Par Michel Ouaknine.
Vendredi soir un bandeau apparaissait en bas de mon téléviseur branché sur France Info: « Un Palestinien tué par Israël au cours d’un affrontement à Gaza »…
Des affrontements ? Quels affrontements ? Renseignement pris il s’agissait de la manifestation pacifiste du vendredi qui rassemble des milliers de manifestants pour leur droit au retour dans les villages d’où leurs parents et grands-parents ont été chassés. L’ « affrontement » en question se présente toujours de la même façon : des manifestants qui protestent, crient et agitent des drapeaux à quelques centaines de mètres de la barrière de séparation et, de l’autre côté de celle-ci, des soldats, plus précisément des tireurs d’élite qui « font des cartons » en visant volontairement les jambes avec des balles capables de percer des petits blindages.
Non contents de faire des handicapés, parfois aussi, ces « tueurs d’élite » assassinent volontairement. C’était le cas le weekend dernier quand l’un de ces « snipers » (ou leur officier) a pris la décision de tuer « un Palestinien », c’est-à-dire quelqu’un qui vit à Gaza, qui a des parents, des amis, parfois c’est même un jeune papa. Cette fois c’est un adolescent de 16 ans, Fahed Mohammed Walled Alasttal, qui a été froidement abattu à l’est de Khan Younès.
Ce nom, Alasttal, nous est familier: c’est le même que celui d’Iyad, le cinéaste qui est à l’origine de la tournée en France en mémoire de Razan El-Najjar il y a un an, celui qui a fait venir en France des jeunes amputés de Gaza pour jouer des matches de foot contres des équipes d’handicapés français l’été dernier et celui que nous venons de recevoir le mois dernier nous présenter 6 mois de production de Gaza Stories. Fahed était le cousin d’Iyad.
Iyad nous a fait parvenir ces 2 photos de son cousin Fahed.
Un très jeune homme nous regarde, l’air décidé, tranquille, droit et franc. Il est habillé comme ceux de son âge d’un T-shirt et d’un pantalon de survêtement.
Sur l’autre photo, Fahed s’entraine à la fronde. C’est la version inversée du petit David affrontant l’énorme machine de Tsahal. Un ado qui lance des pierres à des soldats armés de leur carabine « Barak » (éclair en hébreu), la HTR .338, monstre capable de tuer avec précision jusqu’à plus de 2000m et qui propulse une balle de de 20g à une vitesse de 3 600km/h, une énergie suffisante pour faire éclater des os ou prendre la vie d’un garçon et broyer la vie de toute une famille. Tout comme elle nous brise le cœur.