Une lettre de ECCP (Coordination européenne des comités et associations pour la Palestine)

Une lettre de La Coordination européenne des comités et associations pour la Palestine (CECP) (en anglais l’European Coordination of Committees and Associations for Palestine ou ECCP).

Chers Ministres des Affaires Étrangères des États membres

Nous vous écrivons avant la réunion du Conseil des Affaires Étrangères du 11 décembre.

Il est profondément troublant qu’une rencontre entre le Premier ministre d’Israël, Benjamin Netanyahou, et les ministres européens des affaires étrangères soit prévue à Bruxelles le 11 décembre dans ce qui serait le premier événement de ce genre depuis 1995.

Depuis 2012, les réunions de ministres UE-Israël ont été suspendues. Et l’UE a considéré que depuis cette date le contexte était défavorable à la reprise du processus de réunions. Le contexte n’est pas plus favorable aujourd’hui, au contraire la situation a dramatiquement empiré.

L’État d’Israël persiste à refuser de faire face à ses graves violations du droit international et à ses abus contre les droits humains, dont :

• Les crimes de guerre commis à Gaza ;

• L’acquisition de territoires par la force et la colonisation de ces territoires par des colonies illégales (il est à noter dans ce contexte que plusieurs ministres israéliens sont eux-mêmes des colons illégaux) ;

• L’arrestation et la torture de mineurs ;

• Le processus illégal de détention administrative (emprisonnement sans procès) et d’autres violations répétées des droits des prisonniers politiques palestiniens ;

• La politique de transfert forcé de populations, en particulier dans la « zone C » et notamment dans la Vallée du Jourdain ;

• Les attaques continuelles et qui augmentent, les arrestations de défenseurs des droits humains des Palestiniens ;

• Les démolitions de bâtiments d’habitation, de commerce et agricoles, d’infrastructures, dont certains financés par l’UE ;

• Le refus aux Palestiniens d’exercer leurs droits à l’autodétermination ;

• Le refus aux réfugiés palestiniens d’exercer leur droit au retour garanti par le droit international ;

• La discrimination permanente contre les citoyens palestiniens d’Israël ;

• Les provocations continues contre les Palestiniens et les autres minorités, de la part de représentants de premier rang, dont des ministres, et les provocations officielles et les attaques contre les organisations de la société civile en Palestine et en Israël.

Tout ce qui précède montre clairement qu’Israël continue, en toute impunité, de fouler aux pieds « les droits humains et les principes démocratiques » dont on dit qu’ils sont « un élément essentiel » de l’accord d’association UE-Israël, ainsi que stipulé dans son article 2.

De plus, des ministres du gouvernement israélien ont proféré des menaces de violence physique contre des citoyens de l’UE qui prônent dans la non-violence le Boycott, le Désinvestissement et les Sanctions (BDS) comme moyen de contraindre Israël à se plier au droit international. Comme l’a noté Amnesty International, « une déclaration particulièrement alarmante est venue du ministre israélien des Transports, du Renseignement et de l’Énergie atomique, Yisraël Katz, qui a appelé Israël à procéder à des « éliminations ciblées de leaders de BDS, avec l’aide des services de renseignement israéliens ». Des nombres croissants de gens, dont beaucoup viennent d’Europe, se voient refuser l’entrée en Palestine et/ou Israël par les représentants israéliens ; parmi eux se trouvent des personnes qui font partie des projets financés par l’UE dans les territoires palestiniens occupés.

Au vu de ce qui précède, accueillir et prendre part à une réunion avec le premier ministre d’Israël – le personnage sur lequel repose la responsabilité ultime des crimes sus mentionnés- sera vu comme une contribution de l’UE à la légitimation officielle et à la normalisation des violations systématiques du droit international, du droit humanitaire international, du droit des conflits armés et des droits humains collectifs, qui ont fini par faire partie intégrante de la politique d’Israël.

L’Union Européenne a critiqué de façon répétée la construction de colonies par Israël, son usage disproportionné de la force et ses nombreuses autres violations du droit international. Malgré ce, le gouvernement israélien a refusé de mettre fin à ces pratiques illégales et a refusé de se plier à ses obligations en vertu du droit international.
Nous vous exhortons à accorder vos mots et vos actions de principe et à annuler la réunion à venir avec Netanyahou.

Étant donnée la gravité et la détérioration croissante de la situation des Palestiniens vivant sous le régime israélien, nous croyons qu’il est vital de démontrer que des brèches dans le droit international ont des conséquences, à la fois dans les relations diplomatiques et politiques et dans le champ des accords scientifiques et économiques.

Il est temps pour l’UE de montrer son engagement pour les droits humains et pour les principes démocratiques en appliquant des mesures restrictives envers Israël, notamment par la suspension de l’Accord d’Association, afin de démontrer qu’elle est sérieuse dans sa demande à Israël de se plier au droit international.

Nous vous exhortons donc, en tant que ministre des Affaires Étrangères de VOTRE ÉTAT, à refuser d’assister à cette réunion avec le premier ministre d’Israël le 11 décembre et à faire en sorte qu’elle soit purement et simplement annulée par le Conseil des Affaires Étrangères.

Nous vous serions obligés de bien vouloir nous informer de la position que le Ministère des Affaires Étrangères entend prendre à propos de la réunion à venir.

Sincèrement vôtre

Michel Legrand

President 
ECCP

Traduction SF pour l’Agence Media Palestine

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