Il y a 120 ans, le 27 juillet 1905, le 7e congrès sioniste rejette la proposition britannique d’une colonie juive en Ouganda et « toute tentative d’implantation en dehors de la Terre d’Israël ». Seul le territoire palestinien unifie différentes sensibilités sionistes.
La proposition britannique d’une colonie juive en Ouganda fait suite au pogrom de Kichinev, les 6 & 7 avril 1903 dans l’empire russe, après le meurtre d’un enfant chrétien par ses parents imputé aux Juifs comme crime rituel pour utiliser son sang dans la fabrication de matzoth.
Police et armée n’interviennent qu’après 3 jours de pogrom. Bilan : une cinquantaine de Juifs tués, une centaine grièvement blessés, 500 légèrement blessés, 700 maisons et boutiques pillées et détruites.
Beaucoup des Juifs essayent de partir de Russie pour l’Europe de l’Ouest, pour les États-Unis, pour la Palestine sous contrôle ottoman. Mais cette migration est partout difficile en raison des conditions d’accueil discriminatoires et des politiques restrictives.
En 1905, la Grande-Bretagne adopte L’Aliens Act, loi restrictive sur l’immigration. Elle ne mentionne pas explicitement les Juif·ves, mais elle a été conçue pour freiner leur arrivée, en particulier celle des Juif·ves d’Europe de l’Est fuyant les pogroms de l’Empire russe.
Les autorités ottomanes craignent que
- l’afflux de Juif·ves en Palestine serve de prétexte à une intervention européenne, comme déjà vu pour « protéger » les minorités chrétiennes ou juives ;
- le sionisme vise à établir une souveraineté juive menaçant l’intégrité territoriale.
Alors que les pogroms de 1880 n’avaient pas donné lieu à beaucoup de réactions, en 1903 il y a un émoi international. Le gouvernement britannique cherche à répondre à la pression du mouvement sioniste et à la fermeture des frontières par une implantation en Ouganda, alors sous son empire.
Une autre réponse que l’émigration ou le colonialisme est proposée par le BUND, qui constitue des groupes armés d’autodéfense, affirmant en parallèle « que seul le combat commun du prolétariat de toutes les nationalités détruira les racines qui ont permis de tels événements ».