Témoignage de Gaza (5)

Les Prisonniers

Une part importante de notre présence est de participer à toute action pour les prisonniers, les détentions administratives sans jugement, les grévistes de la faim, les femmes, chaque jour de la semaine il y a un rassemblement une manifestation une action une prise de parole à un carrefour et cela organisé par toutes les forces politiques ou syndicales.

Il n’est pas difficile de recueillir des témoignages, 70% des gazaouis ont fait de la prison, en voilà un :

Mohamad Kareem Alodini, membre du Fatah a 21 ans quand il est arrêté le 20 Juin 2003 dans sa maison de Der-Albalan dans la bande de Gaza : battu, il reste dans une prison militaire deux jours avant d’être emmené au tribunal, alors commence la période d’investigation qui dure trois mois où chaque jour dans sa prison il a les pieds et les mains attachés sur une chaise plusieurs heures dans la journée pendant que les israéliens le questionnent et le battent.

Juin juillet août très chauds dans une petite cellule couché au sol sur la terre. De 2003 à 2005 il est trimballé de prison en prison et à l’arrivée devant les tribunaux, il demande quelles charges sont retenues contre lui ; on lui répond 30 charges : l’avocat essaie d’en avoir la liste…

En 2005 condamné à 15 ans de prison, envoyé dans une prison dans le désert/ Nafha, où il fait 9 ans. Chaque semaine les Israéliens rentrent dans sa cellule avec des gaz, et fouillent sa cellule sans cesse et sans raison.

Le 18 novembre 2011, il est libéré dans le cadre de l’accord d’échange de prisonniers mais avant cette date il a beaucoup souffert, dans le froid sans literie sans vêtements pendant trois jours.

Ces témoignages sont incessants et nécessaires à écouter à raconter.

Commémoration de la Nakba et Fêtes

La semaine dernière nous avons participé à de nombreuses commémorations et évènements pour l’anniversaire des 66 ans de cette catastrophe, organisés par différents comités populaires (Khan Younis , Beach Camp, camp de Magasi, FPLP, les enfants au port).

Rassemblements hautement symbolique, la clef du retour des réfugiés de 48, les ballons aux couleurs de la Palestine qui s’envolent dans le ciel, les danses en costume traditionnel, les défilés en armes les prises de paroles, les chants des enfants l’hymne palestinien le drapeau immense et une grande dignité dans chaque évènement.

Nous sommes allés au nord avec plusieurs cars près de la frontière d’Erez dont nous avons vue le point de passage de loin le mur et dans le ciel le ballon à drônes…dans le désert. Ce jour là un geste symbolique de poignée de mains entre deux cadres du Fatah et du Hamas, ce vendredi devrait être annoncé et formé à Gaza le gouvernement provisoire

Plusieurs de ces évènements se sont terminés en fêtes très animées avec la danse « debka » le chant, le oud et la flûte et des parades de chevaux. Les palestiniens ne manquent pas une occasion de fêter un évènement collectivement, l’unité d’un peuple qui vit l’apartheid sous occupation qui reste vivant et combatif animé d’un très fort sentiment d’unité nationale et familiale et une solidarité active.

C’est la fin de l’année scolaire et nous sommes invités, la porte d’entrée d’Unadikum dans la société de Gaza est indéniablement libre, à de nombreuses fêtes de fin d’année où les enfants sont comme des volées de moineaux rieurs ou graves et les adultes très empressés et organisés. Les appareils photos ne cessent de mitrailler et de faire barrière à la vue ! des chants des discours des danses dans une atmosphère de joie avec un son pas toujours très bien maitrisé…

Nous avons été invités à une autre fête sur les bateaux de pêche qui sont tous sortis en mer remplis de gazaouis pour commémorer le Marmara en lançant des bouquets d’œillets dans la mer, la sortie du port était très émouvante et drôle.

Les paysans

Nous avions un peu oublié les paysans qui ne travaillaient pas trop près de la frontière ces derniers jours mais aujourd’hui la situation d’agression constante s’est rappelée à nous, avec la chaleur et la sécheresse, les tirs israéliens ont mis le feu à une parcelle d’un paysan qui a perdu toute sa récolte de blés mûrs et nous montrait dans sa main les épis de blé carbonisés en pleurant de désespoir.

En même temps un paysan de 32 ans venu pour la première fois travailler dans cet endroit a essuyé le premier tir d’un tank placé à 300 m sur un monticule. La balla a ripé sur son crâne et la plaie est très vilaine il doit aller faire des examens à l’hôpital Nasser de Khan Younis demain

Les Tunnels

Il n’y en a pratiquement plus, mais on apprend combien de palestiniens sont morts ou handicapés quand ils ont travaillé à leur construction, c’était une véritable économie parallèle à double tranchant et hier soir chez une jeune palestinienne nous avons vu tout un salon de 12 places, des armoires et une table en verre portée par 6 personnes qui sont arrivés par les tunnels

Vie quotidienne

En discutant ce soir avec un jeune prof de français dans un café il me disait qu’hier les avions israéliens n’avaient cesser de passer sur Khan Younis et que chaque fois il écoutait pour savoir s’ils descendaient bas, s’ils ralentissaient ce qui est un signe repéré et attendu de bombardements. Au milieu de la conversation le bar s’est trouvé dans le noir car coupure pour 8h d’électricité, c’est Gaza mais le pire c’est que tout le monde finit par s’adapter à cette situation par organiser sa vie autour des contraintes et des peurs qui occupent toute la tête des gens.

En ce moment circule dans Gaza un médicament qui est devenu une drogue « le tramadol » antalgique puissant pris par les gens qui cherchent à oublier, ce médicament est arrivé par les tunnels en provenance d’Egypte

Nous avons assisté dans Gaza à la projection organisé par le BDS d’un excellent film « Road Mapp to Apartheid » qui met en parallèle la situation en Palestine et en Afrique du Sud d’un point de vue historique et politique, à voir et à débattre !

En rentrant un soir tard dans la nuit au sortir de la voiture, nous avons été pris dans l’entraînement au pas de course de la résistance armée, ça fait un drôle d’effet…

La société de Gaza est immensément accueillante mais elle reste très conservatrice sur ses coutumes et sa façon de vivre comme par exemple les crimes de déshonneur contre les femmes. L’enfermement, le blocus les restrictions les contraintes les agressions dont elle fait l’objet n’arrangent pas les choses et c’est avec les femmes que je me sens au plus juste du relationnel possible.

Ci-dessous l’interview d’une femme « extraordinaire »


Interview Dr Mariam Abu Dakka

Traduction arabe/ français : Asma Abou Syam Dimanche 18 Mai 2014

Gaza

Je suis une fille du Peuple Palestinien je n’ai pas d’enfants mais tous les enfants de Palestine sont les miens toute la Palestine est ma famille. Depuis 1948 les Israéliens sont sur nos terres à gaza quand j’ai ouvert les yeux en 1952 ils étaient déjà là. Ma mère est égyptienne nous sommes 8 filles et un garçon et mon père de gaza avait 4 femmes des terres et beaucoup d’enfants, il aime beaucoup ses filles et nous donne le nom du père de toutes les filles. Mon village est Abassan al —kabirî dans le district de Khan Younîs (sud de la bande de Gaza) .La coutume veut que les filles ne prennent pas les terres à la mort de leurs parents, petite en écoutant ces paroles je me demandais pourquoi, je demande et je ne comprends pas, mon père raconte toujours l’histoire de la Palestine et du vol de nos terres par les Israéliens et ma mère comment les égyptiens avaient chassé les anglais. J’étais une très bonne élève à l’école et dès l’âge de 7 ans je me demande pourquoi toujours tout pour les garçons…et je réfléchis à tout ce que je peux faire pour être supérieure aux garçons.

Pendant la guerre de 1956 j’ai 4 ans je suis en Egypte, Gaza est sous l’autorité égyptienne et la Cisjordanie sous celle de la Jordanie, pendant cette guerre les femmes égyptiennes proposent que les femmes qui ont un bâton ou de l’eau bouillante la versent sur les Israéliens les battent ma mère était une de ces femmes je lui demande pourquoi elle me dît que si les Israéliens viennent en Egypte on va les tuer.

A l’âge de 7 ans en 1960 la famille est revenue à Khna Younis.

Dans cette période Ahmed El Chequery, premier chef de l’OLP avant Yasser Arafat a monté la première armée palestinienne obligatoire pour les jeunes garçons dans le cadre de leur scolarité. Je veux grandir vite pour entrer dans cette armée, mes deux oncles égyptiens sont soldats dans l’armée maritime et j’aime l’armée, fâchée à 12/13 ans de ne pas pouvoir entrer dans cette école qui prépare à l’armée j’envoie une lettre disant qui je suis et ma volonté d’entrer dans l’armée pour défendre la Palestine et une poésie à Ahmed El Chequery. Il m’a répondu avec un carton de livres des timbres -je les collectionne- et une lettre disant « je souhaite avoir d’autres filles comme toi dans la Palestine tu seras la première fille à entrer dan l’armée ». Cette lettre a été ramenée à l’école, la directrice était fâchée m’a demandée si j’allais à l’école pour étudier ou faire de la politique, je l’ai pensée jalouse alors je lui ai dit que si elle voulait je pouvais lui donner l’adresse du chef de l’armée pour elle aussi ! Tout le quartier a été au courant de cette lettre…

J’ai envoyé une autre lettre à Gamal Ab dell Nasser pour lui dire que qu’il devait libérer la Palestine et que nous attendions ce moment. Il a envoyé une autre réponse à l’école, tout le monde disait que je travaillais avec les présidents et le matin je présentais la radio organisée par l’école ! C’est le début de mon histoire, mon but c’était d’être la meilleure de tous les jeunes même comme une fille !

C’est la guerre de 1967 j’ai 14 ans et je ne connais toujours pas le visage des Israéliens, c’est le deuxième jour de l’examen au collège loin de chez moi, on ne connaît pas la guerre pour nous c’est juste par exemple le fait de se cacher derrière un arbre. On était 70 filles dans l’école, on est toutes sorties de l’école quand l’armée palestinienne passe et nous demande ce que l’on fait ici, on a peur ils nous ont emmenées toutes dans une maison près du collège à l’abri des bombardements où on a passé 7 jours sans boire ni manger. On avait toutes l’espoir que gaza ne soit pas occupée par les Israéliens et que les arabes gagnent cette guerre. Au bout de 7 jours à ce régime, avec la peur de mourir de faim, je suis sortie avec le fils de la maison pour voir ce qui se passait on est tombé sur 100 soldats israéliens qui scrutaient les environs de cet endroit placé en hauteur. Les israéliens ont fermé la maison et nous ont enfermées dans une seule pièce nous étions 100 personnes. C’est la première fois que je voyais les israéliens on n’imaginait pas qu’ils soient dans la bande de Gaza. Nous avons été libérées, nous marchions sans savoir où aller il y avait des morts partout, des chiens des chats mes parents me croyaient morte depuis 15 jours d’absence. En marchant avec les filles on mange ce qu’on trouve on se cache quand on voit un avion et on marche on marche on va jusqu’au village je pense mes parents morts. Dans cette période il y avait une heure de sortie possible par jour donnée par les Israéliens pour acheter à manger, c’est une nouvelle étape que d’accepter la présence des Israéliens.

Je pense comment travailler contre l’occupation, mon cousin est parti en Jordanie pour rentrer dans l’armée palestinienne avec l’OLP et c’est un trésor que de faire cela car c’est difficile de partir de quitter la famille pour travailler pour la liberté. J’étais à l’école et mon cousin est venu me proposer de venir avec eux dans l’armée, j’ai dit j’ai peur je suis à l’école il m’a dît si tu décides vraiment tu n’auras pas peur tu ne trahiras pas, j’ai dit OK avec qui il m’a répondu le PFLP ils sont avec les pauvres c’est le front populaire.

Je sais que je suis trop gâtée par la vie, ma mère est intelligente mais analphabète et moi je suis grande maintenant, pour que mes parents acceptent ma décision, mon départ je reste tranquille à la maison j’aide ma mère et elle a vu que j’avais changé mais mon choix est fait. J’ai choisi le PFLP pour chercher moi-même, défendre la Palestine entière celle de 48 avec ses femmes comme des égales des hommes. A cette époque il y avait moins de mosquées que maintenant.

Mon père est cheikh religieux tranquille mais démocratique et surtout nationaliste pour la Palestine, il est fière de moi, ma famille est riche elle a des terrains, c’était l’occasion de réaliser mon rêve, je suis devenue la première fille qui est entrée dans l’armée au sud de la bade de gaza j’étais la seule fille sur 21 soldats. Nous avons travaillé dans la clandestinité ma mère l’a découvert mais m’a soutenue en me disant ton père ne doit pas savoir il t’aime et il aura trop peur s’il sait. Notre travail a consisté à collecter des fonds pour l’armée pour les prisonniers et intimider les traîtres qui travaillaient avec les Israéliens. Dans cette période les Israéliens contrôlaient la bande de Gaza le jour et le FPLP la nuit (collecte de fonds, protections…) j’ai une belle écriture et j’écris beaucoup à cette période.

En 1968 le groupe est découvert par les Israéliens qui emprisonnent certains du groupe et qui connaissent mon nom Marîam. Un jeune emprisonné me fait savoir que je dois sortir de la bande de Gaza et mon père m’emmène moi et ma petite sœur avec des bédouins loin des frontières ils nous portent à manger, je suis la première fille que les Israéliens cherchent à attraper. Au bout d’un mois je rends visite à ma famille et les Israéliens encerclent la maison pendant la fête que mon père a organisée pour les fiançailles de mon frère. Mon père pensait qu’il suffisait de parler avec eux mais ma mère qui connaissait mon engagement m’a dit et cela m’a aidée tout le reste de ma vie « Ne dis rien, ne dis pas que tu travailles dans le groupe des 21 ; si tu le dis, tu n’es plus ma fille, tu trahis la Palestine et le peuple te tuera». Cette phrase fut dure pour moi car je ne savais rien de la mort, quand je suis sortie de la maison j’ai vu les voitures des Israéliens. Ma mère a fait un trou pour enterrer tous les documents compromettants, ils m’ont attrapée et tous les gens de Gaza étaient dans la rue et moi je ris je marche je regarde les gens les Israéliens ont peur de moi, de ma force ; ils m’insultent et je me moque d’eux. Toute cette armée pour une jeune fille de 15 ans, je suis contente c’est comme mon anniversaire ou une journée de mariage et les gazaouis les insultent. Je suis emprisonnée et ils me proposent de trahir pour sortir mais je déclare que je n’ai rien fait, je réfute toutes les preuves qu’ils ont je ne comprends rien à ce qu’ils me montrent et quand ils me montrent des bombes je dis que ma mère m’empêche de jouer dans les poubelles. J’ai fait des études scientifiques je ne connais pas l’arabe et je réponds à coté de toutes leurs questions « des opérations je n’en ai pas faits je ne suis jamais rentrée dans les hôpitaux… » Je ne sais pas si je pourrais maintenant avoir autant d’aplomb qu’à l’époque dans mes réponses, on était fort à l’époque maintenant c’est un autre temps. Ils se sont énervés et m’ont frappée, ma tête a cogné le mur j’ai vu mes yeux sortir de mon visage, il m’a demandée ce qui comptait le plus pour moi, j’ai répondu « Dieu et le pays » « et si on te touche » je réponds « c’est ma terre ». Deux Israéliens m’attrapent m’attaquent mais je ne sens pas les coups je ne comprends pas les mots je n’ai que ceux de ma mère dans la tête. Je suis restée en prison 6 mois, en attente du procès après un mois, 3 juges militaires pour moi et des jeunes gazaouîs, mon avocat n’a pas eu le droit de parler, je me suis défendue moi-même « je suis une petite fille palestinienne, vous avez occupé, pris nos terrains et tué le peuple palestinien, je souhaite que les gazaouîs entrent en prison pour vous connaître mieux, vous êtes des fascistes » Décision un an et demi de prison ou 4 000 milles erra. J’ai dit à ma mère c’est pas grave un an et demi de prison je verrai mes amies je ferai de l’information j’écrirai je témoignerai je ferai des grèves, ça a été le début du mouvement des prisonniers dans les prisons. La seule chose qui m’a fâchée c’est la mauvaise nourriture.

Quand je suis sortie de prison, j’avais 17 ans ; au bout de 24h, les Israéliens ont décidé de m’expulser de Gaza pour être tranquilles .L’école avait fait une grande fête pour moi ; j’ai marché de l’école à Gaza malgré la chaleur pour dire au revoir à Gaza. Je sentais que c’était nécessaire; arrivée à la maison, les Israéliens m’attendaient et ma mère pleurait. Je lui ai demandé pourquoi, elle m’a dit qu’ils allaient m’envoyer en Egypte, mais moi je savais que je pourrai revenir par la mer. J’ai été expulsée en Jordanie, je savais que je reviendrais avec l’armée des Fedayîns pendant que les israéliens se moquaient de moi en me disant tu te marieras là-bas.

C’était la nuit du 1er janvier 1970, la plus dure de ma vie : tout le monde venait me dire au revoir, ma mère était malade et mes rêves d’avenir s’effondraient. A 5h du matin j’ai entendu leur voiture et ce bruit, ce déclic de l’expulsion est resté. Ce fut la journée la plus dure de ma vie, que je n’oublierais jamais. Je n’ai pas pu regarder les yeux de mes parents mon père est resté stoïque, la voiture s’éloigne je regarde la maison : je n’ai pas pleuré je reste solide j’ai pleuré après mais je décide au fond de moi de revenir à Gaza. A l’arrivée du pont vers la Jordanie je suis restée 11 jours sans pouvoir rentrer, car je suis sans passeport, puis les militants m’ont aidée à entrer avec le PFLP et j’ai fait toutes les guerres et la lutte armée avec eux, militante et militaire.

En 1971, la Jordanie ne veut plus du FPLP ; comme je n’ai pas de passeport je rentre direct au Liban avec un faux passeport et je deviens responsable du PFLP à 19 ans. Je suis responsable du comité pour les jeunes et les femmes, je fais un travail populaire et je reprends des études, un doctorat de philosophie Le Développement de l’esprit politique pour les femmes palestiniennes – La libération des femmes et les habitudes arabes pour toutes les femmes et surtout ma mère.
J’ai étudié en Bulgarie et fait partie d’un groupe de femmes internationales pour les pauvres et les prisonniers et j’ai voyagé pour représenter la Palestine à l’internationale (Chine, Cuba, Russie, Europe, Danemark, Allemagne, Espagne, Italie mais jamais en France…). J’étais toujours en contact avec les femmes et le peuple palestinien.
Pendant la période d’Oslo je suis toujours interdite d’entrée à Gaza et en Novembre 1995 mes parents ont fait des papiers pour que je puisse leur rendre une visite et entrer à Gaza ; c’était une faute pour les Israéliens que d’accepter j’étais en situation illégale mais j’ai répondu « ici je veux mourir». Je suis restée deux ans en situation illégale à Gaza avant de pouvoir avoir une carte d’identité mais je suis très vigilante sur mes sorties de Gaza et il y a interdiction pour le PFLP et pour moi de se rendre en Cîsjordanîe et en Jordanie.

La suite de l’histoire est sur un CD de 26 pages en anglais que j’ai écrit à mon retour à Gaza (à traduire), mais Dr Mariam reprend la parole sur la situation à partir de 2000.

Depuis 2000, je fais un autre travail ici et pour ma famille je suis un leader quelqu’un de pas normal, tout a changé ici avec l’arrivée du Hamas, les coutumes, la façon de s’habiller, la société mais malgré cela, malgré le Hamas je continue à faire mon travail car personne n’a oublié ce que j’ai fait pour la Palestine et je suis fîère de moi car j’ai de bonnes relations avec tout le monde, tout le peuple tous les partis politiques même les islamiques, je suis respectée et citoyenne d’honneur de Gaza membre du parlement palestinien de Gaza et Ramallah et responsable du PFLP. Je suis membre de beaucoup d’associations dont surtout les femmes prisonnières palestiniennes.

Le FPLP ne reconnaît pas les accords de réconciliation Fatah/ Hamas à cause des négociations entreprises avec les Israéliens.

Sur l’amour et la mort, le Dr Marîam m’a dît qu’il ne fallait pas négliger l’amour mais qu’elle sa famille c’était la Palestine et ses enfants tous ceux de Palestine, son premier fiancé est mort avant le mariage et le second ils n’ont pas été d’accord alors j’ai décidé de ne pas me marier car je n’avais pas le temps. Sur la mort il y en a eu tant qu’elle se demande comment elle peut être encore vivante qu’elle réalise la vie sans penser à la mort qu’elle n’aime pas la guerre que c’est l’occupation israélienne qui est responsable et qu’elle aurait aimé être médecin, qu’elle peint qu’elle chante qu’elle danse qu’elle aime la musique et les broderies mais que les Israéliens ont anéanti les rêves du peuple palestinien. Dans la société ¡1 faut redonner une place à l’être humain à l’amour propre à l’honneur des femmes et à leur valeur sans être strict, ce qu’elle a vu des habitudes dans d’autres sociétés en Europe sur ces valeurs ne l’a pas convaincu.

Pendant tout l’entretien le Dr Mariam a fumé plusieurs cigarettes et elle m’a dît à plusieurs reprises que mon travail maintenant était de la faire venir en France…