Depuis le 7 octobre 2023, l’État hébreu fait face à une fuite massive de sa population la plus diplômée. Une fuite en avant, des « cerveaux » et d’une frange la plus à gauche de la population, lassés par une radicalisation de la société, du bellicisme de Tsahal et d’un coût de la vie qui explose. Centré sur l’économie de guerre, Israël n’a pas encore réagi pour tenter d’endiguer ce robinet ouvert. Aujourd’hui, les « immigrés » refont leur vie à l’étranger. Un bouleversement démographique où ces natifs d’Israël viennent recomposer une véritable diaspora à l’étranger et particulièrement dans l’Union européenne, pays de leurs ancêtres.
« J’en étais arrivée à un point où je ne pouvais plus supporter de rester là-bas », pointe Dror Sadot depuis Berlin. La jeune israélienne de 31 ans aux cheveux noirs bouclés a quitté Israël le 23 novembre 2023, peu après le 7 octobre. Avec sa compagne, elles ont rejoint la capitale allemande. L’ancienne porte-parole de l’ONG israélienne B’Tselem pour les droits de l’homme dans les territoires occupés disait se sentir « trop isolée » malgré une vie sociale se résumant à quelques amis et collègues portant les mêmes convictions. « Nous sommes une toute petite communauté d’anti-sionistes de gauche en Israël. Nous faisons de notre mieux pour lutter contre le régime politique en place. Je pense que pour moi, comme beaucoup d’autres, c’était trop dur de continuer ainsi, entourés par une communauté de plus en plus à droite et raciste ».
En Allemagne, Dror a retrouvé un travail et vit désormais dans le quartier du Neukölln, entourée de Libanais, Syriens, Palestiniens. « Déménager, quitter sa famille, sa vie, est difficile, mais ce n’est rien comparé au génocide en cours à Gaza. Ici à Berlin, j’ai ma compagne, j’ai retrouvé une communauté ; j’ai beaucoup de privilèges et je continue à me battre pour Gaza. Le plus dur n’est pas mon adaptation, mais c’est mon impuissance à empêcher et arrêter ces massacres. C’est le désespoir, et nous sommes désespérés », lance-t-elle.
Comme sa compatriote, Elie* a quitté “Eretz Israel” (Terre d’Israël) en 2021 pour Berlin, mais avoue avoir décidé d’un départ déjà un an avant cela. « J’ai décidé de prendre mes distances avec Israël quand Israël a définitivement pris ses distances avec un État où les droits des Palestiniens ne sont pas égaux (aux nôtres) », lâche ce jeune artiste à la moustache noire et aux longs cheveux. ll avoue la difficulté qu’il a de garder le lien avec ses proches : « Pour moi, personnellement, il y a désormais un fossé immense, émotionnellement, politiquement, avec ceux que je pensais faire partie de ma communauté à Tel-Aviv. Des humanistes, des artistes, des philosophes, des artistes. Tous ces gens m’ont déçu, par leurs engagements, face à ce génocide. C’est devenu trop difficile pour moi ».
Hémorragie
« Plus d’un demi-million d’Israéliens auraient quitté le pays au cours des six premiers mois de la “guerre” ». Ce chiffre colossal (5 % de la population) datant d’avril 2024 est difficilement vérifiable et est jugé peu fiable par des spécialistes locaux. Il émane pourtant du quotidien en ligne Time Of Israel plutôt placé à droite de l’échiquier politique et proche du pouvoir. Depuis, la bataille des chiffres fait rage dans le pays. Car concrètement, ce phénomène, dit de “Yerida” (la descente en hébreu et de départ), croise celui des Alyah (acte d’immigration en Terre d’Israël), et donc des arrivées.
Les autorités israéliennes ont elles établi qu’en 2024, 82 700 Israéliens avaient quitté Israël pour du long terme. Une nette augmentation par rapport à la décennie précédente, où en moyenne, 35 000 personnes avaient émigré à l’étranger.
« Le Centre de recherche et d’information de la Knesset (Parlement) a publié en juillet un rapport faisant état d’une baisse substantielle du nombre d’Israéliens de retour. La tendance générale suscite des inquiétudes. Si jusqu’en 2020, environ 7 000 Israéliens revenaient chaque année en moyenne, on observe depuis une baisse constante. En 2024, seulement la moitié de ce nombre est retourné au pays », détaille Isaac Sasson, professeur agrégé de sociologie à l’université de Tel Aviv.
Historiquement, Israël a connu deux mouvements de départs massifs. « Le premier fut peu après sa création dans les années 50 où les épidémies rendaient la vie difficile pour les nouveaux arrivants, puis avant 1967 et la colonisation de territoires arabes et palestiniens entiers qui relancèrent une économie moribonde », explique le chercheur indépendant en Histoire contemporaine et spécialiste de la Nakba, Thomas Vescovi. L’émigration reste cependant un sujet tabou dans la société israélienne, symbole d’un échec du projet sioniste. Celle-ci semble pourtant prendre un nouveau tournant.
Cette nouvelle fuite massive repose aujourd’hui sur différents facteurs : une radicalisation extrémiste de la vie politique, un coût de la vie élevé, l’impact des guerres à Gaza, au Liban, au Yémen, en Syrie et en Iran, ou des préoccupations purement sécuritaires après le raid meurtrier du Hamas.
Plus inquiétant, la société israélienne de sondage Ci Marketing établissait également en mai dernier dans le quotidien de gauche Haaretz que 40% des Israéliens interrogés songeaient à quitter Eretz Israel. Parmi eux, 81 % seraient des jeunes, des familles, âgés de 25 à 44 ans.
Ces données décrivent une société israélienne en crise où seules les populations en capacité financière de déménager et de trouver un travail à l’étranger grâce à des doubles passeports, partent.
Ofri, une jeune femme israélienne élancée aux yeux bleus et cheveux attachés, vit à Paris avec son compagnon et ses deux petites filles depuis dix ans. Si cette éducatrice a émigré en France par amour, celle-ci ne s’est jamais senti véritablement à l’aise en Israël malgré une famille et un entourage fortement engagé pour la cause palestinienne. « Adolescente, j’étais optimiste et active, mais avec le temps, j’ai perdu espoir de voir évoluer mon pays en observant la société se fasciser… Déjà en 2009 (opération armée « Plomb durci ») et 2014 (« Bordure protectrice »), les Israéliens n’avaient pas d’empathie quand on bombardait les civils de Gaza. À l’époque, on manifestait déjà contre depuis Paris », assène-t-elle depuis son appartement situé près du cimetière du Père-Lachaise. Avec son ami Michael, autre Israélien exilé, ils ont rendez-vous le soir sur la place du Trocadéro dans le 16ᵉ arrondissement, pour protester contre le génocide en cours à Gaza et demander au gouvernement français de faire pression sur le leur afin de cesser les massacres.
Rejet politique d’Israël
Au sol, dans la chambre de la fille d’Ofri, une grande banderole blanche marquée au feutre noir sèche avec la mention : « Franco-israélien.nes pour Gaza. Sanctionnez Israël maintenant, arrêtez ce génocide ». Le rendez-vous est fixé aux alentours de 19 heures. Seule une poignée d’Israéliens les attendront sur place, mais qu’importe. Ils continuent à manifester tous les dimanches, même en plein été. Ofri compare ce mouvement à une « petite graine » semée. En attendant qu’elle germe, cette maman de 42 ans juge important que des Israéliens montrent publiquement leur opposition au génocide et leur solidarité envers le peuple palestinien. « On pense que la toute petite résistance en Israël ne changera rien. Le plus urgent et le plus important pour nous, c’est de tout faire, pour arrêter le génocide en tant qu’Israéliens depuis l’étranger, en imposant des sanctions, en mettant une pression internationale et en continuant à manifester ».
Revenue voir sa famille au pays après le 7 octobre, Ofri dit ne pas avoir apprécié ce retour, retrouvant une ambiance encore plus dégradée qu’à l’accoutumée. « Un jour j’ai dit à mes amis : “Vous savez, un jour, vos enfants, vos petits-enfants vous demanderont ce que vous avez fait pendant la deuxième Nakba ?” Ils m’ont regardé avec des yeux choqués”. Bon déjà, ils reconnaissent au moins la première Nakba (rires) », rigole-t-elle. Ofri évoque une paralysie chez certains, incapables de se positionner franchement, car désabusés par la tournure ultra-religieuse et fascisante que prend la société israélienne. « Ce n’est pas facile pour tout le monde de partir. Il y a une énorme vague de départs en ce moment. Pas que des gens politisés (et antisionistes) comme nous… », tempère-t-elle.
Michaël considère lui que « l’inaction et l’indifférence » de ses compatriotes est une « sorte de complicité ». Cet homme aux yeux bleus et à la barbe fournie pense que pour contrer les procès en antisémitisme “automatiques” dès qu’il s’agit de critiquer les crimes israéliens, les prises de paroles des citoyens israéliens sont plus que nécessaires. « On a une légitimité à parler. Mais on a surtout une responsabilité et un devoir de dire les choses. Peut-être qu’on écoutera davantage un Israélien qui demande à son pays d’arrêter un génocide ? », demande-t-il.
Cet acteur de 38 ans ayant notamment figuré dans le dernier film de Jacques Audiard a quitté Israël pour vivre à Paris, « Je ne me vois pas retourner y faire ma vie, assène-t-il. Quand j’y suis allé dernièrement pour rendre visite à la famille, je l’ai mal vécu. J’ai retrouvé des amis, des proches avec qui je ne pouvais plus dialoguer. Je ne voulais pas entendre ce qu’ils avaient à dire. Certains acceptent ce que nous faisons aux Palestiniens, et d’autres le soutiennent carrément. Il est très facile en Israël de mettre des œillères et de ne pas vouloir voir la réalité. La sensation de revenir chez moi, la facilité que j’ai avec la langue, tous les avantages que j’ai là-bas sont bien moindres comparé à ma déception vis-à-vis d’Israël.»
Pour le moment, Michaël ne veut plus y retourner. Il fustige ses amis de “gauche” qui arrivent à « mener leur vie comme avant », trouvant des « excuses à leur pays » et l’accusant même « d’extrémisme et de fou » pour avoir publié des vidéos d’enfants gazaouis tués par les bombardements israéliens sur ses réseaux sociaux.
Plus qu’un gouvernement acquis à des forces politiques extrémistes, la population israélienne semble avoir plongé pour sa majorité dans un violent désir de vengeance et de déshumanisation des Palestiniens. Dans un récent sondage, 47 % des Juifs israéliens ont répondu “oui” à la question : « Soutenez-vous que la conquête d’une ville ennemie, devrait se faire comme les Israélites lorsqu’ils ont conquis Jéricho sous la direction de Josué, c’est-à-dire tuer tous ses habitants ? ». 82 % soutiennent par ailleurs l’expulsion forcée des Palestiniens de la bande de Gaza.
Quitter Israël m’a fait ouvrir les yeux
Comme beaucoup d’Israéliens ayant quitté un pays où l’existence du peuple palestinien est majoritairement niée, où l’exil de 700 000 Palestiniens lors de la Nakba est souvent justifiée dans un narratif officiel par un prétendu “volontariat” ou par la faute des armées arabes, où le mot Nakba est absent de la plupart des écoles et universités, Michaël a déconstruit sa manière de penser en arrivant en France.
« J’ai réalisé que j’avais été endoctriné quand j’ai commencé à rencontrer des Palestiniens et des Libanais (hors d’Israël). En France, j’ai eu des conversations très longues que je ne pouvais avoir là-bas. Petit-à-petit, j’ai pris conscience de la réalité ». L’acteur réalise alors qu’il n’avait jusque-là jamais considéré ses amis arabes israéliens comme des Palestiniens. « Le terme “arabe israélien” est une manière de masquer leur identité. Cette déshumanisation est partout en Israël, même dans le langage », admet-il après coup.
En 1948, après l’expulsion forcée de 700 000 autochtones par les milices sionistes, quelques milliers de Palestiniens ont réussi à rester malgré tout, majoritairement dans le nord d’Israël, en Galilée. Appelés les “Arabes de 48”, ils obtiennent la nationalité israélienne, sans en obtenir cependant tous les droits.
Michaël a également longtemps nié l’instrumentalisation qu’il est parfois faite de la Shoah et de la “menace existentielle” brandie par Israël, expliquant « La Shoah fait partie de notre identité, on va à Auschwitz, on nous parle de cela à l’école. On apprend qu’on a besoin d’un abri, d’un État. Ce qui est vrai, mais du coup, tu ne peux plus débattre, de cet État, car sinon on va contre l’idée de l’auto-défense. L’antisionisme est tabou, parce qu’on est né en Israël, point ce n’est pas un débat »
Pendant le nettoyage ethnique de la Palestine entre 1947 et les années 1950 – théorisé par le méticuleux plan Daleth – où les villages palestiniens étaient méticuleusement détruits et les populations massacrées et expulsées, Ben Gourion brandissait en effet déjà la menace existentielle pesant sur les populations juives présentes sur place et évoquait aux puissances occidentales la possibilité d’une seconde Shoah. Un stratagème pour justifier devant la communauté internationale le nettoyage ethnique des villages palestiniens, dans un premier temps défendus seulement par une poignée de volontaires syriens, irakiens ou libanais mal équipés. Récemment, c’est la prétendue menace existentielle nucléaire qui fut avancée pour bombarder l’Iran en dépit du droit international, tuant de nombreux civils.
« Je me souviens, j’étais outré par ces discours. J’étais hors de moi, et coupais court à la conversation quand on me parlait de ça. Mais le fait d’avoir quitté Israël m’a fait comprendre des choses, notamment sur la Nakba. Des événements qu’on ne nous raconte pas là-bas », se souvient Michaël.
Les historiens israéliens post-sionistes des années 1980 ayant basé leurs travaux sur des archives établissant qu’Israël a bien méthodiquement organisé le nettoyage ethnique, ont eu du mal à intégrer le monde académique en Israël. Simha Flapan, Tom Segev, Ilan Pappé ou Avi Shlaïm sont ainsi des intellectuels davantage connus à l’extérieur des frontières israéliennes.
Eden a lui grandi en France après la fuite de ses parents d’Israël en 1985. L’homme de 37 ans raconte y avoir passé une bonne partie de ses étés jusqu’à sa tardive adolescence sans comprendre vraiment la motivation profonde de son père et de sa mère. « À cette époque, il y avait déjà eu pas mal de guerres et la colonisation existait. On était aussi dans une période orwellienne où toutes les interventions militaires portaient, comme aujourd’hui, des noms grotesques. L’opération « Paix en Galilée » — où l’armée israélienne a déployé plusieurs milliers de soldats au Liban afin d’éliminer les bases de la résistance palestinienne — n’en était pas une. Ma mère m’a avoué que le fait qu’Israël ait nommé une opération de guerre “Paix” a motivé leur départ ».
Inscrit dès le plus jeune âge en France à “L’hashomer hatzaïr” (la jeune garde en français), un mouvement de jeunesse juif sioniste de “gauche”, Eden se construit un imaginaire tronqué d’Israël. Si pendant ses camps d’été, la colonisation en Cisjordanie est vivement critiquée et l’égalité des droits entre israéliens et palestiniens est promue, le mot Nakba n’est lui jamais évoqué, et les accords d’Oslo sont simplement présentés comme “progressistes”.
Émigration juive en Europe
Ce n’est qu’une fois rentré à Tolbiac à Paris, en cursus Histoire et Sciences Politiques que ce franco-israélien se politise. « Je me suis déconstruit progressivement. L’idée qu’il était possible d’être sioniste et de gauche n’a pas fait long feu. Au fur et à mesure, je me suis intéressé, j’ai lu et j’ai écouté d’autres avis. Ça s’est fait sur pas mal d’années », lance Eden depuis une terrasse d’un café du vingtième arrondissement.
Avant le 7 octobre, il pressentait que son pays d’origine serait voué à « disparaître de gré ou de force » après l’avènement d’une« troisième intifada et qu’Israël allait répondre de manière inhumaine et que cette inhumanité allait l’amener vers sa disparition ». Ce documentariste n’a pas souhaité faire les démarches pour renoncer à sa nationalité israélienne, mais a décidé qu’il ne renouvellerait pas son passeport. Un geste symbolique en guise de protestation contre le génocide que commet son pays à Gaza.
« Ça me fait encore mal à bouche de dire “génocide”, alors que je le pense de fait. Vous savez, selon moi, Israël n’est pas un refuge pour les juifs de ce monde, mais plutôt un piège », ose Eden. Contrairement à l’idée d’une solution à deux États avancée comme remède miracle, notamment par la France, lui plaide pour une « coexistence sous une forme ou une autre de tous les citoyens qui habitent là-bas, qu’ils soient Palestiniens, Israéliens, musulmans, juifs, chrétiens, druzes etc. Avec une égalité de droits. C’est ma définition de l’antisionisme ».
L’État binational rêvé par ce jeune père de deux enfants est loin d’avoir encore esquissé ses premiers contours. En attendant, lui et sa famille n’iront pas se réinstaller en Israël. « Je ne me sens pas Israélien de toute façon », explique-t-il fermement. « Récemment, ma fille de 7 ans m’a dit qu’elle n’aimait pas l’hébreu ni Israël. Elle capte quand on en parle et on a expliqué avec des mots pour un enfant ce qui se passait là-bas. Ça me brise un peu le cœur parce que j’ai l’impression de ne plus avoir grand-chose à transmettre. Surtout que j’ai grandi dans la fierté d’être Israélien et dans le plaisir d’y aller ».
Dans un pays où un quart de la population vit sous le seuil de pauvreté, la majorité des Israéliens en capacité de s’exiler constitue de fait les forces vives du pays : chercheurs, médecins, ingénieurs, artistes, entrepreneurs. « La principale destination reste les États-Unis, mais de nombreux pays d’Europe ont également bénéficié de l’arrivée d’émigrants israéliens ces dernières années : l’Allemagne, le Portugal ou encore la Grèce », explique Karine Lamarche, sociologue et chercheuse au CNRS, spécialiste d’Israël.
Car depuis quelques années, la tendance est au retour des descendants de juifs ashkénazes dans le pays de leurs ancêtres comme l’Allemagne, la Pologne, le Portugal, la Bulgarie, etc. « Les politiques mises en place en Allemagne et dans la plupart des pays d’Europe de l’Est offrent la possibilité aux juifs ayant des ancêtres européens de récupérer la nationalité de ces derniers et de se doter ainsi d’un passeport de l’Union européenne. Les autres parviennent généralement à obtenir un titre de séjour en tant qu’étudiants ou artistes, ou bien encore par le biais de leur conjoint », explique la chercheuse.
Selon elle, ces départs des yordim (ceux qui font la yerida) dans les pays de leurs ancêtres témoignent notamment d’un privilège de classe d’origine ashkénaze. « Il faut disposer d’un passeport européen hérité de ses grand-parents, ou arrière grand-parents, comme une partie des Israéliens qui s’installent en Europe ».
La Pologne, la Hongrie, la Roumanie, la Tchéquie et la Bulgarie ont observé un retour de populations juives venues d’Israël. Des chiffres datant de 2013 estiment que près de 350 000 Israéliens auraient obtenu un passeport européen, soit 6 % de la population juive de l’État hébreu. Une émigration vers les pays européens où les États sont conquis un à un par l’extrême droite. « Avant, quand la gauche sioniste était au pouvoir en Israël, le pays était considéré comme un refuge, mais les juifs pouvaient aussi rester à l’international, car ils avaient un rôle à jouer dans le soutien international. Sous Benyamin Netanyahou, c’est différent. Lui considère que le destin de chaque juif est de migrer en Israël parce que le soutien international se fait via les… pays d’extrême droite du monde », explique Thomas Vescovi, chercheur indépendant en histoire contemporaine, auteur de La Mémoire de la Nakba en Israël. Une stratégie mettant en danger de plus en plus d’Israéliens désireux de se tenir désormais éloignés d’Eretz Israel, et de vivre, enfin, une vie paisible.