C’est avec une très grande tristesse et inquiétude que l’Union Juive Française pour la Paix a pris connaissance du meurtre de Mireille Knoll. Nous condamnons ce crime odieux dont le caractère antisémite est le motif retenu par le Parquet. Âgée de 85 ans, elle avait survécu à l’horreur nazie et aux déportations, menées avec la complicité de l’État français, qui avaient touché nombre de membres de sa famille et coreligionnaires.
Dans ce climat tendu et alors que le fils de la défunte invite celles et ceux qui le souhaitent à participer à la marche blanche prévue à 18h30 Place de la Nation, le CRIF (Conseil Représentatif des Institutions Juives de France) n’en finit pas de semer la division et s’octroie même le droit de désigner les personnes qui ont leur place à ce moment de recueillement.
Pourtant, en prétendant faire de la lutte contre l’antisémitisme la mère de toutes les batailles, et en amalgamant sciemment l’opposition à la politique israélienne et la haine des Juifs, son agenda se résume en réalité à relayer la propagande de cet État et à discréditer le mouvement de solidarité avec la Palestine en faisant de lui le ventre fécond de la bête immonde. Son inénarrable président, Francis Kalifat, ne recule devant rien – et sûrement pas devant la diffamation. Il l’a en effet prouvé une fois encore hier soir en renvoyant dos à dos le Front National et la France Insoumise : les « deux extrêmes » (sic) ne seraient pas les bienvenus à la Marche blanche organisée à la mémoire de Mireille Knoll. La critique d’Israël à gauche, cette « forme réinventée de l’antisémitisme » pour reprendre la dangereuse formule du Président Macron, et l’antisémitisme, bien réel celui-ci, de l’extrême-droite, ce serait la même chose ! Si la ficelle est un peu grosse, elle n’est certainement pas nouvelle : c’est le carburant de la machine de propagande des soutiens hexagonaux hystériques à Israël.
L’UJFP milite et continuera de militer inlassablement contre l’antisémitisme, toujours en récusant ces tentatives minables et obscènes d’instrumentalisation, et avec la conviction que la lutte contre l’antisémitisme ne doit pas être isolée du reste de la lutte contre le racisme : il est essentiel qu’elle soit portée par tou-te-s – victimes du racisme ou allié-e-s, Juifs/Juives ou non –, pour qu’enfin nous l’arrachions des mains de ceux qui l’exploitent et la dégradent au profit de la seule satisfaction d’autres agendas.
L’UJFP répond donc à l’invitation de Daniel Knoll et appelle ses militant-e-s et adhérent-e-s à lui apporter leur soutien, dans la dignité que requièrent les marches blanches organisées à la mémoire de sa mère, Mireille Knoll.
Nous espérons que le CRIF, entre autres, saura garder à ces démonstrations de solidarité le recueillement nécessaire. Nous nous y engageons pour notre part.
Le Bureau national de l’UJFP, le 28 mars 2018