Témoignage poignant de Gaza, le 12 février 2024 : les gens cherchent à fuir les bombardements, mais ne savent pas où aller

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(par téléphone et par WhatsApp)

Actuellement, il y a des bombardements sévères tout au long de la bande de Gaza.

Hier, il y a eu des tirs sur l’école où sont réfugiés les paysans de la zone Abu-Taïma Abassan. Par des tanks, mais aussi appuyés par des tirs de snipers. Il y a deux morts et 50 blessés.

Alors aujourd’hui les paysans ont réussi à s’échapper de l’école où ils étaient assiégés, ils sont partis en face de la mer (sur la côte de Khan Younis). Ils ont juste trouvé une place où s’arrêter, ils n’ont aucun abri. Comprenez bien qu’il s’agit d’un grand nombre de personnes. Je vais les visiter demain matin et voir avec eux ce qu’il serait possible de faire. Je vous dit aussitôt.

Que faire ? On avait envisagé il y a une semaine, s’ils pouvaient venir à Rafah, des structures en bois et une couverture plastique – mais nous n’avions pas trouvé de donateurs pour ces couvertures. Rafah est maintenant un endroit très dangereux. Il faudrait avoir un peu de visibilité avant d’engager des dépenses, mais justement nous n’avons pas cette visibilité.

Les gens sont en train de s’échapper en masse de Rafah, vers Nusseirat et Deir-al-Balah. Hier (dimanche) et aujourd’hui, nous avons servi les repas dans notre zone d’al Mawasi. Quand je suis revenu vers Nusseirat, j’ai vu une quantité de camions, chargés. J’ai demandé où ils allaient, ils m’ont dit à Deir-al-Balah, et après on cherchera une place où s’arrêter.

Et effectivement on voit maintenant des « tentes » des deux côtés de la route. Est-ce qu’on va se retrouver avec tout Gaza en zone médiane ?

Netanyaou ne sait pas ce qu’il veut faire, les gens ne savent pas où aller. On ne comprend rien – mais les bombardements continuent partout dans le bande de Gaza. Les gens cherchent à fuir, mais ne savent pas où aller !

Avec l’augmentation de la fréquence des bombardements dans toutes les zones de Rafah depuis plus de deux semaines, les réfugiés observent avec prudence l’accélération des conditions dans cette petite zone qui compte plus d’un million de personnes. Au cours des deux derniers jours, l’occupation a intensifié ses attaques dans cette zone bondée de personnes déplacées, tuant plus d’une centaine de personnes lors d’une opération de sauvetage d’otages dans la zone d’Al-Shaboura dans la ville de Rafah. Cette opération, au cours de laquelle l’occupation a réussi à libérer deux otages, donnera à l’occupation une excuse pour envahir Rafah après que la communauté internationale a refusé à l’occupation d’entrer dans la ville de Rafah en raison du grand nombre de personnes déplacées qui s’y trouvent, pour une sécurité qui n’existe plus dans toutes les parties de la bande de Gaza.

Lors de notre retour de notre travail dans la zone de Mawasi Rafah, où nous fournissons des repas aux personnes déplacées, nous avons constaté une forte affluence vers le nord, et le voyage de retour vers Nuseirat nous a pris plus de deux heures, alors que cette route nous prend habituellement une vingtaine de minutes, et ce parce que les personnes déplacées fuient vers Deir al-Balah et Nuseirat.

Nous suivons attentivement la situation sur place et agirons en fonction de l’évolution de la situation sur le terrain.

Quant à la ville de Khan Yunis, l’occupation a détruit des centaines de maisons, d’écoles, de cliniques et certains hôpitaux, entraînant le déplacement de la plupart de ses habitants. L’occupation ne s’est pas limitée à cela, mais a également visé des écoles remplies de personnes déplacées qui ont été informées par l’UNRWA qu’elles étaient en sécurité, alors que c’est le contraire qui s’est produit. Hier soir, des chars ont bombardé l’école de familles d’agriculteurs avec un obus, tuant deux personnes et blessant cinquante personnes des familles d’agriculteurs qui étaient en sécurité à l’intérieur de l’école. Aujourd’hui, l’école a été complètement évacuée et ces familles croupissent depuis cet après-midi dans une zone située au bord de la mer de Khan Yunis, au milieu du froid et à l’air libre.

Demain matin, nous nous rendrons dans la zone de Khan Yunis où se trouvent les familles de fermiers, pour leur apporter de l’aide et faire le nécessaire pour eux.

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