Y a-t-il une « bonne » date pour vendre des ordures ? Voilà une question que GALLIMARD s’est peut-être posée en prévoyant de publier un ouvrage rassemblant les textes antisémites et racistes de Louis Ferdinand CÉLINE.
Un « grand écrivain », « un des plus lus et étudiés du XXème siècle », nous explique-t-on pour justifier l’injustifiable. Dès le début des années 30, CÉLINE est devenu nazi et antisémite, en même temps que son style d’écriture apportait un « souffle nouveau » à la littérature d’un monde en perdition.
« Je viens de publier un livre abominablement antisémite, je vous l’envoie. Je suis l’ennemi no 1 des juifs » assure-t-il lui-même en faisant la promo de ses pamphlets d’une violence et d’une haine antijuive inouïes que nous nous abstiendrons de reproduire tant elles nous dégoutent.
Se situant au dessus de ces considérations, le Premier ministre Édouard Philippe souhaite que cette réédition soit « soigneusement accompagnée » soutenant que « détester l’homme ne [peut] pas ignorer l’écrivain ni sa place centrale dans la littérature française » tandis que sa ministre de l’Enseignement supérieur explique que l’important « c’est qu’on explique le contexte, pourquoi ça a été écrit, qu’est-ce qu’on peut en penser ».
Tout se passe donc comme s’il y avait un antisémitisme de salon, sophistiqué, acceptable même, fourni avec son « mode d’emploi » pour qu’on puisse mieux le « comprendre », comme s’il était beaucoup moins intolérable que celui, supposé, des classes populaires racisées. Elles n’ont pas les « excuses » de la littérature aux yeux de ces mêmes politiciens-nes toujours si prompts à les dénoncer.
Pour nous, UJFP, l’antisémitisme est un racisme qui a abouti à l’un des plus importants génocides de l’Histoire. Ce sont les écrits de CÉLINE qui, avec ceux d’autres écrivains français d’extrême-droite, ont commencé à discriminer et à tuer avant que les balles et les gaz viennent « finir le travail ». A cet égard, le talent littéraire éventuel de leur auteur est une circonstance aggravante, bien davantage qu’un sujet d’étude ou de critique qui s’exonèrerait de toute considération morale.
Dans la période actuelle de perte de repères, de sens et de simplisme trumpien, promouvoir l’antisémitisme au motif qu’il émanerait d’un « grand » écrivain est moralement abject et politiquement dangereux.
Le Bureau national de l’UJFP, le 10 janvier 2018