par Gilles Devers.
Amateurs de rire, voici un dessin qui va vous ravir tant il s’en dégage un puissant humour… Un grand moment à partager entre amis :
C’est sordide, propagandiste et islamophobe : c’est Charlie. Ce dessin, c’est l’histoire d’un enfant dont tout le monde connait le nom et l’histoire. Une vie broyée – votre enfant, le mien, tous les enfants – par la violence du monde. Après les attentats de Paris, la presse publie des biblios des victimes du terrorisme, pour leur rendre un peu de vie. Charlie crache sur le cadavre d’un enfant. Chacun son style.
Un dessin de Charlie, franchement, je m’en contrefiche, comme tant d’autres… Tout le problème est que Charlie est devenu le panache blanc auprès duquel se rallient notre « gouvernement » et la flopée de ses cireurs de pompes : députés, presse, petits barons de province, mendiants de médaille…
En réalité, il y a deux problèmes : Charlie qui pue, et la propagande gouvernementale qui colle à Charlie…
Charlie qui pue
La famille d’Aylan peut certainement faire un procès pour ce dessin, que Charlie a choisi de diffuser dans le numéro spécial « mémoire », à un million d’exemplaires.
Un peu d’humour mal placé ? Non, une analyse vicieuse.
Le sens du dessin est que cet enfant, dont le monde entier connait l’identité et l’histoire, était voué, comme ses coreligionnaires, à être un intrus, un pauvre d’esprit car non-occidental, un basané qui sera toujours étranger dans un monde trop élaboré pour lui. Tôt ou tard, le rupestre zarabe allait occuper son temps à agresser les femmes, en leur pelotant les fesses. Heureusement, sa mort a évité le passage à l’acte. Pour Riss, il s’agit de « migrants » et non de « réfugiés ». Marine approuve.
Une analyse très violente. Massivement violente pour la mémoire d’Aylan, pour le droit à l’intimité de la vie privée de cet enfant. C’est contre son gré que le monde entier connait son nom. Tant pis pour lui : Charlie ne respecte rien. Riss dézingue un gosse de trois ans.
Riss va répondre qu’il ne faut pas en rester à une lecture simple, qu’il faut interpréter, contextualiser… Il faut chercher le sublime dans le crachat…
Le problème d’Aylan, ce n’est pas le départ de Syrie, qui est le choix de ses parents. Quitter la Syrie en 2015… tous les points de vue circulent, on en reparlera. Mais pour Aylan, la seule question est le devoir des États européens, tenus par leur constitution, la signature de la Convention sur les réfugiés et de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme d’accueillir toute personne en situation de précarité. Un impératif qui ne se discute pas.
Les États signataires de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme – 48 États, un vrai bloc de civilisation incluant la Russie et la Turquie – sont tenus de respecter les articles 2 (droit à la vie) et 3 (refus des traitements inhumains et dégradants) en toute circonstance, et ils doivent agir préventivement pour s’assurer de l’effectivité de ces droits.
Or, en septembre 2015, lors du décès d’Aylan et de ses proches, rien de sérieux n’était fait. Le sens de l’événement, c’est l’Europe – première puissance économique du monde – qui refusait de mettre à disposition des bateaux pour qu’aucun être humain ne meure noyé dans les eaux de la Méditerranée. En juillet 2013 à Lampedusa, le Pape l’avait dit, dans l’indifférence. Un enfant meurt parce que l’Europe manque à tous ses devoirs… Et Charlie se marre parce que cet enfant était programmé agresseur de femmes…
Bien sûr que Charlie mérite un procès, mais le plus grave est ailleurs.
La propagande
Charlie publie ce qu’il veut, et basta. Là où ça devient grave, c’est avec l’idolâtrerie « républicaine » autour de ce journal nihiliste et provocateur, focalisé sur son chiffre d’affaires. La fusion « Etat-Charlie », c’est la catastrophe. La question n’est pas les frelatés de Les Républicains que sont Hollande et Valls… La question, c’est la France, un grand peuple, qui a tant à dire au monde, un membre permanent du Conseil de sécurité, que le monde entier observe.
Associer Charlie et la République, c’est ajouter une bouse de plus au romantisme arrangé de notre histoire, après les guerres de religion, le roi et la reine décapités en place publique, la Terreur, le rétablissement de l’esclavagisme par Napoléon, les terrifiantes guerres de conquête par ce même criminel, la répression de la Commune de Paris par le gouvernement républicain, Jules Ferry et la supériorité de la race blanche, la colonisation destructrice, l’assemblée du Front populaire de 1936 remettant les pleins pouvoirs à Pétain, l’appareil d’État livrant les Juifs à Hitler, les crimes contre l’humanité dans les colonies, les Algériens jetés dans la Seine le 17 octobre 1961, la destruction de l’Afrique par la Françafrique…
Et tant d’autres… Alors, aimer son pays, et toujours, mais (1) ne pas confondre le gouvernement et le pays, et (2) regarder les faits sans le maquillage, pour identifier les falsificateurs et les propagandistes, et les rejeter.
Des journalistes abattus par des tueurs, c’est 100% de consensus de condamnation dans le pays. A commencer par la communauté musulmane qui sait les problèmes que lui posent ces criminels, dotés d’un petit pois vérolé à la place du cerveau.
Mais Charlie, c’est no way. L’insupportable impératif « être Charlie » pour être un bon Français, comme certificat d’adhésion aux valeurs de la République, de la laïcité intégrée… Stop, please. Lisez Charlie, regardez le dessin d’Aylan. Si le dessin ne suffit pas, lisez « Mohicans », le livre de Denis Robert.
Les dirigeants de l’État ont commis une faute grave en voulant faire de « je suis Charlie » un principe, alors que ce journal ne représente qu’un nihilisme catin et bourgeois.
Dégage Charlie : tu pues.