Union juive française pour la paix

Témoignage d’Abu Amir, le 6 décembre 2025 – Pollution et prévention dans l’environnement des camps à Gaza

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Soutien psychologique des femmes dans le camp d’Al-Durra à l’ouest de Deir al-Balah, crédit photo UJFP

Le compte rendu de l’atelier de soutien psychologique hebdomadaire s’est centré sur la protection des familles et le bien-être des femmes face aux défis

Les femmes dans les camps de déplacement se trouvent en première ligne de la souffrance quotidienne. Elles font face à une accumulation de défis allant de la recherche des besoins essentiels à la protection de leurs enfants contre les maladies qui se propagent rapidement dans des environnements dépourvus d’infrastructures de base. Dans des camps comme celui d’Al-Durra à l’ouest de Deir al-Balah, la vie quotidienne devient une lutte ouverte contre la pollution, le manque d’eau, l’insuffisance d’hygiène et l’absence d’un système d’assainissement adéquat, en plus des inquiétudes grandissantes à l’approche de l’hiver, qui accentue la propagation des maladies et expose les tentes à l’inondation, à l’humidité et au froid.
Les femmes déplacées, parmi lesquelles 30 femmes ayant participé à l’atelier hivernal portent un fardeau doublé, assumant la responsabilité des soins, de l’hygiène, de la protection des enfants et de la gestion du foyer dans des conditions extrêmement limitées. Toute initiative de sensibilisation ou de soutien psychologique représente pour elles un véritable espace de respiration et un ajout précieux à leur vie éprouvée.

L’atelier a débuté par une séance de présentation animée par l’équipe de l’UJFP, qui s’est présentée comme un groupe œuvrant au renforcement de la sensibilisation sanitaire et psychologique auprès des femmes dans les camps, et à la fourniture d’un soutien pratique applicable directement dans les conditions difficiles qu’elles vivent. Les membres de l’équipe ont expliqué la philosophie du travail, fondée sur la présentation de solutions réalistes et applicables même lorsque les ressources sont limitées, tout en mettant l’accent sur l’autonomisation des femmes par des connaissances leur permettant de protéger leurs familles des maladies courantes dans les environnements de déplacement, notamment face à la pollution croissante et à la détérioration des services essentiels. Après les présentations individuelles, un bref aperçu des objectifs de l’atelier a été présenté, combinant sensibilisation sanitaire et soutien psychologique, en soulignant que la santé du corps commence par la santé de l’environnement et que la santé mentale est tout aussi importante que toute intervention humanitaire.

La séance a commencé par une introduction approfondie sur les dangers de la pollution environnementale dans les camps. L’équipe a expliqué comment l’accumulation des déchets et leur mélange avec les sources d’eau entraînent la propagation de maladies telles que la diarrhée, les infections cutanées, les intoxications et les maladies respiratoires, particulièrement en hiver, lorsque l’eau stagnante augmente et que les insectes se multiplient plus rapidement. La rencontre n’a pas été une simple énumération des risques, mais une tentative de transformer la peur en connaissance et la prise de conscience en actions concrètes que les femmes peuvent appliquer dans et autour des tentes. Il a été souligné que la prévention n’est pas un luxe, mais une nécessité vitale, et que des mesures simples peuvent éviter de véritables catastrophes sanitaires, surtout dans un environnement surpeuplé reposant sur des ressources rudimentaires.

L’équipe est passée à une explication détaillée se concentrant d’abord sur la gestion des déchets à l’aide de moyens disponibles. Les participantes ont appris à séparer les déchets organiques des déchets secs, à fermer hermétiquement les sacs de manière à empêcher les odeurs ou l’apparition de mouches, et l’importance de les éloigner des passages entre les tentes. Elles ont également découvert la possibilité d’enterrer les déchets organiques, lorsque cela est faisable, pour limiter la prolifération des rongeurs et des insectes. Cette partie de l’atelier a constitué un tournant important pour des femmes qui étaient habituées à gérer les déchets de manière improvisée, faute d’espace et en l’absence totale de services de collecte.

Le deuxième axe a porté sur la protection de l’eau. L’équipe a expliqué que l’eau propre est la première ligne de défense contre les maladies, et que la désinfecter ou la couvrir hermétiquement peut empêcher la transmission de germes qui se multiplient rapidement dans les camps. Des explications ont été fournies sur les méthodes de désinfection en cas d’absence de filtres, comme l’ébullition ou la filtration à l’aide d’un tissu propre, ainsi que sur les moyens de protéger les réservoirs d’eau et de se laver les mains avec une petite quantité d’eau et de savon, notamment avant de manger ou de préparer les repas. Ces informations se sont révélées essentielles pour les femmes qui stockent souvent l’eau dans des récipients ouverts faute de meilleures alternatives.

Le troisième axe a abordé la lutte contre les insectes à travers l’élimination des eaux stagnantes autour des tentes et la couverture de tout récipient susceptible de devenir un foyer de reproduction des moustiques. L’équipe a également parlé de l’utilisation d’herbes aromatiques disponibles, lorsqu’il y en a, pour repousser les insectes, ou encore de l’usage de couvertures plastiques comme barrières simples pour protéger les enfants pendant leur sommeil. Cet axe a permis aux femmes de comprendre le cycle de vie des insectes et d’apprendre comment le rompre par des moyens simples et peu coûteux.

Après la partie éducative, l’équipe est passée à un exercice de relaxation et de respiration lente. Les participantes ont été assises en cercle, et la psychologue a expliqué les étapes de la respiration profonde et comment elle contribue à réduire le stress et à diminuer le rythme cardiaque, notamment chez les femmes qui vivent dans un état d’alerte permanent en raison du bruit des bombardements, de la promiscuité ou de l’inquiétude constante pour leurs enfants. Cette activité fut un rare moment de calme au milieu du chaos quotidien.

Ensuite, un espace libre d’expression a été ouvert, permettant aux femmes de partager leur réalité difficile. Certaines ont parlé de la perte de leurs biens, de la peur incessante pendant la nuit, et des maladies qui touchent leurs enfants à cause de l’humidité et du mauvais assainissement, ainsi que des pressions psychologiques dûes au manque d’intimité et à la surpopulation. L’une d’elles a évoqué avec tristesse son enfant souffrant de diarrhée répétée à cause de l’eau contaminée, tandis qu’une autre a parlé des restes de nourriture qu’elle laissait près de la tente sans savoir qu’ils attiraient les mouches.

Après cette séance de partage, une deuxième activité de nature récréative a été proposée visant à apporter de la joie et à permettre une libération émotionnelle positive. L’équipe a utilisé des jeux collectifs reposant sur le mouvement, la coopération et le rire. Cette activité a eu un impact évident sur la réduction du stress et le rétablissement d’une énergie positive dans le groupe. Ce type d’activité favorise le renforcement des liens sociaux et offre aux femmes une occasion de ressentir qu’elles méritent la joie malgré tous les défis.

À la fin de l’atelier, les femmes ont exprimé leur souhait sincère de voir revenir l’équipe de l’UJFP, affirmant que cette séance leur avait servi de véritable exutoire et que les connaissances acquises sur la pollution et la prévention les aideraient à protéger leurs familles. Elles ont demandé davantage d’ateliers combinant sensibilisation sanitaire et décompression psychologique, car la pression du camp rend ce type de rencontres indispensable et urgent.

Ce type d’ateliers confirme l’importance d’intégrer la sensibilisation environnementale et sanitaire au soutien psychologique, car les femmes dans les camps ne font pas seulement face aux risques de maladie ; elles affrontent aussi l’épuisement psychique dû à la perte, à l’inquiétude et aux lourdes responsabilités. Ces initiatives demeurent une étape essentielle pour renforcer la résilience des femmes dans les environnements de déplacement et leur donner les outils nécessaires pour faire face à une réalité cruelle et impitoyable.

(Voir aussi les chroniques et articles postés par Brigitte Challande du Collectif Gaza Urgence déplacé.e.s quotidiennes sur le site d’ISM France et du Poing, article hebdomadaire sur le site d’Altermidi, et sur l’Instagram du comité Palestine des étudiants de Montpellier..)

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