Communiqué de l’Association belgo-palestinienne suite aux propos de Mahmoud Abbas sur la persécution des Juifs. Publié le 5 mai 2018.
Lors d’une réunion du Parlement de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), le président de l’État de Palestine, Mahmoud Abbas, a cru bon de livrer son interprétation de la persécution endurée par les Juifs en Europe au fil des siècles : « La haine des Juifs n’est pas due à leur religion, mais à leur fonction dans la société […] : l’usure, la banque, etc. »
Les excuses bienvenues exprimées depuis lors par Mahmoud Abbas et sa condamnation répétée du négationnisme n’enlèvent rien à la gravité de ces propos. Ceux-ci recyclent en effet les clichés les plus abjects de l’extrême droite antisémite et reviennent à faire reposer ces persécutions non pas sur l’intolérance religieuse et le racisme, mais sur le comportement supposé des Juifs eux-mêmes. Le fait que des hauts dignitaires israéliens expriment eux-mêmes des propos ouvertement racistes, anti-arabes et islamophobes sans susciter la moindre indignation au niveau international ne doivent pas nous empêcher de condamner ce dérapage de la manière la plus ferme.
Le mouvement de défense de la cause palestinienne dans lequel s’inscrit l’Association belgo-palestinienne (ABP) a toujours exprimé sa plus claire condamnation de toute forme d’antisémitisme, de négationnisme et notamment de toute tentative de relativiser les souffrances injustement endurées par les Juifs au fil des siècles. Rappelons ici les propos exprimés en 1998 par le grand philosophe du postcolonialisme, le Palestinien Édouard Said :
« La thèse selon laquelle l’Holocauste ne serait qu’une fabrication des sionistes circule ici et là de manière inacceptable. Pourquoi attendons-nous du monde entier qu’il prenne conscience de nos souffrances si nous ne sommes pas en mesure de prendre conscience de celles des autres, quand bien même il s’agit de nos oppresseurs ? »
Au-delà de ces questions de principe, ces déclarations affaiblissent le mouvement de solidarité avec la Palestine en donnant du grain à moudre aux tenants de l’insupportable amalgame entre antisémitisme et antisionisme. De fait, elles représentent du pain bénit pour l’extrême droite au pouvoir en Israël, qui a beau jeu de poursuivre la « chasse aux sorcières » à l’encontre des voix juives en faveur d’une solution juste et durable au Proche-Orient, et y voit la validation de leur mensonge selon lequel il n’y aurait pas d’interlocuteur pour la paix.
Face à ces propos inacceptables, l’ABP :
– insiste sur le fait que la lutte pour les droits des Palestiniens est une cause universelle, aux antipodes de la concurrence victimaire avec les souffrances endurées par d’autres peuples.
– renouvelle son engagement dans la lutte contre toute forme de racisme, lequel est totalement incompatible avec la lutte pour les droits des Palestiniens.
– rappelle, enfin, que sa solidarité va avant tout au peuple palestinien, et non pas à ses représentants officiels, d’autant moins lorsque ceux-ci infligent pareil coup de poignard dans le dos de ceux qu’ils sont supposés défendre.