C’est un grand succès et une belle leçon de ténacité que nous donnent ces paysans de Gaza.
L’étouffement de la vie civile et de toute velléité de production par l’étranglement de la fourniture d’électricité est un crime, honteusement toléré par la communauté internationale. Pour pallier, au moins en partie, à l’aléatoire du fonctionnement du réseau, et faisant fi du blocus, qui décide arbitrairement des denrées qui peuvent entrer dans la bande, et de la grande probabilité que les équipements volent en morceaux sous les bombes, les délibérations des paysans de Khuza’a et Abassan dont les terres sont irriguées à partir du château d’eau ont fermement conclu à la nécessité de relier la pompe relevante à un ensemble de panneaux solaires. Ils vont contacter de nombreuses associations à Gaza, comme le PARK et l’UAWC, mais aussi leurs autorités à travers le ministère de l’agriculture. Et c’est de ce côté que viendra l’engagement. Ils arrachent une place sur la liste des projets nécessitant des panneaux solaires. Ce qui vient de se concrétiser en cette fin juillet 2019 par la livraison imminente des panneaux.
Au pied du château d’eau, les travaux ont immédiatement commencé pour préparer la réception de 96 panneaux solaires, chacun d’entre eux d’une puissance de 330 watts. Un bel ensemble qui devrait efficacement suppléer le réseau défaillant : les prévisions sont d’un apport de 60 % de la puissance nécessaire l’été, 45 % l’hiver.
Les berceaux pour recevoir les panneaux on été préparés en quelques jours. Les paysans restent très mobilisés, car le projet approuvé par le ministère comportait les 96 panneaux et une nouvelle pompe pour le forage. Ce dernier équipement semble avoir été annulé. Les paysans ont demandé un rendez-vous au ministère pour tenter d’obtenir la totalité du projet originalement accepté.
Mais de toute façon, la fourniture des panneaux solaires est un pas important vers la prise en compte par les autorités de Gaza de l’importance du travail paysan. Cet équipements prend sa place dans le dispositif d’irrigation des terres proches de la barrière de sécurité, projet appuyé depuis trois ans par le mouvement de solidarité français.
Faire société, rester producteurs : le projet initié en 2016 « Un château (d’eau) pour Abu Jamal » suit obstinément sa route, belle alliance de la résistance palestinienne et de la solidarité internationale.
Pierre Stambul et Sarah Katz, 23 juillet 2019