5 janvier 2022
Qu’est-il arrivé à Nabil Rjoub ? Nabil, un Palestinien d’al-Koum, un village situé à 10 km à l’ouest d’Hébron, a été libéré le 14 décembre 2021, après voir passé 8 mois en « détention administrative ». Cette procédure israélienne est « héritée » du droit britannique : utilisée pendant la guerre des Boers en Afrique du Sud (1880-1902), elle a été employée pendant la période du Mandat (1920-1948). Elle ne s’applique pas aux civils israéliens mais uniquement aux Palestiniens qu’elle permet de maintenir indéfiniment en détention sans inculpation ni jugement.
Gaza Stories a tenu à faire connaitre ces images qui ont été déjà publiées sur différents sites dont Charleroi pour la Palestine ( https://charleroi-pourlapalestine.be/) pour dénoncer les différentes méthodes de tortures que Nabil a subi dans une prison israélienne du Néguev.
Les conditions de détention de Nabil ont été très dures, il ne sait même pas exactement où il a été enfermé (Israël possède 8 prisons dans le Néguev dont le pénitencier de Nafkha et la prison de Kzi’ot qui détient le triste record du plus grand camp de détention du monde !). En plus des souffrances psychologiques (on lui a fait croire que ses enfants avaient péri dans un accident de voiture), de la privation des médicaments nécessaires au traitement qu’il suivait, Nabil a vécu l’enfer pendant les 5 derniers jours de sa rétention. Il a été jeté pieds et mains enchainées dans une cellule d’isolement, sans manger ni boire. Il se souvient du sadisme des gardiens qui non seulement lui refusaient à boire mais s’amusaient à le voir souffrir de ses chaines trop serrées dans le dos, piétinant mêmes celles qu’il avait aux pieds. Il en a toujours les traces aujourd’hui.
Choquante, inimaginable a été aussi la façon dont Nabil a été libéré : transporté en Cisjordanie, il a été abandonné à un carrefour près d’Hébron (des photos le montrant gisant sur le sol ont été diffusées sur les réseaux sociaux). Nabil a immédiatement pris en charge par une ambulance palestinienne qui l’a transporté à l’hôpital.
Une fois soigné, Nabil a pu retourner à son domicile d’al-Koum. Il était dans un état de choc tel qu’il avait perdu la mémoire, ne reconnaissant ni ses amis, ni ses enfants, ni même sa mère.
Nabil Rajoub est un homme de 40 ans, mari et père de quatre enfants. Avant d’avoir été arrêté et totalement détruit psychologiquement par sa rétention Nabil était professeur ; titulaire d’un master, il se préparait à faire son doctorat.
Nabil reprend conscience tout doucement. Il a adressé un appel aux responsables palestiniens et au monde libre « pour qu’ils d’interviennent afin de sauver les prisonniers et soumettre leur situation à la Cour pénale internationale » avant qu’il ne soit trop tard.
Il y a en ce moment environ 4 500 palestiniens détenus dans les prisons israéliennes dont 36 femmes et 168 enfants. 520 d’entre eux sont en rétention administrative. Depuis sa création en 1948 environ 1 000 000 de Palestiniens ont été emprisonnés. Pratiquement chaque famille palestinienne a eu un de ses membres emprisonné.
@Gaza Stories, 2021
Commentaire de Michel Ouaknine
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