Témoignage d’Abu Amir, le 2 novembre 2024 (suite) : « Vous êtes tous des menteurs ! »

Témoignage d'Abu Amir le 11 mai

Cette formule résume un état collectif de déception, d’amertume de colère et de douleur, exprimé par la population de Gaza.

Intitulé « Vous êtes tous des menteurs », cet article met l’accent sur le désespoir persistant des habitants de la bande de Gaza, qui ont perdu tout espoir de voir la guerre prendre fin ou leurs conditions de vie s’améliorer, alors que le conflit dure depuis plus d’un an. La guerre a commencé à tout détruire, démolissant les maisons sur la tête de leurs habitants et déracinant les vies sans discernement. Selon les statistiques du ministère de la Santé à Gaza, le nombre de victimes s’élève à environ 43 341 morts, auxquels s’ajoutent 102 105 blessés. Ces chiffres effrayants n’incluent pas le nombre considérable de blessures qui ont entraîné des handicaps permanents, laissant à des générations de Palestiniens une mémoire marquée par les effets de la guerre sur leurs corps et leurs âmes. Chaque matin, les habitants de Gaza écoutent la radio, espérant des nouvelles d’une trêve ou d’un cessez-le-feu, quelque chose qui leur donnerait une lueur d’espoir, même minime. Mais leurs espoirs se heurtent à une réalité amère : les mois s’écoulent sans aucun signe réel de paix ou de fin des bombardements. C’est comme si le monde entier avait choisi le silence absolu, fermant ses oreilles et ses yeux, indifférent à la douleur de Gaza et aux cris de ses enfants et de ses femmes.

Les habitants de la bande de Gaza ont l’impression de vivre dans une prison sombre, sans fenêtre, entourée de murs de mort et de peur, où aucun son n’est plus fort que celui des explosions et où aucune vision ne se dégage de la poussière de la destruction. Ils vivent jour après jour au milieu de cette scène lugubre, voyant un monde silencieux qui ne veut pas prendre de mesures sérieuses pour mettre fin à cette douleur permanente.

Plus personne à Gaza ne croit aux slogans brillants ou aux déclarations politiques des gouvernements et des organisations internationales. Ils les considèrent comme des promesses creuses qui s’évaporent à chaque nouveau bombardement et à chaque explosion qui détruit l’espoir. Ils voient dans le silence du monde une condamnation silencieuse, qui les laisse seuls face à des calamités implacables et sans pitié. Le dicton qui prévaut à Gaza est « Vous êtes tous des menteurs », exprimant un état collectif de déception et de manque de confiance dans toutes les parties, exprimant une colère dirigée contre tous ceux qui regardent leurs souffrances sans agir, comme si cette ancienne ville était destinée à des souffrances sans fin.

« Vous êtes tous des menteurs » : des mots qui résument l’amertume du peuple, sortant de la bouche d’enfants qui n’ont jamais connu le goût de l’enfance, de femmes qui ont perdu l’espoir dans la sécurité de leurs enfants et de jeunes qui n’ont pas trouvé d’avenir sûr pour se projeter. Ce sont des mots qui expriment une douleur. Cette douleur touche les racines de la société, ronge son âme et tente de trouver un exutoire dans l’ombre d’une réalité qui ne laisse aucune place à l’espoir.

(Voir aussi les chroniques postées par Brigitte Challande du Collectif Gaza Urgence déplacé.e.s sur les sites d’AlterMidi et ISM France)


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