« L’histoire nous a apporté l’idée que nous sommes en guerre, et nous nous faisons la guerre à travers l’histoire. »
Michel Foucault
Parler de la guerre d’Algérie, faut-il le rappeler, c’est parler d’une guerre longtemps sans nom, sans autre nom du moins, que celui « d’événements d’Algérie » grâce auquel, pendant des décennies, de bonnes âmes politiques, soucieuses de ce qu’elles appelaient le prestige et l’honneur de la France, désignaient la période écoulée entre 1954 et 1962. Elles n’étaient pas les seules ; il y eut aussi des historiens, des universitaires et des journalistes pour user de cette langue délicate et euphémisée au service du mensonge et du déni d’État. Mensonge et déni d’État qui n’auraient jamais été aussi puissants s’il ne s’était pas trouvé, dans la société, des partis de droite et de gauche, des hommes et des femmes ordinaires aussi, pour adhérer aux représentations que cristallisait cette dénomination fallacieuse mais consensuelle et propre à occulter les responsabilités et les compromissions des uns et des autres. Les « événements » ont donc oblitéré les réalités atroces d’un conflit dont la réalité fut niée avec constance pendant trente-cinq ans jusqu’au vote, le 18 octobre 1999, d’une loi qui reconnaissait enfin officiellement l’existence de cette guerre. De cette période de négation et d’oubli, politiquement et juridiquement construite, nous sommes apparemment sortis grâce au travail obstiné d’historiens, d’intellectuels, d’avocats, de militants et d’associations qui n’ont cessé, inlassablement et pour certains d’entre eux depuis plus de quarante ans, de s’opposer avec courage aux mystifications d’une histoire officielle qui a, pendant longtemps, raconté l’histoire en racontant des histoires. Les témoignages de victimes 1 et les aveux d’un chef tortionnaire en service commandé, dont les supérieurs militaires et politiques connaissaient et couvraient les agissements criminels 2, ont également contribué à ruiner ce récit enchanté d’une France des droits de l’homme, toujours fidèle à elle-même en dépit de quelques écarts malheureux ici et là. La guerre d’Algérie est devenue enfin une question politique publiquement débattue sur laquelle doivent se prononcer ceux qui sont en charge des affaires de l’État et ceux qui ont des responsabilités partisanes. Aucun doute cependant, ils feront tout ce qu’ils pourront pour mettre un terme à cette situation et refuser de reconnaître publiquement les responsabilités de l’armée française et des deux Républiques impliquées dans ce conflit. En effet, à la veille de commémorations officielles où l’Algérie doit être mise à l’honneur – comme ils disent –, la confrontation à cette histoire, outre qu’elle oblige à des révisions déchirantes qui portent atteinte à la mythologie politique dont les uns et les autres se nourrissent (cela vaut également pour le Parti communiste qui se présente comme la seule force anticolonialiste de cette période pour mieux faire oublier son soutien à la politique mise en œuvre par Guy Mollet 3, menace leurs desseins et leurs petits calculs politiques. Familiers et amis du pouvoir, dont ils jouissent ou qu’ils espèrent reconquérir, beaucoup plus que de la vérité historique, ils sont prêts à toutes les compromissions pour y demeurer et pour accéder à de nouvelles responsabilités. Nul ne peut plus cependant ignorer ce qui a été perpétré au cours de ces années, et l’opinion publique, à laquelle tous prétendent être si attentifs lorsqu’ils y flairent des thèmes susceptibles de servir leurs ambitions (qu’ils nomment grands projets pour la France), s’est rapidement modifiée, si l’on en croit certains sondages 4. Ces évolutions ne font que souligner davantage la pusillanimité de l’écrasante majorité des responsables politiques de ce pays dès lors qu’il est question du conflit algérien.
En dépit de changements indéniables, l’usage du terme de « guerre » reconduit en effet des formes nouvelles de déni. Plus exactement, à la négation pure et simple de ce qui s’est passé entre 1954 et 1962, ont succédé des voies autrement plus subtiles, et plus consensuelles, de banalisation de l’événement. En effet, lorsqu’il ne fut plus possible de nier l’existence de cette guerre, lorsque ceux qui avaient longtemps refusé de reconnaître qu’elle avait eu lieu furent contraints de la nommer enfin, les massacres, les exécutions sommaires, les tortures, les disparitions et les déplacements massifs et forcés de populations civiles ont continué d’être assez largement occulté. Le vocable général de « guerre » a ceci d’avantageux qu’il permet de qualifier, apparemment objectivement, et de poursuivre, dans le même mouvement, le travail de falsification en jetant un voile pudique, s’il n’était obscène en vérité, sur le fait que cette guerre n’a pas été un conflit conventionnel mais une guerre totale 5 menée par la France, son armée, sa police et ses escadrons de la mort contre un mouvement de libération nationale et un peuple en lutte pour sa liberté et son indépendance.
Certains de ceux qui, hier encore, s’acharnaient à réfuter l’existence des massacres et des tortures, déclarent, maintenant qu’ils sont forcés d’admettre leur existence, qu’il ne s’agissait là que de dures exigences imposées par les circonstances. D’autres, comme l’ancien président socialiste de l’Assemblée nationale, invoquent l’engrenage d’un conflit avec son cortège inévitable d’atrocités pour refuser la constitution d’une commission d’enquête parlementaire sur les crimes commis et révélés par le général Aussaresses 6. Nul doute que, sur un tel sujet, il n’a pas agi seul et qu’il avait le soutien de Lionel Jospin et de l’écrasante majorité des parlementaires de droite comme de gauche, tous d’accord pour ne pas exhumer un passé qu’ils voudraient tant voir passer, afin de ne pas affronter les responsabilités écrasantes de leurs partis respectifs à l’époque des faits. De tels discours ne sont pas nouveaux ; ils ont beaucoup servi et toujours pour soutenir une même cause : minimiser les crimes commis par les militaires français. Déjà, par exemple dans les années 1920, il se trouvait des historiens, alors farouches défenseurs de l’Algérie française, pour gloser gravement sur le fait que « la guerre est toujours laide, quand on la regarde de près », même si certains d’entre eux reconnaissaient que cette « guerre-là fut parmi les plus laides 7 ». Cette laideur, admise certes, n’est cependant jamais ou rarement interrogée puisqu’elle est immédiatement rabattue sur le phénomène général de la guerre supposé rendre compte de ce qui est advenu au cours de la période de la conquête et de la colonisation. Ces diverses opérations rhétoriques, qui se présentent comme des constats de bon sens, occultent les particularités des moyens employés pour pacifier l’Algérie et, plus tard, pour combattre le FLN. Se soutenant d’analogies implicites, analogies paresseuses et ineptes en vérité puisqu’elles ne débouchent sur aucune analyse ni comparaison sérieuses, ces opérations ont pour effet de rabattre les événements survenus pendant les nombreuses années de conflit qui ont eu lieu depuis la conquête sur du déjà connu. L’opération intellectuelle et politique ici à l’œuvre peut être ramenée au syllogisme suivant : les guerres d’Algérie ont certes été de sales guerres, comme il est dit avec complaisance, mais toutes les guerres sont sales, donc ce qui a été perpétré outre méditerranée ne présente aucune originalité digne de retenir l’attention et d’être étudiée. Il n’y aurait là que la répétition du même et la déploration est au principe de la banalisation des massacres commis là-bas. Comme l’écrivait Hannah Arendt : « De telles méthodes ne font pas progresser les tentatives de compréhension, puisqu’elles font disparaître toute réalité qui n’est pas familière et demande à être comprise sous un fatras de lieux communs et de formules spécieuses 8 ». Au cœur de ces derniers, triomphe encore cette trivialité érigée par certains en vérité commode qui autorise toutes les dérobades intellectuelles et politiques : « Rien de nouveau sous le soleil ». De cette situation, il semble bien que nous ne soyons pas vraiment sortis dès lors qu’il s’agit du dernier conflit algérien.
D’autres enfin ne veulent voir, dans les exactions de certaines unités de parachutistes, que des dévoiements limités qui n’atteindraient en rien les deux Républiques – la IVe et la Ve – à l’ombre desquelles ils ont été perpétrés pendant plusieurs années 9. Dans tous les cas, ce qui est nié avec obstination, ce sont les spécificités de la guerre d’Algérie que rien ne semble distinguer des autres conflits ayant eu lieu auparavant et dans d’autres pays. Quelles qu’en soient les réalités, aujourd’hui largement connues, il conviendrait donc d’observer la réitération d’accidents liés à une conjoncture singulière ou bien le poids d’une triste fatalité qui aurait entraîné quelques militaires égarés à commettre des actes, certes répréhensibles, mais communs à toutes les guerres 10. En dépit des connaissances qui sont aujourd’hui les nôtres, ces traits du conflit algérien ne sauraient faire système. Ils ne sont que des excès imputables aux passions de l’époque et à celles des différents protagonistes de ce conflit. En aucun cas, ils ne sauraient accuser la France et la politique menée par ceux qui étaient alors au pouvoir ; ils nous renverraient simplement aux forces obscures d’une histoire qui dépassèrent des acteurs confrontés à une décolonisation dramatique dont ils furent incapables de maîtriser le cours. Les faiblesses supposées de la IVe République et de son personnel dirigeant – de quelles faiblesses parle-t-on au juste en ce qui concerne la politique coloniale de l’époque ? étaient-ils faibles les militaires dotés, en 1956, de pouvoirs spéciaux par l’Assemblée nationale sur demande d’un président socialiste du Conseil ? –, l’instabilité gouvernementale, la situation internationale et le traumatisme de la défaite française en Indochine expliqueraient donc les errements de la politique mise en œuvre en Algérie avant que De Gaulle, pourvu d’un « sens de l’Histoire 11 » qui faisait défaut à ses prédécesseurs, ne mette enfin un terme à huit ans de conflit.
Ce que s’évertue à nier le vaste chœur de fiers républicains de droite et de gauche, sans oublier la petite cour servile des « mitterrandolâtres » regroupés au sein de l’Institut François Mitterrand plus soucieux de défendre la statue de leur défunt commandeur que de reconnaître la réalité de ses turpitudes passées 12, c’est le fait qu’il ne s’est pas agi d’accidents conjoncturels mais de pratiques liées au fonctionnement même de l’État colonial français. Pratiques que les responsables politiques de l’époque ont autorisées, couvertes puis étouffées – y compris en portant très gravement atteinte, dans la métropole même, à la liberté d’expression pourtant garantie par les constitutions de 1946 et 1958 – avec un rare acharnement avant qu’ils ne parviennent, par la multiplication des lois d’amnistie votées avec une belle constance de 1962 à 1982, à imposer pour longtemps le silence et à protéger les assassins et les bourreaux en les mettant à l’abri de toutes poursuites judiciaires.
L’affaire Aussaresses et les réactions qu’elle a suscitées témoignent sinistrement, et exemplairement, de cette situation où la connaissance des crimes se conjoint à l’absence de toute mesure susceptible de déboucher sur un procès où l’auteur de ces derniers serait enfin jugé pour ce qu’il a fait. Ainsi a-t-on vu un président de la République se déclarer « horrifié » par ce qu’il feignait de découvrir et condamner « une nouvelle fois les atrocités, les actes de torture, les exécutions sommaires et les assassinats » commis pendant la guerre d’Algérie. Quant à Lionel Jospin, alors Premier ministre, il s’est déclaré « profondément choqué » par les déclarations de ce général qui « appellent […] une totale condamnation morale. » Dans un bel ensemble, et en faisant assaut de formules certainement choisies par des conseillers en communication soucieux de l’image de leur champion respectif, mais plus soucieux encore de la raison d’État, Jacques Chirac et le chef du gouvernement se sont donc indignés de concert à la lecture des aveux circonstanciés de celui qui se présente, sans fard, comme le chef « d’un escadron de la mort. » Tous deux ont ainsi accablé l’homme et le militaire pour mieux protéger l’institution à laquelle il appartenait à l’époque et le pouvoir politique qui la commandait. Les faits que ce tortionnaire venait de révéler confirmaient, pour l’essentiel, ce que beaucoup savaient déjà depuis longtemps – ceux du moins qui ont eu le courage de combattre inlassablement les mensonges officiels –, mais que, pour la première fois, un officier de haut rang avouait avec une stupéfiante sérénité. Les propos des deux responsables de l’exécutif devaient être forts, comme on dit aujourd’hui ; ils le furent donc, mais leurs déclarations ronflantes et la mise en scène de leur indignation respective n’étaient là que pour faire oublier leur désir de ne rien entreprendre pour que ce militaire soit jugé pour les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité qu’il a commis. Qu’ont proposé ces belles âmes sensibles scandalisées par les aveux de ce général ? Jacques Chirac a demandé au grand chancelier de la Légion d’honneur d’engager une procédure de suspension d’Aussaresses dans l’ordre national et, dans le même élan, il s’est adressé au ministre de la Défense, Alain Richard, pour exiger que l’intéressé soit placé en situation de retraite. Pour n’être pas en reste, Lionel Jospin, remarquable dans l’art de se défausser de ses responsabilités politiques, a réitéré son appel aux historiens afin qu’ils fassent toute la lumière sur la guerre d’Algérie, alors que, comme l’a rappelé Pierre Vidal-Naquet, les pratiques de l’armée française au cours de ce conflit et l’attitude des responsables politiques de l’époque sont depuis longtemps connues.
Des tortures, des enlèvements, des disparitions et de nombreuses exécutions sommaires d’un côté, quelques breloques et de menus avantages retirés au bourreau de l’autre pour solde de tout compte, ces réactions, courageuses aux dires de certains, sont les masques dérisoires d’une lâcheté et d’un cynisme politiques qui, sous d’autres cieux, auraient suscité le scandale, l’indignation et la mobilisation des organisations progressistes et de défense des droits de l’homme. Pas en France. Ainsi a-t-on vu, par exemple, le président de la Ligue des droits de l’homme joindre sa voix à ce concert consensuel et réclamer, à son tour, que le général Aussaresses et ses pareils soient privés de leurs décorations 13. Quelle audace ! Voilà qui doit faire trembler d’effroi celui qui est passé aux aveux et les autres assassins français encore en vie, lesquels coulent des jours tranquilles à l’ombre d’une République qui les pensionne et les protège en les assurant d’une totale impunité judiciaire.
Des exactions individuelles, oui, des crimes contre l’humanité commis par l’État et ses zélés serviteurs à qui les gouvernants de l’époque avaient demandé « d’extirper le terrorisme » selon la formule alors consacrée, non. Telle est aujourd’hui la ligne de défense adoptée par la plupart des responsables politiques de droite et de gauche qui déclarent, la main sur le cœur, vouloir servir la vérité et la justice mais à condition que celles-ci demeurent conformes au dogme qu’ils défendent : la République et ses forces armées ne sauraient être ni responsables ni coupables. L’étiquette « d’actes condamnables voire inadmissibles » permet de jouer, habilement pensent-ils, de la morale contre la politique et de couvrir ainsi la réalité, l’ampleur et la continuité de pratiques qui ont vu deux Républiques, la Quatrième et la Cinquième, organiser la torture systématique, les séquestrations arbitraires, les exécutions sommaires et de masse, en Algérie et, parfois même, dans la métropole. Commode est cette étiquette en effet ; elle permet de suggérer qu’il s’agit là non d’un système lié à la structure de l’État colonial français et à la nature de la guerre menée mais de simples dysfonctionnements dus aux initiatives criminelles d’acteurs ayant agi de leur propre chef. C’est occulter le fait que les « Français musulmans d’Algérie » étaient depuis longtemps déjà soumis à la violence brutale et souveraine d’un État qui n’était plus assujetti à aucune autre règle que celle de la terreur mise en œuvre pour réduire ceux qui étaient identifiés comme des terroristes.
Du côté des socialistes, les adeptes du droit d’inventaire peuvent bien prendre leur distance avec certains « égarements » de leurs prédécesseurs, ces esprits forts n’en sont pas moins d’une frilosité singulière lorsqu’il s’agit de la période coloniale et de la politique menée par la SFIO. Et pourtant, les mêmes n’ont pas de mots assez durs pour exiger la sanction des crimes contre l’humanité lorsqu’ils sont commis dans de lointaines contrées, au Chili ou ailleurs. Ils s’emportent alors en invoquant les principes intangibles et universels des droits de l’homme, réclament haut et fort la comparution rapide des coupables et saluent les juges qui ont courageusement engagé les poursuites et contribué, par leurs enquêtes et les procédures qu’ils ont initiées, à faire reculer l’impunité dont jouissent de nombreux dictateurs. Ne leur parlez pas alors d’amnistie ; par avance, elle leur est insupportable. Observez bien ces responsables lorsqu’il s’agit de la France et de son passé algérien notamment : ces fiers gardiens de la justice et du devoir de mémoire sont beaucoup moins empressés ; ils tergiversent sans fin et tout leur est prétexte pour exempter de leurs responsabilités ceux qui ont dirigé et « servi » la République, comme on dit, de 1954 à 1962. Là, le scandale n’est, à leurs yeux, jamais assez scandaleux pour justifier que des poursuites judiciaires soient engagées contre ceux qui ont commis de nombreux forfaits. Rappelons, aux hommes et aux femmes politiques qui, aujourd’hui, s’abritent derrière les multiples lois d’amnistie votées par des majorités de droite et de gauche, ce principe démocratique élémentaire : ce que la loi a fait, dans des circonstances politiques particulières pour sceller juridiquement l’oubli des crimes perpétrés au cours du conflit algérien et protéger les responsables politiques et militaires de l’époque, une autre loi peut le défaire. Rappelons leur aussi, comme le note l’avocate Nicole Dreyfus, que « la particularité du crime contre l’humanité est précisément d’être imprescriptible. […] La loi d’amnistie ne devrait pas, en conséquence, s’appliquer à des infractions considérées comme des crimes contre l’humanité, qui ne doivent jamais s’effacer de la mémoire des hommes. C’est le sens même de l’imprescriptibilité. 14 »
Extrait de « La guerre d’Algérie et nous » de Olivier Le Cour Grandmaison,(2002)
Lignes, 9,(3), 195-204. doi:10.3917/lignes1.009.0195.
- [Cf. L. Ighilahriz. Algérienne, récit recueilli par A. Nivat, Paris, Fayard/Calmann-Lévy, 2001[↩]
- Général Aussaresses. Services spéciaux. Algérie 1955-1957, Paris, Perrin, 2001.[↩]
- Rappelons que les députés du Parti communiste ont voté, le 12 mars 1956, les pouvoirs spéciaux demandés par le Président du conseil et que, onze ans plus tôt, la même organisation avait approuvé et couvert les massacres commis à Sétif et Guelma par l’armée française le 8 mai 1945. Juste après ces événements, L’Humanité publiait le communiqué du comité central dans lequel on pouvait lire ceci : « Il faut tout de suite châtier impitoyablement et rapidement les organisateurs de la révolte et les hommes de main qui ont dirigé l’émeute. » Cité par J. Moneta, Le PCF et la question coloniale (1920-1965), Fr. Maspero, Paris, 1971, p. 156.[↩]
- « Une majorité de Français (59 %) se déclare favorable à ce que les « autorités reconnaissent leurs responsabilités » au cours de la guerre d’Algérie (30 % y sont opposés et 11 % sans opinion), selon un sondage CSA réalisé les 23 et 24 novembre 2000 », Le Monde, 26 novembre 2000.[↩]
- Cf. R. Branche. La torture et l’armée pendant la guerre d’Algérie, Paris, Gallimard, 2002.[↩]
- Telle a été la position de R. Forni, qui affirmait tranquillement : « Une guerre charrie toujours un cortège d’atrocités. » Le Monde, 6 et 7 mai 2001.[↩]
- E-F. Gautier. L’Algérie et la métropole, Paris, Payot, 1920, p. 56. La guerre à laquelle cet auteur fait référence est celle de la conquête qui débute en 1840[↩]
- H. Arendt. « Compréhension et politique. » in La Nature du totalitarisme, Paris, Payot, 1990, p. 47.[↩]
- Cf, entre autres, Y. Benot. Massacres coloniaux 1944-1950 : la IVe République et la mise au pas des colonies, Paris, La Découverte, 2001.[↩]
- Il se trouve encore des historiens pour utiliser le mot guerre entre guillemets au motif que le terme fut utilisé par « les militants d’extrême gauche qui assenaient que sa non-utilisation était de l’hypocrisie… » J. Verdès-Leroux. Les Français d’Algérie de 1830 à aujourd’hui, Paris, Fayard, 2001. En d’autres termes, la qualification de ce qui a eu lieu entre 1954 et 1962 serait affaire d’opinion, non de démonstration et d’établissement des faits et chacun serait libre, en fonction de ses options politiques, de parler de guerre ou d’événements, d’user de guillemets ou de ne pas le faire.[↩]
- Marc Ferro. Histoire des colonisations, Paris, Point Seuil, 1994, p. 473.[↩]
- Le 5 novembre 1954, Fr. Mitterrand, alors ministre de l’Intérieur déclarait : « l’action des fellaghas ne permet pas de concevoir, en quelque forme que ce soit, une négociation. Elle ne peut trouver qu’une forme terminale, la guerre. » Cité par M. Ferro, op. cit, p. 341. De plus, comme l’a révélé une enquête de l’hebdomadaire Le Point du 31 août 2001, il est établi maintenant qu’il approuva, en tant que ministre de la Justice – fonction qu’il occupa du 1er février 1956 au 12 juin 1957 – les exécutions de 32 militants nationalistes algériens.[↩]
- Cf La tribune libre de Michel Tubiana intitulée : « Plus de décorations pour Aussaresses et ses pareils » Le Monde, 5 mai 2001. Beaucoup plus courageuse, plus remarquable et plus juste aussi, est la prise de position de Patrick Baudoin, président d’honneur de la Fédération internationale des Ligues des droits de l’homme qui exigeait le jugement d’Aussaresses pour crimes contre l’humanité. Cf. sa contribution au débat : « Le juger pour crimes contre l’humanité », Le Monde, 18 mai 2001[↩]
- N. Dreyfus. « Le massacre couvert par l’impunité judiciaire. » in Le 17 octobre 1961. Un crime d’État à Paris, sous la dir. de O. Le Cour Grandmaison, Paris, La Dispute, 2001, p. 85.[↩]