Paru dans lundimatin#129, le 15 janvier 2018
En mars 2016, Les Blancs, les Juifs et nous : vers une politique de l’amour révolutionnaire d’Houria Bouteldja paraissait aux éditions La Fabrique et provoquait une succession de polémiques parfois nécessaires mais souvent artificielles ou platement diffamatoires. Lundimatin s’en est d’ailleurs occasionnellement fait le relai en publiant cet article d’Eric Hazan ou cette critique d’Ivan Segré. Les écrits polémiques ne sont pas de la littérature ou de la philosophie que chacun peut apprécier d’une confortable distance, ils nous somment de prendre parti, d’attaquer ou de défendre. C’est bien le mérite qu’il faut reconnaître au Parti des Indigènes de la République, digne héritier en cela d’un certain trotskisme français, que de savoir opérer pour bousculer, ébranler et imposer ses termes au conflit et ses divisions au cœur du parti adverse ou à conquérir. Mais c’est une des conséquences de la politique qu’il devient à un certain point impossible de distinguer quel parti se joue de l’autre. D’un côté, le livre d’Houria Bouteldja stimule et révèle l’expression et l’assomption d’un racisme mainstream aussi décomplexé qu’effarant et glauque ; de l’autre il prétend imposer une idée de l’amour révolutionnaire aussi désirable qu’un plan quinquennal soviétique. S’il revient à chacun de déterminer la nécessité de se mêler à telle ou telle bataille, les questionnements ouverts par le conflit nous interpellent tous. C’est pourquoi nous publions cette tribune rédigée et signée par des intellectuels juifs et qui apporte un éclairage très différent à ce débat bien trop français.