Témoignage de Gaza (8)

Bloquée à Gaza.

Les Egyptiens enferment Gaza – pas d’ouverture depuis trois semaines- , le Hamas verrouille la sortie de Gaza ; dires de gazaouis, dans les airs et dans la mer, ce sont les Israéliens qui nous attendent, très souvent j’ai entendu ici que Gaza était un volcan.

Notre présence, forcée maintenant, nous oblige à prendre un tournant dans la forme de notre engagement, d’autant que les paysans ne nous appellent plus et que nos actions militantes sont centrées sur le soutien quotidien aux prisonniers en grève de la faim. La vie quotidienne s’organise ou plutôt continue de se désorganiser ! autour des centres d’intérêt et de curiosité de chacun car on ne peut pas au bout d’un mois et demi passer son temps de meetings en interviews ponctué par l’attente et l’absence de rythme, à Gaza par exemple il n’y a pas d’heure pour manger, c’est en général un seul repas par jour qui n’a pas d’horaire.

Le circuit de l’argent

D’abord la monnaie de Gaza est celle d’Israël, le Shekel/ NIS et après l’élection de 2007 – du Hamas-, Israël a empêché la circulation de l’argent hors de Gaza.

Il n’y a pas de mouvement bancaire de Gaza vers l’extérieur ou inversement des autres pays vers Gaza.

Comme il n’y a pas de liberté de circulation pour les gazaouis, il n’y a pas de circulation de l’argent, de possibilité d’échange économique.

La banque à Gaza est une armoire avec des tiroirs dans lesquels on range l’argent qui ne bouge pas et dans ces tiroirs il n’y a plus de place pour ranger d’autres billets pour ceux qui en ont.

A Gaza quand on fait des courses, quand on prend le taxi, quand on va au café, difficile d’avoir un commerçant un taxiteur qui accepte de vous faire de la monnaie, alors que toute la journée ils ont des clients qui leur en donne, on peut se demander où passe cet argent…: il est amassé et gardé.

Il y a un problème de liquidité et de circulation de l’argent qui constitue un élément, des éléments d’une crise qui se produit chaque fois avant et après le ramadan avec la fête de l’Aïd.

Ci-dessous extrait des dernières informations qui reflète l’imbroglio administratif dans lequel la vie des gens s’inscrit ici.

Les fonctionnaires employés par le Hamas dans la bande de Gaza sont en colère. Ils n’ont pas pu retirer leurs salaires, et les banques ont été fermées. Depuis que l’Egypte a bloqué les tunnels de contrebande à la frontière, le gouvernement du Hamas faisait face à une crise de liquidités depuis plusieurs semaines, et était dans l’impossibilité de les payer.

Le gouvernement d’union nationale formé, ces fonctionnaires espéraient bien que la situation changerait.

“La banque a été fermée aujourd’hui et comme vous pouvez le constater, la police et les forces de sécurité dans la bande de Gaza empêchent les banques d’ouvrir leurs portes et les gens de pouvoir retirer leurs salaires.”

“Les banques sont fermées, et même si les salaires sont arrivés, elles refusent de nous les donner. Nous leur avons demandé pourquoi ? Nous voulons nos salaires. Ils ont dit que l’accord était intervenu seulement hier et qu’on serait payé le mois prochain.”.

Le gouvernement d’union nationale est entré en fonction lundi, et rien n’est encore en place. Depuis 2007, 70 000 fonctionnaires de la bande de Gaza ont continué à être payés par l’Autorité palestinienne et 40 000 environ par le Hamas.

Hamas-Fatah

Le Hamas a demandé jeudi au nouveau gouvernement d’union palestinien de payer ses fonctionnaires, à la suite d’échauffourées entre des employés mécontents devant des banques de la bande de Gaza.

Cette requête illustre les premières difficultés auxquelles est confronté le gouvernement d’union palestinien qui a prêté serment lundi, après l’accord de réconciliation du 23 avril scellant la fin de la division politique remontant à 2007 entre la Cisjordanie, dont l’Autorité palestinienne administre les zones autonomes, et la bande de Gaza dirigée par le Hamas et sous blocus israélien.

Des bagarres ont éclaté tard mercredi soir dans la bande de Gaza lorsque des fonctionnaires du Hamas ont tenté d’empêcher ceux de l’Autorité palestinienne de retirer leurs salaires. Les forces de sécurité du Hamas sont intervenues, fermant les distributeurs, afin de ramener le calme, selon des témoins.

« Ce qui s’est produit dans les banques résulte de la colère d’employés discriminés et privés de leurs salaires », a expliqué un porte-parole du Hamas à Gaza, Sami Abou Zouhri.

« Le nouveau gouvernement doit prendre ses responsabilités pour tous, et ne pas mettre en œuvre des mesures qui ramèneront les divisions passées », a-t-il averti.

L’Autorité palestinienne avait versé mercredi, comme à l’accoutumée, les salaires de ses fonctionnaires basés dans la bande de Gaza. Mais les 50 000 fonctionnaires du Hamas ne sont pas, eux, inscrits sur les registres de paie de l’Autorité palestinienne.

Exsangue financièrement, le Hamas est incapable depuis plusieurs mois de payer régulièrement ses fonctionnaires, et ces derniers espéraient pouvoir être payé par l’Autorité palestinienne immédiatement après l’accord de réconciliation.

L’Autorité palestinienne, basée à Ramallah, a affirmé pour sa part qu’elle « étudierait » la possibilité de payer les fonctionnaires du Hamas.

« Le budget pour les salaires de ce mois (de mai, ndlr) a été préparé avant l’accord de réconciliation », a expliqué à Ramallah le porte-parole du gouvernement Ihab Bseisso.

« Il y a de nombreuses procédures techniques que le ministre des Finances doit étudier, et les commissions financières et juridiques doivent se réunir pour examiner ce problème », a-t-il précisé.

On peut se dire que la question de l’ouverture de Rafah s’inscrit dans le même imbroglio, mais cette fois-ci avec les égyptiens qui bloquent la sortie…

Avec l’accord de qui ? C’est une bonne question, puisque ce coup d’état militaire suivi d’une élection avec 47% de participation a tout de même été soutenu par nos gouvernements ainsi que les USA.

Donc ici je m’inscris totalement dans le projet Threads dont j’ai parlé dans le dernier bulletin car les séances reflètent échange, participation, énergie, rêve, collectif au nom de chacun et espoir qui pour moi s’inscrivent dans la nécessité d une des dimensions du politique.

Simplement je suis sortie ce matin pour retirer de l’argent car ne savais pas, bien sûr, que je serai encore là et j’ai trouvé tous les distributeurs verrouillés…

Comme chaque gazaoui ici il va falloir que je me débrouille avec une solution d’adaptation à la situation…et ce matin ce sont des tirs de bombes violents qui m’ont réveillée vers 6h, semble-t-il dans le Sud sur les pêcheurs…

Ce matin, après la prière, grand rassemblement de soutien aux prisonniers.

Brigitte Challande