Julien Clerc,
Un concert de vous est annoncé le 7 juillet prochain à l’Opéra National de Tel Aviv.
C’est vous, l’ambassadeur de bonne volonté du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, que nous voudrions interpeller aujourd’hui.
Vous ne pouvez ignorer les 4 millions de réfugiés palestiniens encore aujourd’hui (d’après l’UNRWA, l’agence des Nations Unies chargée des réfugiés palestiniens) alors que l’Assemblée générale des Nations unies a voté le droit au retour des réfugiés palestiniens dans sa résolution 194 du 11 décembre 1948… c’était il y a 64 ans. Le rôle que vous assumez comme ambassadeur n’est-il pas aussi celui de porte parole pour les droits de ces millions de personnes déracinées par la force ?
Vous qui chantiez « Partir Partir, même loin de quelqu’un ou de quelqu’une, même pas pour aller chercher fortune, partir sans rien dire, vivre en s’en allant », vous ne pouvez ignorer que « vivre en s’en allant » est le quotidien d’une trop grande part de la population palestinienne quand elle peut encore vivre, entre les incursions militaires régulières meurtrières sur Gaza assiégée, les nombreux check points qui rendent la circulation impossible en Cisjordanie, les privations quotidiennes d’eau, d’électricité, de nourriture, et l’arbitraire de la justice israélienne qui détient dans ses prisons plus de 4600 prisonniers politiques palestiniens dont 210 enfants.
Nous vous proposons aussi de lire le rapport remis le 31 janvier 2013 par une mission internationale de l’ONU chargée d’étudier l’impact des colonies de peuplement dans les territoires palestiniens occupés : « L’ampleur des violations commises par Israël s’agissant de la dépossession de terres, des évictions, des démolitions de logement et des expulsions de Palestiniens confirme le caractère généralisé de ces violations. La violence et l’intimidation à l’encontre des Palestiniens sont motivés par le désir de chasser les populations locales de leurs terres, permettant ainsi l’expansion des colonies de peuplement ».[note] http://www.un.org/french/newscentre/pdf/2013/31012013Fr.pdf ; http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=29734&Cr=Isra%EBl&Cr1=colonies#.USXcLvKLVfQ]]
Cher Julien Clerc, irez-vous chanter en Israël sachant que le peuple palestinien ne pourra venir vous applaudir car il est relégué derrière un mur de séparation que la Cour Internationale de Justice a condamné par ces mots : « L’édification du mur qu’Israël, puissance occupante, est en train de construire dans le territoire palestinien occupé, y compris à l’intérieur et sur le pourtour de Jérusalem-Est, et le régime qui lui est associé, sont contraires au droit international ». Pouvez-vous cautionner par votre présence et votre chant la politique d’oppression quotidienne exercée en toute impunité sur la population palestinienne ?
Pouvez-vous, vous l’ambassadeur de bonne volonté, faire comme si vous ne saviez pas ?
Nous vous le demandons : dites non ! N’acceptez pas de « blanchir » par votre présence et votre chant ce que certains appellent la démocratie israélienne. Démocratie qui ne concerne aujourd’hui qu’une partie de la population de ce pays, alors que l’autre, palestinienne, doit se contenter dans le meilleur des cas d’ une citoyenneté de seconde zone et subit un régime de discriminations légales.
La campagne BDS (Boycott-Désinvestissements-Sanctions), nous tenons à vous le préciser, n’est pas une campagne contre les Israéliens, elle ne vise pas des personnes, mais un régime politique et ses institutions. C’est une campagne internationale pacifiste qui vise, à la demande de la société civile palestinienne soutenue par la frange la plus progressiste des citoyens israéliens, à briser l’impunité accordée à Israël quoiqu’il fasse, en boycottant le régime israélien et ses institutions tant qu’il ne respectera pas le droit international.
La campagne BDS s’inspire de la campagne contre l’Apartheid en Afrique du Sud et compte à présent de nombreuses personnalités artistiques qui ont choisi en leur âme et conscience de ne pas participer à cette politique d’Apartheid en la cautionnant par leur présence. Elles ont choisi de ne pas se produire en Israël tant que son gouvernement ne respectera pas le droit international. Parmi elles : Cassandra Wilson, Natacha Atlas, Cat Power, Jello Biafra, Lhasa, Gilles Vigneault, Roger Waters, Elvis Costello, Carlos Santana, Annie Lennox, Vanessa Paradis, Gil Scott-Heron, Les Pixies ou Massive Attack, et aussi Peter Brook Susan Sarrandon et de nombreux acteurs et comédiens du monde entier.
Julien Clerc, vous le chanteur engagé pour de nombreuses causes humanitaires, des Enfoirés à Chanteurs sans frontières, de l’Action mondiale contre la pauvreté au soutien aux réfugiés, ne fermez pas les yeux, n’ignorez pas les innombrables violations des droits humains exercées par un régime aujourd’hui d’extrême-droite et qui ne cherche qu’à se renforcer du fait de la présence d’artistes tels que vous.
Nous vous proposons d’annuler ce concert pour servir la cause de la justice, et du respect du droit, en conformité avec vos engagements de toujours. Nous serions très honorés de pouvoir vous rencontrer pour discuter avec vous de tout ceci si vous le souhaitez, et nous restons à votre entière disposition pour vous fournir toute information utile. .
Linda, pour la Campagne BDS France
« Rester neutre face à l’injustice, c’est avoir choisi son camp. » Desmond TuTu
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