Communiqué de presse – Audience du 4 juin 2025 à Bobigny contre le salon du Bourget

bourget assignations 2 Communiqué de presse - Audience du 4 juin 2025 à Bobigny contre le salon du Bourget

Ce mercredi 4 juin 2025, les organisateurs du Salon de l’armement du Bourget ont dû répondre devant la justice de leur choix de programmation quant à l’accueil d’entreprises qui participeraient au génocide actuel à Gaza1 et autres crimes internationaux commis dans les Territoires Palestiniens Occupés (TPO), en Ukraine et au Soudan. L’audience a porté sur deux actions en justice menées par les associations Al-Haq, Union juive française pour la paix (UJFP), Attac-France, Stop Fuelling War (SFW) et Survie en ce qui concerne les crimes internationaux commis par l’État d’Israël, et par les associations Attac-France, SFW et Survie dans le cas des crimes internationaux en Ukraine et au Soudan. Les associations les Amis de la Terre et Europalestine ont déposé une intervention volontaire pour être également parties plaignantes. 

Ces deux actions ont été menées avec la coordination des recherches et de la stratégie juridique par le collectif Droit & Mouvements Sociaux (DMS) et avec le soutien dans leur démarche de la coalition Guerre à la guerre. 

Du 16 au 22 juin 2025 se tiendra au Bourget l’un des plus grand salon mondial de l’armement, spécialisé dans l’aéronautique. 2500 exposants venus de 48 pays viendront y faire la promotion de leurs derniers missiles, drones ou bombardiers, afin de signer des contrats avec des États du monde entier. Lors de la dernière édition en 2023, les industriels présents avaient engrangé pas moins de 150 milliards de dollars de chiffre d’affaires2.

Plusieurs entreprises et délégations, annoncées comme exposantes au salon par le site officiel du salon, contribueraient, de manière directe ou indirecte, à l’armement d’Israël, de la Russie ou encore des Émirats arabes Unis (accusés par des observateurs internationaux de fournir des armes aux Forces de Soutien Rapides au Soudan). Le salon du Bourget fait la promotion sur son site de ces entités et leur servira de plate-forme commerciale pour passer des contrats d’armement en juin, qui devrait représenter, comme pour les éditions précédentes, des milliards d’euros.

Or, sans les armes et composants provenant de multinationales du monde entier, ces crimes ne pourraient être perpétrés avec une telle intensité. Ce commerce s’apprête à avoir lieu à quelques kilomètres de Paris, alors que les dommages causés par les crimes susvisés s’aggravent de jour en jour, dans les TPO, en Ukraine et au Soudan.

Dans le cas de Gaza, la plausibilité du génocide est reconnue par les instances internationales compétentes, et la France a exhorté le 19 mai dernier Israël à cesser « cette escalade (…) totalement disproportionnée »3. Cet état de droit et de fait n’a pas empêché l’avocat de la société SIAE de commencer sa plaidoirie par qualifier les offensives d’Israël comme « proportionnées », en tant qu’elles résulteraient de sa « légitime défense ».

Une autre association a fait une intervention volontaire accessoire avec des écritures et une stratégie différente de celle des associations. Le délibéré du tribunal qui portera sur la recevabilité de toutes les interventions et le fond de la décision aura lieu le mardi 10 juin à 16h.

Tout en dénonçant l’inaction persistante des autorités françaises face au risque sérieux de génocide à Gaza, ainsi que celle de la communauté internationale, qui n’a toujours pas adopté de sanctions économiques à l’encontre d’Israël — alors qu’elle a su le faire dans les cas de la Russie et du Soudan —, ces assignations rappellent avec insistance la nécessité de ne pas occulter la responsabilité des acteurs privés dans le soutien parfois même indirect à la commission de crimes internationaux graves, prévus et sanctionnés par notre Code Pénal.

Les actions judiciaires qui ont mené à cette audience s’inscrivent dans un contexte plus large de contestation sociale: une opposition aux politiques de militarisation de la France et de l’Europe, à l’impunité dont bénéficient les acteurs qui tirent profit de la guerre, à la tenue du salon du Bourget dans ces conditions, ainsi qu’à la répression grandissante des défenseurs des droits des peuples (en témoigne la menace récente de dissolution d’Urgence Palestine). Cette contestation est menée notamment par la coalition Guerre à la guerre qui appelle à un weekend de mobilisation contre le Salon du Bourget, du 20 au 22 juin à Bobigny (93). 

Elles s’inscrivent aussi dans un contexte de restrictions des services publics du fait d’un supposé manque de budget, alloué à une « économie de guerre » servant ainsi principalement les intérêts des géants économiques de l’armement.

Contacts presse :

Al-Haq,  joel.alhaq@gmail.com

Droits et Mouvements Sociaux, Droitetmouvementssociaux@proton.me

Survie, contact@survie.org

Coalition guerre à la guerre (qui regroupe une vingtaine de collectifs dont les Soulèvements de la Terre, Stop Arming Israel France, Urgence Palestine, la Marche des Solidarités)

Dominique Cochain, avocate et cofondatrice d’Avocats pour la Justice au Proche Orient (AJPO) dcochain@cabinetcochain.fr, qui représente les associations, aux côtés de Laura Monnier, Matteo Bonaglia, et Amélie Beauchemin.

***

Une cagnotte a été lancée pour pouvoir continuer de mener cette action qui s’annonce être de longue haleine. La justice coûte cher, mais peut être une stratégie efficace pour défendre au mieux les droits des peuples palestiniens, ukrainiens et soudanais. 

Soutenez l’action en justice contre le Salon d’armement du Bourget !

(via l’association Survie).


Note-s

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