14.04.2020 – Cracher sur quelqu’un est une insulte universelle. En Israël, par contre, cracher sur les Palestiniens est une toute autre histoire. Maintenant que nous savons que le coronavirus mortel peut être transmis par des gouttelettes de salive, les soldats israéliens et les colons juifs illégaux redoublent d’effort pour cracher sur le plus grand nombre possible de Palestiniens, leurs voitures, leurs poignées de porte, etc.
Si cela vous semble trop surréaliste et répugnant, alors vous ne connaissez peut-être pas les particularités du colonialisme israélien aussi bien que vous le pensez.
En toute justice, les Israéliens ont craché sur les Palestiniens bien avant que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ne nous fasse la leçon sur la nature insaisissable de la maladie COVID-19 et sur la nécessité cruciale d’appliquer la « distanciation sociale ».
En effet, si vous cherchez sur Google l’expression « crachat israélien », vous serez inondé de nombreux résultats de recherche intéressants, comme « Un juge de Jérusalem aux Juifs : Ne crachez pas sur les chrétiens », « Les chrétiens de Jérusalem veulent que les juifs cessent de leur cracher dessus », et plus récemment, « Les colons israéliens crachant sur les voitures palestiniennes suscitent des inquiétudes quant à la tentative de propagation du coronavirus ».
Il est intéressant de noter que la plupart de ces chroniques ont été réalisées au fil des ans par les médias israéliens eux-mêmes, mais ils ont peu intéressé les grands médias occidentaux.
On pourrait facilement classer ces actes dégradants comme un autre exemple du sentiment malvenu de supériorité des Israéliens sur les Palestiniens. Mais la tentative délibérée d’infecter les Palestiniens occupés avec le coronavirus est méprisable, même pour un régime colonial. Deux éléments particuliers de cette histoire méritent qu’on s’y arrête :
Premièrement, les actes de crachement sur les Palestiniens et leurs biens, tant par les soldats d’occupation que par les colons, ont été largement relatés dans de nombreuses parties de la Palestine occupée.
Cela signifie qu’en quelques jours, les cultures de l’armée israélienne et des colons ont si rapidement adapté leur racisme préexistant à l’utilisation d’un virus mortel comme dernier outil pour soumettre et nuire aux Palestiniens, que ce soit physiquement ou symboliquement.
Deuxièmement, le degré d’ignorance et de bouffonnerie qui accompagne ces actes racistes et dégradants.
Le paradigme du pouvoir qui a régi la relation entre l’Israël colonial et les Palestiniens colonisés a, jusqu’à présent, suivi une trajectoire typique, où les mauvaises actions d’Israël restent souvent impunies.
Ces Israéliens racistes qui essaient délibérément de contaminer les Palestiniens avec le COVID-19 sont non seulement criminels dans leur pensée et leur comportement, mais aussi complètement idiots.
Lorsque les soldats israéliens arrêtent ou frappent des militants palestiniens, ils sont aussi susceptibles de contracter le coronavirus que de le transmettre.
Mais, bien sûr, Israël fait beaucoup plus pour compliquer, sinon entraver entièrement, les initiatives palestiniennes mises en place pour contenir la propagation du coronavirus.
Le 23 mars, les autorités israéliennes ont jeté du côté palestinien du checkpoint Beit Sira, près de Ramallah, un travailleur palestinien, Malek Jayousi, suspecté d’être porteur du coronavirus.
Une vidéo montrant le pauvre ouvrier blotti près du poste de contrôle après avoir été « jeté comme un déchet », est devenue virale sur les réseaux sociaux.
Aussi choquante que soit cette image, elle a été répétée dans d’autres parties de la Cisjordanie .
Bien sûr, les travailleurs palestiniens n’ont pas été testés pour le virus, mais ils ont simplement présenté des symptômes de type grippal, suffisamment pour qu’Israël les élimine comme si leur vie n’avait aucune importance.
Deux semaines plus tard, le gouverneur palestinien de la ville occupée de Qalqiliya, Rafi’ Rawajbeh, a déclaré aux journalistes que l’armée israélienne avait ouvert plusieurs tunnels d’évacuation des eaux usées (photo ci-dessous) près de la ville palestinienne du nord, dans le but de faire revenir clandestinement des travailleurs palestiniens en Cisjordanie , sans coordination préalable avec l’Autorité palestinienne.
Sans tester des centaines de ces travailleurs clandestins, l’Autorité palestinienne, qui opère déjà avec une capacité limitée pour lutter contre la maladie, sera dans l’impossibilité de contenir la propagation du virus.
Les affirmations palestiniennes concernant la tentative délibérée d’Israël d’aggraver la propagation du coronavirus en Palestine ont été confirmées par Euro-med Monitor, basé à Genève, qui, le 31 mars, a appelé la communauté internationale à enquêter sur le « comportement suspect » des soldats israéliens et des colons juifs.
Lors des raids de l’armée israélienne sur les maisons palestiniennes, les soldats « ont craché sur les voitures garées, les distributeurs automatiques et les serrures des magasins, ce qui fait craindre des tentatives délibérées de propagation du virus et de créer la panique dans la société palestinienne », a déclaré Euro-Med.
L’article 56 de la quatrième Convention de Genève ne dit rien sur la nécessité pour les membres de la puissance occupante de cesser de cracher sur les communautés occupées et soumises ; très probablement, parce qu’il est acquis qu’un comportement aussi sordide est totalement inacceptable et ne nécessite pas de référence textuelle distincte.
Cependant, l’article 56, comme l’a récemment souligné le rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens, Michael Lynk, exige d’Israël, la puissance occupante, qu’il « veille à ce que tous les moyens préventifs nécessaires dont il dispose soient utilisés pour combattre la propagation des maladies contagieuses et des épidémies ».
Cependant, Israël ne remplit pas son mandat légal, et ce de manière horrible.
Le maire israélien de Jérusalem, Moshe Leon, lui-même, a souligné l’inégalité de la réponse officielle israélienne à la propagation du coronavirus.
Dans sa lettre du 7 avril au directeur général du ministère israélien de la santé, Moshe Bar Siman Tov, Léon a mis en garde contre « la grave pénurie d’équipements médicaux dans les hôpitaux (palestiniens) de Jérusalem -Est (occupée), en particulier d’équipements de protection et d’équipements pour effectuer des tests de dépistage du coronavirus ».
Malgré les graves pénuries dans les hôpitaux de Jérusalem Est et de Cisjordanie , la situation dans la bande de Gaza assiégée est tout simplement désastreuse, puisque le ministère de la santé de Gaza a déclaré le 9 avril qu’il était à court de kits de test pour les coronavirus, qui n’ont jamais dépassé quelques centaines.
Cela signifie que les nombreux habitants de Gaza qui sont déjà en quarantaine ne seront pas déconfinés de si tôt, et que de nouveaux cas ne seront pas détectés, et encore moins guéris.
Nous avons averti à plusieurs reprises au cours des dernières semaines que ce scénario terrifiant allait se produire, d’autant plus qu’Israël utilise le coronavirus comme une occasion d’isoler davantage les Palestiniens et de troquer une aide humanitaire potentielle contre des concessions politiques.
Sans une intervention immédiate et durable de la communauté internationale, la Palestine occupée, et en particulier la bande de Gaza appauvrie et assiégée, pourrait devenir un foyer de COVID-19 pour les années à venir.
Israël ne relâchera jamais ses efforts sans une intervention internationale. Sans être obligé de rendre compte, ce n’est pas un virus mortel qui changera les habitudes d’une occupation militaire ignoble.
Source : Middle East Monitor
Traduction : MR pour ISMVoir en ligne : l’article sur le site de ISM (International Solidarity Movement)