des Palestiniens de la Bande de Gaza. Celle-ci s’exprime par la volonté des habitants de mener une vie « normale » malgré les 13 ans de blocus, les privations, les tireurs d’élite israéliens et les bombardements de Tsahal.
Chaque nouvel épisode de Gaza Stories présente des situations inattendues. Cela va des handicapés qui disputent des matches de foot à l’ancien ingénieur qui a créé un parc d’attractions pour les enfants, de ceux, des pêcheurs qui luttent quotidiennement pour la survie de leurs familles à ceux, amateurs ou archéologue professionnel, qui préservent le riche passé historique de Gaza.
Dans son dernier épisode, Iyad a présenté Naheel El-Shrafi, une jeune femme doublement handicapée qui venait de publier son premier roman : « Attente » (انتظار – antazhar). Sa résistance s’est exprimée par l’écriture : elle lui a permis à la fois de s’échapper des contraintes dont elle est victime et de raconter la vie des jeunes Palestiniens de Gaza. Une vie en attente de la fin des conditions inhumaines qui lui sont imposées par l’État israélien mais pas une vie suspendue : Gaza est pleine d’énergie, de créativité.
Les Éditions Samir Mansour ont organisé une soirée littéraire pour le lancement du roman. Iyad m’en a fait parvenir quelques images ainsi que le résumé du roman. Nahel, qui ne s’attendait pas à ce que son roman soit publié est visiblement heureuse, goûtant une reconnaissance qu’elle a payée par ses longues et difficiles années d’études de Lettres à l’Université islamique de Gaza.
انتظار – Attente, le roman
C’est l’histoire de jeunes palestiniens écrasés par la guerre : infirmes, amputés dans les hôpitaux de Gaza qui se battent face aux pénuries de médicaments et de matériel.
Le roman commence aux 17 ans de Naheel, quand Israël a lancé l’Opération Plomb durci sur la Bande de Gaza, 3 semaines de bombardement affreux en plein hiver. L’adolescente d’alors raconte cette première agression qu’elle suit à travers l’écran de la télévision, quasiment en direct : la destruction des maisons, les bébés et les enfants tués, les massacres de familles entières dans leurs abris devenus leurs tombes, les violations des courtes trêves conduisant à de nouvelles victimes innocentes. L’horreur et le malheur jour après jour.
Quand Tsahal s’est retiré à la mi-janvier 2009, les survivants ont relevé plus de 1400 morts et les hôpitaux encore debout devaient soigner plus de 5 000 blessés avec des amputations de bras, de pieds et les graves blessures causées par ces intenses bombardements de populations civiles dont le but est de faire un grand nombre de victimes.
Nahel détaille aussi la longue attente de Gaza avant que la reconstruction de ses infrastructures et de ses bâtiments ne commence…
Dans un autre chapitre, « Voyage thérapeutique » Naheel raconte, avec un certain humour grinçant, l’histoire d’un groupe d’amputés, des jeunes devenus handicapés au cours d’un bombardement. Pendant l’attente, que les dossiers soient prêts, que les autorisations de voyage du groupe soient délivrées, ces jeunes gens handicapés cherchent des branches d’arbre pour en faire des béquilles provisoires mais découvrent que les arbres ont été rasés par les bulldozers de l’armée israélienne…
Chapitre après chapitre, le roman nous fait découvrir tous les aspects de la réalité vécue par la génération de Naheel, faite de l’angoisse et du cauchemar du chômage ponctuée par les 3 agressions israéliennes et leurs horreurs. Ainsi, elle dévoile la réalité peu connue de ces jeunes qui tentent l’émigration illégale, fuyant Gaza sur des embarcations de misère, bravant les dangers de la mer ainsi que la marine israélienne qui renforce le blocus à 5 km des côtes. Des jeunes dont on n’entend plus parler après…
Le roman de Naheel El-Shrafi, est publié par les Éditions Samir Mansour à Gaza, téléphone : +970 599 732 212, page facebook.
L’éditeur assure des livraisons à domicile à Gaza… Peut-être peuvent-ils expédier en France…
Ce serait bien de pouvoir le traduire en français et le publier afin que les francophones puissent apprécier le talent de Naheel.
© Gaza Stories, 2020
Commentaire de Michel Ouaknine