C’est sans doute illégal mais c’est OK 

Je suis Max Kresch et vous écrit à nouveau pour vous informer de ce qui se passe en Israël avec notre mouvement de soldats qui refusent la guerre.

Vous vous en souvenez peut-être, j’ai servi pendant deux mois au début de la guerre, puis j’ai décidé de refuser de continuer à servir. Ces derniers mois ont été passionnants, bien qu’épuisants, depuis que nous organisons ce qui représente maintenant plus de 200 soldats de l’armée israélienne qui ont pris une position active pour résister à la guerre de Netanyahu à Gaza. Vos encouragements continus sont fondamentaux. Je ne peux pas compter le nombre de fois où des gens m’ont contacté sur Instagram, Facebook, par e-mail et par d’autres moyens, du monde entier, pour me dire que ce que nous faisons les inspire. Des gens de pays comme la France, l’Australie, le Mexique, la Turquie, l’Indonésie et d’autres encore, beaucoup m’ont contacté dans un anglais approximatif, ou m’ont simplement écrit dans leur langue maternelle que j’ai traduit sur Google. Connaître l’impact que notre mouvement a dans le monde entier et l’inspiration qu’il donne aux gens renforce pour moi l’ampleur de ce mouvement.

La semaine dernière a été particulièrement perturbante avec l’annonce de la mort de la mère et des deux jeunes enfants de la famille Bibas, qui sont revenus assassinés, un autre rappel effrayant de l’imprudence criminelle et de l’abandon qui sont devenus la marque de fabrique de ce gouvernement. Tout au long de cette longue et horrible guerre, le gouvernement radical de Netanyahou a activement travaillé à prolonger la guerre, à saboter les accords et à étendre l’occupation illégale, tout en négligeant son devoir et ses responsabilités de ramener nos otages VIVANTS. Ils veulent que la guerre continue, au détriment des vies et des souffrances continues des otages restants, des risques pour les civils israéliens, les soldats et des communautés entières, qu’il est censé représenter. Et cela sans même mentionner la destruction et le massacre insupportables auxquels sont confrontés tant de Palestiniens de Gaza dont ils ont eux aussi une obligation juridique internationale contraignante mais dont ils ne prétendent même pas se soucier. Lorsque nous résistons à la guerre en tant que soldats, nous exerçons un niveau d’autorité qui dépasse de loin celui du citoyen moyen. Bien sûr, seuls nous ne pouvons pas renverser un régime mais lorsque les gens nous voient, cela les incite à résister aussi.

Malheureusement, cette nouvelle ère Trump ne semble qu’encourager les dirigeants d’extrême droite, en Israël et dans le monde entier. Ayant grandi dans le Michigan, aux États-Unis, je vois de nouvelles politiques se mettre en place, étouffant les mécanismes permettant aux citoyens de s’organiser, aux travailleurs de se syndiquer et au pays de demander des comptes à ses dirigeants. Malheureusement, je pense que la tendance des dirigeants autoritaires en herbe à étouffer la dissidence et à gouverner au mépris flagrant de la loi ne fera que s’accentuer de manière significative dans les années à venir. Mais ce n’est pas le moment de se décourager.

Voici le plan

Comme je l’ai déjà dit, en tant que soldats, nous avons une voix particulièrement puissante. C’est l’une des raisons pour lesquelles les gouvernements ont tendance à adopter des lois limitant le droit des soldats à s’organiser, voire à s’exprimer publiquement sur le plan politique, comme c’est le cas en Israël et probablement dans le pays d’où vous lisez ceci. Nous comprenons tous que la capacité des travailleurs à s’organiser en syndicats est cruciale pour garantir une main-d’œuvre équitable, mais l’idée que des soldats s’organisent de manière indépendante est extrêmement rare dans le monde mais c’est exactement ce que nous faisons. Au cours des derniers mois, nous avons recueilli des signatures et organisé ce qui est devenu un groupe de plus de 200 soldats qui résistent à la guerre. Nous avons organisé des réunions, une conférence des réfractaires, nous avons pris la parole lors de manifestations, imprimé des autocollants et nous avons joué un rôle clé dans le réveil de la voix contre la guerre. Il y a une raison pour laquelle les mouvements comme le nôtre sont rares. C’est un travail très difficile, qui comporte de nombreux risques et sacrifices, y compris des conséquences sociales, comme les réprimandes de ses pairs et l’ostracisme, ainsi que des risques juridiques.

Cependant, comme le disait Martin Luther King Jr. lorsqu’il recourait à la désobéissance civile pour combattre la ségrégation aux États-Unis, « il existe deux types de lois, les justes et les injustes, et si l’on a l’obligation morale d’obéir aux lois justes, on a également l’obligation morale de désobéir aux lois injustes ». Bien que notre objectif premier reste de mettre fin à la guerre et de rapatrier tous les otages dans le cadre d’un accord diplomatique, j’espère sincèrement qu’en ces temps de tumulte mondial, notre mouvement pourra servir de modèle et d’inspiration à d’autres soldats du monde entier afin qu’ils utilisent leur stature pour s’opposer à la montée de la tyrannie. À mesure que nous augmentons notre nombre, les principes qui nous guident sont la véritable égalité, la libération de l’oppression et la responsabilité. Nous résisterons toujours aux abus de pouvoir de l’élite politique pour soumettre les autres à l’injustice, et j’espère que d’autres dans le monde s’inspireront de ce que nous faisons.

Comment vous pouvez aider

Organiser des soldats pour la désobéissance civile est une tâche ÉNORME qui nécessite beaucoup d’apprentissage avec des essais et d’erreurs. Bien que je sois très optimiste quant à l’impact que nous pouvons avoir, je sais qu’il y aura des revers, des échecs et des périodes de stagnation où nous aurons l’impression de ne pouvoir progresser. Nous sommes également confrontés à plusieurs risques, notamment des amendes et des arrestations – une conséquence que j’ai déjà vécue en raison de ma participation à des manifestations – ainsi que des répercussions sociales et l’ostracisme dans certains segments de la société. Nous ne pouvons emprunter cette voie que si nous savons que vous nous soutenez. Nous devons disposer d’un financement constant et fiable qui puisse soutenir nos efforts, soutenir nos organisateurs et garantir notre capacité à continuer d’avancer.

La meilleure façon dont vous pouvez nous aider est de faire un don récurrent automatique ici. Si 250 personnes s’engageaient à faire un don récurrent de 40 $ par mois, cela couvrirait tous nos frais généraux actuels et nous permettrait de nous établir avec un centre permanent pour nos opérations. Bien entendu, chaque don, aussi important soit-il, est grandement apprécié car il témoigne de votre engagement continu envers notre cause commune et nous aide énormément à lutter contre l’injustice de cette guerre.

C’est avec grand plaisir que nous partageons les messages que vous envoyez avec vos dons. Merci de continuer à nous écrire, car c’est l’une des choses essentielles qui nous motive, et bien sûr, si vous avez des amis qui aimeraient aussi lire cette lettre, n’hésitez pas à la leur envoyer !

Max Kresch

info@refuser.org

Refuser Solidarity Network

(Réseau de solidarité des réfractaires)

Post Scriptum :

Ce qui suit est tiré d’une page de publicité du New York Times de 1967. Elle a été placée par l’organisation émergente des « Vétérans du Vietnam contre la guerre », qui avait joué un rôle important dans la formation de l’opinion publique autour de la guerre du Vietnam.

« Nous pensons que le conflit dans lequel les États-Unis sont engagés au Vietnam est injuste, injustifiable et contraire aux principes sur lesquels ce pays a été fondé. Nous nous joignons à la dissidence des millions d’Américains contre cette guerre. Nous soutenons nos amis qui sont encore au Vietnam. Nous voulons qu’ils rentrent chez eux vivants. Nous voulons qu’ils rentrent chez eux maintenant. Nous voulons empêcher que d’autres jeunes hommes soient envoyés au Vietnam. Nous voulons mettre fin à la guerre maintenant. Nous pensons que c’est la plus haute forme de patriotisme.»

Ces mots sont aussi vrais aujourd’hui concernant notre guerre à Gaza et l’occupation continue du peuple palestinien qu’ils l’étaient il y a près de 60 ans.

Traduction Michel Ouaknine pour l’UJFP

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