Israël a tué ma grand-mère, je garderai ses histoires vivantes

Basma Almaza 31 décembre 2023

Shama’a, ma grand-mère bien-aimée. (Avec l’aimable autorisation de Balma Almaza)

Je me souviens parfaitement de notre dernier appel.

J’ai dit à ma chère grand-mère qu’elle devait se reposer. Je me chargerais de raconter son histoire.

Elle s’appelait Shama’a.

Même si ma grand-mère ne savait pas lire, elle était incroyablement instruite. Elle avait les réponses à toutes mes questions.

Chaque matin, elle écoutait les dernières nouvelles à la radio.

Elle savait tout sur les herbes et la broderie et pouvait même parler anglais, même si elle ne savait pas l’écrire.

Lorsque je lui ai demandé un jour pourquoi elle n’avait pas terminé ses études, elle m’a répondu d’une voix cassée : « Je n’avais pas le choix. 1948 a tué toutes les options.

Pourtant, elle était convaincue que la Nakba – le nettoyage ethnique de la Palestine en 1948 – ne laisserait pas sa famille sans options.

Elle comprenait l’importance de l’éducation. C’est pourquoi tous mes oncles ont fait des études.

Le 14 décembre, j’ai reçu une terrible nouvelle. Ma grand-mère avait été tuée quelques jours auparavant lors d’une attaque israélienne contre un hôpital dans le nord de Gaza.

Il est important de souligner qu’elle n’est pas morte de vieillesse. Elle a été assassinée.

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Qu’est-ce qui a incité Israël à cibler les personnes âgées ?

Étaient-elles armées ?

Constituent-elles une menace pour les troupes israéliennes ?

Si la réponse est « non », pourquoi ?

David Ben-Gourion, le leader sioniste qui devint le premier Premier ministre d’Israël, a écrit un jour : « Nous devons expulser les Arabes et prendre leur place. »

De tels propos apportent une réponse à une question pressante : Qu’est-ce qui motive les Israéliens à se comporter d’une manière qui rappelle les nazis ?

Ce comportement comprend des massacres, des démolitions de maisons, l’expulsion de Palestiniens de leurs terres ancestrales.

Si vous réduisez le conteur au silence, personne ne peut plus écouter sa voix. Mais les voix de leurs auditeurs peuvent toujours être entendues.

Telle est la dynamique de la Palestine : les histoires et les souvenirs sont immortalisés.

Les enfants héritent du nom de leurs grands-parents, ce qui leur assure un lien avec leurs racines.

Lorsque j’ai appris le décès de ma grand-mère, la première chose à laquelle j’ai pensé, c’est que si j’avais une fille, elle porterait le même nom : Shama’a.

Selon la tradition palestinienne, la bague que portait ma grand-mère est transmise à ma mère. J’en hériterai ensuite.

Puis ce sera au tour de ma fille. Ou si je n’ai pas de fille, elle ira à ma belle-fille.

Je suis peut-être loin de ma grand-mère géographiquement. Mais j’imagine que je tiens fermement son anneau et que j’admire sa robe de mariée.

Cette pensée me rend heureuse.

Au moins, j’ai conservé des fragments qui me rappelleront ma grand-mère. Je me souviens même de son parfum.

Quand Israël tue un conteur, une nouvelle génération de conteurs naît.

Basma Almaza est étudiante en gestion d’entreprise en Malaisie.

(traduction J et D)

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