L’hommage de ses enfants à Maurice Rajsfus

Maurice n’est plus.

Il nous a quittés le samedi 13 juin 2020, à 92 ans,

après un dernier combat inégal contre la maladie.

Maurice Plocki, dit Maurice Rajsfus, dit Michel Marc, dit A. Joffé était né le 9 avril 1928, à Paris,

de parents émigrés juifs polonais, ayant fui autant l’antisémitisme que le carcan étouffant de la religion.

Arrêté au matin du 16 juillet 1942, avec sa sœur et ses parents, durant la rafle du Vel d’Hiv,

Il ne doit sa survie (ainsi que sa soeur Jenny) qu’à l’incohérence administrative et à la lucidité de ses parents qui ne les retinrent pas avec eux, à la différence d’autres parents, lorsqu’une possibilité de libération des enfants de moins de 16 ans fut annoncée.

L’un des deux flics venus arrêter la famille était un voisin de palier qui ne faisait que son « devoir » de flic, aux ordres de l’occupant nazi.

Ce rapport plus que rugueux avec la police française, dès l’âge de 14 ans, ne devait pas faciliter, par la suite, son rapport avec cette institution qui, contre toute évidence, se proclame républicaine.

Nous avons pu, lors de ses derniers jours de lucidité lui dire ce qui se passait à Paris et dans le monde entier, contre les violences policières et le racisme policier.

Il est paradoxal qu’il soit parti alors que le combat qu’il a mené souvent seul, en éclaireur, sur ces questions, durant des dizaines d’années, prend aujourd’hui des dimensions à la hauteur de ces violences systémiques inacceptables et de leur déni par leurs auteurs et leurs donneurs d’ordre.

Le bulletin Que fait la police ?, publié trimestriellement entre 1994 et 2014, en témoigne. Les archives en sont toujours accessibles sur le Net (http://quefaitlapolice.samizdat.net)

Une fiche lui est consacrée dans Le Maitron en ligne (dictionnaire biographique du mouvement ouvrier) pour celles et ceux qui souhaitent en savoir plus sur son long parcours militant. (https://maitron.fr/spip.php?article205974)

Maurice nous a appris l’esprit critique et l’insoumission à l’air du temps. Il n’a jamais recherché le confort des majorités, dont il se méfiait. Passé par plusieurs partis politiques, il a fini par choisir une voie personnelle, tout en continuant de « cousiner », comme il aimait à le dire, avec les uns et les autres, à gauche de la gauche.

Michelle et Marc

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