Jean-Pierre Jeudy, ex-maire de Carhaix et membre de l’AFPS Finistère, (qui connaît bien Richard Ferrand qui, avant d’être appelé à de hautes fonctions, était, comme Manuel Valls sympathisant de la cause palestinienne), vient de lui envoyer une lettre, que nous publions ci-après.
Richard,
Comme tu peux t’en douter le discours de notre président devant le CRIF m’indigne et me hérisse le poil.
Passons sur le fait qu’à nouveau et sans attendre la décision de la cour Européenne de Justice saisie à ce sujet, il assimile à un délit l’appel au boycott et BDS pour lutter contre la politique israélienne en Palestine (heureusement qu’il n’était pas encore président quand les uns et les autres nous appelions au boycott de l’Afrique du sud de l’apartheid !),
Mais, à nouveau il renouvelle l’intolérable assimilation antisionisme et antisémitisme.
Au mépris de quelques vérités historiques élémentaires :
– Avant le nazisme et la Shoah, les antisémites européens (comme Lord Balfour, signataire de la fameuse déclaration de 1917) étaient également sionistes. En effet pour débarrasser l’Europe de ses juifs, ils étaient favorables à leur installation au Moyen Orient.
– Le sionisme d’aujourd’hui ce n’est pas la défense de l’État d’Israël dans les frontières que l’ONU lui a reconnues en 1947. Le sionisme d’aujourd’hui c’est la volonté de poursuivre son extension par l’annexion, l’occupation et la colonisation. Les « formes modernes du sionisme » pour reprendre les propos du Président, entraînent donc la répression contre la population arabe réduite à un statut inférieur ou tout simplement expulsée. Tout cela au mépris du droit international appliqué à tous les autres pays dans le monde
– Si demain moi et mes amis nous devons être poursuivis pour « antisionisme », il vous faudra poursuivre aussi tous les juifs progressistes qui luttent contre cette politique. Et la loi française s’attaquant ainsi à des citoyens d’origine juive deviendra donc par là même antisémite. Quel paradoxe !
Merci de transmettre plus haut cette colère et cette indignation. C’est celle de tous les militants pour la paix, la justice et la liberté du peuple Palestinien.
Une lutte qui a chevillé au cœur le combat contre le racisme sous toutes ses formes, y compris bien entendu l’antisémitisme.
Mon amitié,
Jean-Pierre