Des voix qu’on n’avait pas l’habitude d’entendre commencent à parler de « Juifs fascistes » au pouvoir en Israël, à l’image du grand philosophe israélien Yeshayahou Leibowitz (décédé en 1994) qui avait très tôt parlé de mentalité nazie.
Les rapports venant d’organismes de l’ONU ou d’associations des droits de l’homme s’accumulent pour dénoncer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité perpétrés contre les Palestiniens. Et pourtant, partout en Occident, des officines complices continuent d’essayer de criminaliser tout soutien aux droits des Palestiniens.
Il y a les États-Unis où l’AIPAC (American Israel Public Affairs Commitee) utilise tous ses moyens pour faire élire ou faire battre les candidats aux élections selon leur position par rapport à Israël.
Il y a la France où le CRIF est à la manœuvre, où le Président, lui-même, assimile grossièrement antisionisme et antisémitisme et où le gouvernement a essayé, sans succès, de dissoudre des associations comme « Palestine Vaincra ».
Il y a l’Allemagne où tous les grands partis politiques, y compris Die Linke, essaient de faire taire tout soutien à la Palestine. Le compte bancaire de l’association « Jüdische Stimme für einen gerechten Frieden in Nahost », association sœur de l’UJFP avec qui elle milite dans le Réseau Juif européen pour une paix juste, a été fermé en décembre 2016 parce que cette association s’est prononcée pour le boycott d’Israël.
Toutes ces initiatives répondent à une demande qui est partie d’Israël : délégitimer les mouvements ou les personnalités défendant les droits des Palestiniens, faire interdire le BDS, utiliser systématiquement l’accusation infamante d’antisémitisme.
Le parti travailliste britannique s’est montré un excellent élève de cette stratégie. En 2015, un vote direct des membres du parti désavoue l’appareil du parti et désigne à une large majorité Jeremy Corbyn comme candidat du parti au poste de Premier ministre. Corbyn, membre d’Amnesty International, a toujours combattu la politique intérieure et la politique étrangère de Tony Blair. Il a manifesté son attention pour la cause palestinienne.
Tout va être entrepris pour l’abattre. Déjà en 2016, Ken Livingstone, ancien maire de Londres, est exclu du parti travailliste pour ses positions pro-palestiniennes.
De mystérieux tweets antisémites, dont les auteurs semblent n’avoir aucune existence réelle, vont apparaître sur le site du parti travailliste. Corbyn, éberlué, se défendra mal. La veille des élections législatives de 2019, le rabbin Ephraïm Mirvis appellera ouvertement à voter contre lui.
Même si les causes de la défaite de Corbyn sont multiples, il est clair qu’il a été victime d’une campagne bien orchestrée.
La droite du parti travailliste a poursuivi son offensive en obtenant son exclusion temporaire du parti.
Après Corbyn, Ken Loach. Le grand cinéaste a toujours combattu les injustices et il a soutenu Corbyn. Il est exclu en mai 2021 du parti.
La dernière victime des purges peut difficilement être salie sous l’accusation infamante d’antisémitisme. Il s’agit de Naomi Wimborne-Idrissi. Elle est membre du groupe « Jewish Voices for Labour » (Voix Juives au parti travailliste). Toute l’accusation repose sur le fait qu’elle soutient le BDS et milite avec plusieurs groupes palestiniens. Elle a été exclue de l’instance dirigeante du parti.
L’UJFP alerte sur les effets des campagnes lancées pour délégitimer la solidarité avec la Palestine.
Elle dénonce l’alignement de la direction du parti travailliste britannique avec l’apartheid israélien et l’épuration en son sein.
Elle appelle l’ensemble des partis politiques européens à être vigilants et à résister à toutes les manœuvres qui seront entreprises pour faire taire toute critique de la politique israélienne.
La Coordination nationale de l’UJFP, le 21 décembre 2022