Union juive française pour la paix

« Kippour et la flottille » : une réflexion de David Adler

2Adler "Kippour et la flottille" : une réflexion de David Adler

Aujourd’hui, je vous écris une lettre très personnelle, une lettre sur ce que signifie pour moi d’être juif dans une mission qui s’apprête à atteindre la « Zone rouge » pendant Yom Kippour, le jour le plus sacré du calendrier juif.

J’écris rarement « en tant que juif ». Je suis las d’être poussé à mettre les sentiments  des juifs en premier, alors qu’un génocide est commis au nom de « l’intérêt national » sioniste et lorsque des militants sont arrêtés, torturés et déportés au nom de notre « sécurité. ”

Mais aujourd’hui, je me sens obligé d’écrire dans ce registre, en tant que l’un des seuls Juifs de cette mission, qui rassemble plus de 500 personnes venant de plus de 40 pays à travers le monde.

Je pense que le timing de notre flottille n’est pas une coïncidence. Au contraire, je pense que c’est une bénédiction que nous approchions de l’interception juste au début de Yom Kippour, notre journée annuelle d’expiation, qui nous demande de réfléchir à nos péchés, et de ce qui peut être fait pour les réparer dans l’esprit de Tikkun Olam, de la réparation du monde.

Comment pouvons-nous expier ce qui a été commis en notre nom ? Comment pouvons-nous chercher le pardon pour les péchés qui se multiplient heure par heure, alors que les bombes et les missiles pleuvent sur Gaza ? Comment pourrions-nous prendre au sérieux notre mission de « réparer le monde » alors que l’État d’Israël est si déterminé à le détruire ?

S’il y a un passage de la Torah dont je me souviens encore, c’est cette obligation qu’elle nous indique : « Justice, justice tu poursuivras. « Comment pourions-nous rester impassibles alors que l’État d’Israël pervertit cette sainte obligation en perpétrant un holocauste du peuple palestinien ?

J’ai rejoint cette flottille comme tout autre , pour défendre l’humanité avant qu’il ne soit trop tard. Mais à Yom Kippour, je me rappelle que je suis ici aussi parce que mon héritage juif l’exige.

Jeune adolescent, mon grand-père Jacques Adler (sur la photo) a rejoint la résistance parisienne contre les nazis, mettant sa vie en jeu pour saboter leurs installations, alors que ses amis et sa famille étaient envoyés à la mort dans des camps de concentration.

C’est cette tradition qui m’appelle, et cette définition de la « justice » qui est fidèle à mon identité juive, car la même rage génocidaire qui a visé mes ancêtres est maintenant partagée  par ses principales victimes.

Yom Kippour est un jour de jeûne, une façon de manifester notre expiation physiquement. Mais depuis deux ans, les personnes affamées de Gaza n’ont pas eu d’autre choix que de renoncer à leur pain quotidien.

Si les forces israéliennes nous interceptent à Yom Kippour, alors elles verront à quoi ressemble la véritable expiation. Ils ne s’agit pas de  jeûner confortablement tout en affamant ses voisins. Ni  de prier en sécurité tout en les bombardant . Expier signifie agir.

Lorsque le soleil se couchera ce soir, et que le jeûne commencera, j’espère que d’autres juifs se joindront à moi pour redéfinir leur approche de l’expiation, prier en silence, et agir courageusement pour mettre fin à cet horrible génocide.

David Adler

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