Dans une nouvelle étude parue mardi 25 novembre, l’Institut Max Planck de recherche démographique estime à au moins 100 000 le nombre de victimes directes de l’armée israélienne depuis le mois d’octobre 2023. La barre franchie est très forte symboliquement, alors que l’étude exclut pourtant toutes les morts indirectes du génocide.
Le 1er décembre 2025.
Les travaux ont été menés par une institution allemande, référence scientifique dans le pays. Son nom est l’Institut Max Planck pour la démographie. Dans sa dernière étude sur les victimes du génocide dans la bande de Gaza, les chercheurs sont arrivés à cette conclusion : plus de 100 000 Palestiniens ont été assassinés par l’armée israélienne depuis le mois d’octobre 2023.
Les chiffres ont été obtenus grâce à des analyses basées sur un modèle statistique qui prend en compte ce que l’on appelle les “incertitudes liées aux données”. Pour ce faire, de nombreuses sources ont été mobilisées à l’instar du ministère de la Santé gazaoui, de B’Tselem ou encore les données du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).
Cette étude est en réalité une mise à jour d’une précédente analyse déjà publiée par l’Institut, qui se concentrait sur la période du 7 octobre 2023 au 31 décembre 2024. Sur cette première plage temporelle, le bilan s’élevait à 78 318 victimes de l’armée israélienne. Dans la nouvelle, prolongée jusqu’à la date du 6 octobre 2025, le chiffre dépasse la barre des 100 000 morts.
Analyser l’espérance de vie
Un des enseignements de cette nouvelle étude réside dans les travaux autour de l’impact du génocide sur l’espérance de vie des Gazaouis. Les chercheurs ont déclaré : “En raison de cette mortalité sans précédent, l’espérance de vie à Gaza a chuté de 44 % en 2023 et de 47 % en 2024 par rapport à ce qu’elle aurait été sans la guerre, ce qui équivaut à des pertes de 34,4 et 36,4 ans, respectivement ».
Une baisse drastique et absolument terrible de l’espérance de vie a donc été remarquée par les chercheurs et pointée dans l’étude. Les travaux des chercheurs ont aussi mis en évidence une répartition de la mortalité en fonction de l’âge et du genre qui apparaît cohérente avec les mesures prises dans d’autres génocides par l’UNICEF.
L’analyse de la baisse de l’espérance de vie et les projections statistiques établies avec ces nouvelles données ont permis aux chercheurs de l’Institut Max Planck de déterminer ce nouveau chiffre de plus de 100 000 morts.
Des chiffre sous-estimés
Si le chiffre présenté par cette nouvelle étude est déjà largement supérieur aux estimations du ministère de la Santé de Gaza, il resterait nettement sous-estimé, de l’aveu même des auteurs de l’étude : “Nos estimations de l’impact de la guerre sur l’espérance de vie à Gaza et en Palestine sont significatives, mais ne représentent probablement qu’une limite inférieure du fardeau réel de la mortalité. Notre analyse se concentre exclusivement sur les décès directs liés au conflit. Les effets indirects de la guerre, qui sont souvent plus importants et plus durables, ne sont pas quantifiés dans nos considérations.”
Le bilan du génocide dans l’enclave palestinienne est donc extrêmement lourd, et continue de grandir puisque l’armée israélienne poursuit ses exactions malgré le cessez-le-feu entré en vigueur il y a déjà plus d’un mois et demi. Ce lundi encore, quatre Gazaouis ont été tués par l’armée israélienne, d’après la Défense civile palestinienne.



