Le 7 décembre 2023
Ce soir, nous allumons la première bougie de la fête de Hanouka. Pendant huit jours, nous nous souviendrons de la révolte de Judas Maccabée face à l’Empire des Séleucides et de la reprise du Temple sacré de Jérusalem.
Nous commémorons la révolte d’un peuple occupé sur sa terre par une puissance étrangère et soumis à une politique de répression culturelle et religieuse. Durant ces jours de fête, il est de coutume de lire une prière supplémentaire, Al Hanissim, afin de remercier Dieu d’avoir « livré les forts entre les mains des faibles, les méchants entre les mains des justes ». La lutte contre l’oppression et les rapports de domination et d’exploitation est au centre de la fête de Hanouka. L’actualité de son message est aujourd’hui évidente. Elle renvoie au souffle prophétique et à l’exigence de justice qui sont au cœur du judaïsme.
L’allumage rituel des bougies rappelle le miracle de l’unique fiole d’huile retrouvée par les révoltés au sein du Temple, qui a permis de tenir une bougie allumée pendant huit jours, laissant le temps pour la confection de fioles supplémentaires et nécessaires à la remise en fonction du Temple.
Les lumières de Hanouka sont saintes. Leur usage ne peut être détourné dans un autre but, comme s’éclairer ou se chauffer. Le philosophe Jérôme Benarroch propose, à partir de la sainteté de ces lumières, une définition de la sainteté comme attribut de quelque chose qui ne saurait être détourné ou instrumentalisé. Il invite à projeter cette interprétation sur la notion de Goy Hakadoch (Nation Sainte) utilisée dans la Torah pour désigner le peuple juif (Bné Israël). Qu’est-ce qu’une Nation Sainte?
Selon l’enseignement de Hanouka, il s’agit d’une communauté de destin dont l’existence et l’identité ne sauraient être détournées. Or dans l’histoire de la modernité, les identités et récits aux fondements des nations sont mobilisés afin de masquer les contradictions sociales en leur sein, dans le but de se distinguer et de s’opposer à d’autres, ou encore d’exclure des populations définies comme étrangères. Nous pouvons ainsi dessiner l’hypothèse que le judaïsme nous enjoint à rejeter le nationalisme en tant qu’idéologie qui conduit à des formes de rejet, d’oppression et d’exploitation.
Cette fête est donc aussi une invitation à lutter, partout, tout le temps, pour la justice et la dignité. C’est également une invitation à ne pas perdre espoir.
À l’occasion de cette fête de Hanouka 2023, nous adressons toute notre solidarité au peuple palestinien en lutte contre l’oppression israélienne, son régime d’apartheid et son armée d’occupation. Il nous est douloureux d’assister à l’oppression que les Palestinien.nes subissent depuis plus de 75 ans, au déchaînement de violences et de brutalités auquel ils et elles sont soumises. Une telle politique est contradictoire avec le message et les exigences éthiques et politiques de la tradition juive.