Témoignage d’Abu Amir, nuit du 1er au 2 octobre 2024 : la nuit de terreur – des centaines de missiles iraniens et la souffrance des personnes déplacées à Gaza

Le nombre de personnes tuées lors du massacre de Khan Younis s’élève à 48 depuis l’aube ! (source Motasem A Dalloul)

La nuit dernière a été terrifiante à tous points de vue, car Gaza a connu l’un des moments les plus sanglants et les plus difficiles depuis le début de la guerre. Des centaines de roquettes iraniennes tirées sur Israël et sur l’enveloppe de Gaza étaient clairement visibles depuis la zone de Nuseirat, créant une atmosphère de peur et de tension. Depuis que les roquettes ont été vues dans le ciel de Gaza, la vie de milliers de personnes déplacées coincées dans les zones frontalières est devenue plus compliquée et plus douloureuse.

Après avoir vu des centaines de roquettes dans le ciel, les personnes déplacées ont commencé à ramper vers les zones proches de Wadi Gaza sur la route côtière et la route de Salah al-Din, qui passent par la zone de Nuseirat. Elles rêvaient de retourner chez elles, dans la ville de Gaza et dans le nord de la bande de Gaza. Ces personnes, qui ont été forcées de quitter leurs maisons en raison du conflit en cours, pensaient que ce moment pourrait être leur chance de revenir en toute sécurité. Ils pensaient que l’armée israélienne serait occupée à lutter contre les roquettes iraniennes et qu’il n’y aurait pas de forte présence de troupes sur la route, ce qui faciliterait leur retour sans encombre. Malheureusement, la réalité a été plus amère que ce à quoi ils s’attendaient

Lorsque de petits groupes de personnes déplacées ont commencé à se diriger vers la vallée de Gaza, les rêves se sont transformés en cauchemars. Des dizaines de petits « quadcopters » armés ont commencé à tirer sur les personnes déplacées qui traversaient la vallée de Gaza ou qui se rassemblaient loin de celle-ci. La situation s’est aggravée lorsque les chars israéliens sont entrés dans la ligne, où ils ont commencé à tirer des obus sur la zone, transformant l’endroit en un champ de bataille sanglant qui a duré jusqu’à l’aube.

Des dizaines de personnes déplacées ont été tuées et blessées. De nombreux blessés ont été transférés dans des hôpitaux, mais de nombreux corps gisent encore dans les rues, les ambulances n’ayant pu les atteindre en raison de l’intensité du siège militaire. Cette scène très dure incarne un nouveau chapitre de la souffrance humaine à Gaza, où la peur se mêle au désespoir, et la mort à la vie.

On peut dire que les personnes déplacées ont pris un risque en tentant de rentrer chez elles dans ces circonstances, car elles ont pris un risque énorme qui les a conduites à la mort. Mais pour être juste, nous devons réfléchir aux raisons qui les ont poussées à prendre une telle décision. Ces personnes vivent dans des conditions humanitaires extrêmement difficiles. Leur situation n’est pas celle que l’on peut voir sur les médias sociaux ou les écrans de télévision. Ces personnes déplacées ne sont pas seulement des sans-abris, ce sont des personnes qui souffrent de perte et de désespoir.

De nombreuses personnes déplacées ont laissé derrière elles leur maison et leurs proches, et leur vie n’a plus de sens. De nombreuses familles se retrouvent déchirées, la moitié de leurs membres se trouvant dans le sud et l’autre moitié dans le nord. Certains ont perdu leurs enfants lors des bombardements et des départs et ne savent rien de leur sort. La guerre a tué l’espoir en eux et ils ont l’impression de n’être que des corps sans âme, vivant au jour le jour sans espoir pour l’avenir.

Ce qui s’est passé la nuit dernière est le résultat direct de cet état psychologique dévastateur dans lequel vivent les personnes déplacées. On peut leur reprocher d’avoir risqué leur vie, mais il est juste de se mettre à leur place et de se rendre compte de la souffrance qui les a poussées à prendre cette décision…

(Voir aussi les chroniques postées par Brigitte Challande du Collectif Gaza Urgence déplacé.e.s sur les sites d’AlterMidi et ISM France)

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