement qu’à pied ou avec un âne… sans compter la difficulté et le prix (500 ILS) pour faire le trajet Rafah – Nuseirat.

Mais je vais rentrer, répète Abu Amir.

Il résume :

«  L’équipe travaille vraiment bien ! Ils veulent se tourner vers ce que le directeur de la première école leur a demandé ».

(Traduction SK)


Note-s
  1. Nom de la colonie, qui comptait 60 familles et qui fut la dernière de la bande de Gaza à être évacuée en août 2005 conformément au plan de désengagement, actuellement réutilisé par l’armée israélienne.[]