Déclaration de l’association judéo-palestinienne JUNTS à la maire de Barcelone

Nous souhaitons aujourd’hui remercier et rendre hommage à la mairesse de Barcelone pour le courage politique dont elle a fait preuve en  prenant cette décision historique.
Face aux accusations d’antisémitisme qui sont apparues dans certains médias, nous, membres de Junts, Associació Catalana de jueus i palestins, affirmons que l’antisémitisme, comme toute forme de racisme, est quelque chose de trop sérieux pour être sujet à manipulation. L’antisémitisme ou la judéophobie est la discrimination active et la persécution de personnes juives en raison de leur religion, culture ou de leur identité.
Ce que nous dénonçons ici, c’est la politique de l’État d’Israël – un État qui ne nous représente pas- et qui est le fruit d’un projet colonial dont le peuple originel de Palestine a été exclu dès le départ, qui est né de la violence d’une opération d’épuration ethnique en 1948, et qui a abouti à une occupation militaire permanente et à un système d’apartheid. Ce système a été dénoncé par des organisations de défense des droits de l’homme telles que Human Rights Watch, Amnesty International et l’organisation israélienne B’Tselem.
Cet État, qui se définit comme juif, à travers une Loi fondamentale votée en 2018,  reconnaît uniquement au  » peuple juif  » – c’est-à-dire à tous les juifs du monde, où qu’ils vivent- le droit à l’autodétermination sur le territoire de la Palestine historique, tout en refusant ce droit à 20% des citoyens palestiniens vivant en Israël et aux millions d’habitants de Gaza et de Cisjordanie, ainsi qu’aux millions de réfugiés de 1948. Comme le dit la journaliste israélienne Amira Hass, Israël est une démocratie pour les juifs, mais une dictature militaire pour les Palestiniens. L’antisémitisme est l’arme utilisée par l’État israélien et ses complices en Occident pour faire taire toute critique de sa politique. Cependant, en prétendant représenter tous les juifs du monde, Israël provoque davantage de judéophobie en violant constamment les droits de l’homme du peuple palestinien.
Nous sommes en effet très préoccupés par les mesures prises par le nouveau gouvernement israélien, qui a déjà annoncé son intention d’accélérer la colonisation de la Cisjordanie. Les provocations de ses éléments les plus extrémistes font craindre une aggravation de la répression dans les Territoires occupés, ainsi que les actions armées des colons, soutenus encore davantage par le gouvernement, la persécution des militants palestiniens et des opposants israéliens. Mais ne nous leurrons pas, la plupart de ceux qui manifestent et qualifient le gouvernement actuel de fasciste n’ont rien fait de différent lorsqu’ils étaient au pouvoir.
 Il y a eu trop de morts depuis le début de l’année et trop de paroles creuses sur la solution des deux États. Il est temps que les gouvernements catalan, espagnol et européens prennent leurs responsabilités et mettent fin à l’impunité dont jouit Israël.
Aujourd’hui, Barcelone a montré l’exemple. Espérons que d’autres suivront bientôt.

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