À Gaza, la catastrophe n’est plus un événement exceptionnel, mais une réalité permanente qui ronge les âmes sans répit. Ce n’est pas seulement une guerre menée par des missiles et des avions, mais une extermination continue, un nettoyage ethnique systématique exécuté de sang-froid sous les yeux du monde. Les habitants de la bande de Gaza vivent entre la faim et la terreur, entre les ruines et la trahison. Pas de pain, pas d’eau, pas de médicaments, même pas le droit de pleurer en public. Des enfants meurent de faim sous des tentes qui ne protègent ni de la chaleur de l’été ni du froid de l’hiver. Des femmes ramassent les restes de leurs enfants sous les décombres, serrant dans leurs bras ce qu’il reste de leurs petits os. Des hommes brisés devant les cris de leurs enfants, impuissants, n’ayant que des larmes à offrir dans un monde où l’humanité n’est plus qu’un mot vide lancé dans les conférences.
Et pourtant, le monde continue de tourner autour d’Israël. Les États répètent la même rengaine : « Nous soutenons la sécurité d’Israël, nous exigeons la libération des otages », comme si Gaza ne méritait pas de vivre, comme si les plus de deux millions de personnes massacrées lentement ne valaient même pas une apparition sur les écrans ou une mention dans les salles de décision. Les habitants de Gaza ne s’opposent pas à la libération des otages, ils la soutiennent même, mais qui soutient Gaza ? Qui exige de libérer ses enfants de sous les ruines ? Qui élève la voix pour ses femmes endeuillées et ses pères brisés ? Personne. Le silence international est devenu une complicité active dans le crime. Les cris des mères, les appels des survivants sous les décombres, les pleurs des affamés… rien de tout cela ne semble troubler la conscience de ce monde mort.
Dix-neuf mois d’extermination, et la communauté internationale reste muette, impuissante, sans force ni volonté. Les dirigeants du monde apparaissent aujourd’hui, après avoir contribué à alimenter la machine de guerre, pour parler de « cessez-le-feu » et de « fin du conflit ». Mais où étaient-ils lorsque les armes étaient livrées quotidiennement à Israël ? Où étaient-ils lorsque les cadavres étaient transportés dans des sacs en plastique et que les survivants étaient privés d’aide et de soins ? La triste vérité, c’est que ce qui se passe à Gaza n’est pas seulement une agression israélienne, c’est une mise en scène mondiale dans laquelle tout le monde gagne, sauf Gaza.
Les grandes entreprises d’armement observent la guerre comme un spectacle en direct, testant leurs armes sophistiquées sur les corps des enfants. Le blocus n’est pas seulement une décision militaire, c’est un commerce lucratif. Des millions de dollars affluent vers Israël, provenant de sociétés européennes, américaines et même arabes. Certaines fournissent des armes, d’autres – ironie du sort – livrent des repas aux soldats pendant qu’ils bombardent les camps. Pas de contrôle, pas de reddition de comptes, uniquement des contrats d’armement et des barils de pétrole pour régler la facture des massacres. Même certaines entreprises arabes ont réalisé d’énormes profits en fournissant l’armée israélienne pendant la guerre. Tant que l’argent coule à flots, personne ne se soucie de savoir si le prix en est les enfants de Gaza.
La douloureuse réalité est que le monde, avec ses gouvernements et ses institutions, n’est pas seulement complice, il profite de ce qui se passe. L’humanité a été exécutée aux portes de Gaza, et le sang palestinien est devenu une monnaie dans le marché de l’hypocrisie internationale. La guerre à Gaza a révélé la nudité morale de ce monde, et montré combien est insignifiante la vie des innocents lorsque leurs intérêts ne s’alignent pas avec les géographies des grandes puissances. Seuls les peuples, les peuples vivants, continuent de crier, de protester, d’appeler… Mais y a-t-il quelqu’un qui écoute encore ? Quelqu’un qui a encore un cœur ? La réponse semble s’évanouir à mesure que les cris de Gaza s’intensifient, que le nombre de morts augmente, et que les cadavres s’entassent dans les ruelles et les hôpitaux à court même de poches de sang.
Dans un monde où Israël impose sa volonté à la communauté internationale, fait taire les voix qui la critiquent, sabote les résolutions de l’ONU, assiège les organisations humanitaires, contrôle les médias, et tire les ficelles de la politique mondiale, parler de « mainmise » n’est plus une image, mais une réalité qui se manifeste dans chaque scène.
Israël est devenue une entité au-dessus des lois, au-dessus de la morale, au-dessus de l’humanité. Et dans ce contexte, on est en droit de se demander : où est la justice ? Où est la conscience mondiale ? Où sont les valeurs dont se targue le monde dit libre ?
Ce qui se passe à Gaza n’est pas seulement une tragédie humaine, mais une véritable épreuve pour la conscience de l’humanité. Et si le silence et la complicité persistent, l’Histoire retiendra que le monde a été témoin de l’extermination d’un peuple entier, sans bouger le moindre doigt. Cette honte poursuivra tous ceux qui ont gardé le silence, tous ceux qui se sont rendus complices, tous ceux qui ont vendu leur humanité pour leurs intérêts mesquins.
Que le monde sache que Gaza, malgré ses blessures, continuera de battre, et que ses cris dérangeront encore les consciences vivantes, jusqu’au jour où la justice sera restaurée, où Israël sera tenu pour responsable de ses crimes, et où l’oppression prendra fin pour un peuple qui n’a jamais réclamé que son droit à vivre.
(Voir aussi les chroniques et articles postés par Brigitte Challande du Collectif Gaza Urgence déplacé.e.s quotidiennes sur le site d’ISM France et du Poing, article hebdomadaire sur le site d’Altermidi, et sur l’Instagram du comité Palestine des étudiants de Montpellier..)