Lundi 7 avril 2025, Assemblée nationale,
Ce « lancement », à l’Assemblée nationale, a été organisé à l’initiative de Jean-François Coulommes, député LFI, 4e circonscription de Savoie. Près de 90 personnes étaient rassemblées dans une magnifique salle de projection pour une première présentation publique des nouveaux épisodes des « Gaza Stories » en présence de leur réalisateur, Iyad Alasttal.
La soirée devait commencer par une conférence de presse… mais aucun des journalistes invités ne s’était déplacé !
Iyad Alasttal a donc fait une brève présentation de ces nouvelles « Gaza Stories », des épisodes d’une quinzaine de minutes, tournés dans le Gaza d’aujourd’hui (ruines et tentes bricolées avec les moyens du bord), chacun étant centré sur une personne et son histoire. Les images sont prises sur place par 2 équipes qui travaillent sous la direction d’Iyad, en évitant de prendre trop de risques puis envoyées en France où Iyad se charge du montage des rushes et de leur traduction.
Dans la sélection qui a été présentée ce soir-là, les invités ont pu voir à quoi ressemblait la difficile vie des pêcheurs qui se déplacent dans des embarcations de fortune a quelques dizaines de mètres du rivage, survivant avec quelques rares prises.
Ils ont aussi pu voir un certain nombre d’exemples de la solidarité des Palestiniens de Gaza comme ce dentiste pour enfants, Oday Al-Katari qui les soigne bénévolement dans une tente. Tente et équipements qu’il déplacera au gré ses besoins.
Dans l’épisode suivant, Faraj Atiya Al-Samouni, arrêté arbitrairement et envoyé à la sinistrement connue prison de Sdé Teiman, décrit la faim, la peur, la torture, les viols, les chiens… son retour où même sa propre mère ne le reconnait pas… Faraj parle avec un certain détachement, cliniquement, sans haine… ce qui rend son témoignage encore plus fort, émouvant
Suivront ensuite des séquences plus « légères » comme le quotidien de Wisam Yassin à Gaza, une femme aux multiples vies, déjà rencontrée en 2021 dans un épisode de Gaza Stories et devenue reporter à la télévision Al-Hurra ( الحره, La libre) de Gaza.
Iyad s’intéresse aussi aux enfants (qu’il filme avec talent) avec ce reportage très touchant d’une fillette qui pleure ses cheveux, perdus à la suite du choc émotionnel créé par un bombardement. Il s’intéresse ensuite à la magie que crée Youcef Al-Hindi, marionnettiste, avec ses personnages qui sont les vedettes des
spectacles qu’il présente aux enfants pour les sortir de leur quotidien et les faire rêver. Avec son petit théâtre et ses « acteurs », Youcef se déplace de camp en camp, bénévolement, pour aider avec ses outils et avec amour, les enfants à surmonter leur ordinaire fait de peur, de deuils et de privations.
L’art est aussi présent sous une forme inattendue : à cause du blocus israélien, Nour Al-Ramlawi n’a jamais pu utiliser son passeport… désormais expiré.
Nour l’a donc illustré de dessins représentant ses rêves de pays et villes qu’elle aurait aimé découvrir et visiter…
A Gaza aussi, « tout se termine par des chansons » … et c’est en musique que le dernier épisode présente un autre exemple de solidarité : une école de musique, une tente parmi les tentes où des musiciens font, bénévolement, de l’art-thérapie ! La rigueur qu’impose la maitrise d’un instrument permet aux jeunes d’évacuer une partie des tensions et du stress auxquels ils sont soumis en permanence avec les bombardements israéliens et leurs conditions de vie misérables…
Le réalisateur a laissé le mot de la fin à l’un des professeurs…
La projection terminée, Jean-François Coulommes a lancé une discussion entre l’auditoire et le réalisateur. Outre les éloges auxquelles ont pouvait s’attendre sur le choix des sujets, la qualité des interviews et des
images, la spontanéité des gens… plusieurs personnes ont souligné leur étonnement qu’aucune parole de haine ou désir de vengeance n’ait été exprimée. Iyad Alasttal, le réalisateur, nous a assuré que c’était bien le cas : sa technique est de laisser les gens s’exprimer sans contrainte et si tous on souligné leur peine envers leurs disparus, leurs peurs, les difficultés quotidiennes pour survivre ou leur lassitude, aucun n’a mentionné leur agresseur ni exprimé de colère ou d’hostilité envers lui. Les Palestiniens interviewés terminaient tous par un appel pour un retour à la paix et à une vie banale « comme le reste du monde ».
Plusieurs des invités présents ont posé la même question avec quelques variations. Comment présenter des images comme celles-ci au plus grand nombre pour montrer l’horreur qu’Israël impose aux Palestiniens de Gaza ? Comment montrer dans les médias ces visages, ces projets de personnes qu’Israël cherche à invisibiliser pour pouvoir « génocider » dans un silence complice ? Comment faire réaliser à l’homme (ou la femme) de la rue que ceux qu’un ministre (Yoav Galant) traitait avec mépris d’« animaux humains » sont des gens comme nous avec les mêmes projets, les mêmes rêves ?
Cette discussion a provoqué un grand nombre d’échanges dans la salle, chacun y allant de sa proposition, jusqu’à ce qu’une personne pose la question « mais que font nos élus ? »… et la constatation qu’en dehors de notre hôte, un seul député était présent dans la salle ! Pas de journalistes ni d’élus… pas étonnant que les images de Gaza ont du mal à être présentes dans les médias !
Le type de diffusion des nouveaux épisodes de « Gaza Stories », n’est pas encore finalisé. Outre la diffusion militante comme l’UJFP l’a fait pendant 4 ans, présentant près de 220 épisodes différents sur notre site, Iyad Alasttal envisage aussi une distribution en salle et/ou à la télévision afin d’augmenter significativement la taille de son public et donc du nombre de gens qui seront exposés à ses images.
Je ne manquerai pas de vous en informer au plus tôt. Michel Ouaknine
PS. Il faut toutefois reconnaitre que récemment France Télévision a consacré 2 émissions de qualité à Gaza. Tout d’abord un excellent : « Complément d’enquête ». Benyamin Nétanyahou : un chef d’Etat hors limites ? » encore disponible en replay sur France 2 et ensuite une surprenante « « Mission info » : Israël et le Hamas sont-ils sur la voie de la paix ? » destiné aux enfants de 7 à 11 ans sur FanceInfo.
