Addameer, mercredi 2 mai 2012
Ramallah, 1er mai 2012
Addameer exprime sa plus extrême inquiétude pour les vies de Bilal Diab et Thaer Halahleh, actuellement à leur 63e jour entier de grève de la faim pour protester contre leur détention administrative. Un médecin indépendant des Médecins pour les Droits de l’Homme-Israël (PHR-Israel) a constaté hier, 30 avril, que Bilal court un risque immédiat de mort et que tous les deux, lui et Thaer, doivent être transférés immédiatement vers un hôpital civil afin d’y recevoir des soins médicaux appropriés. La visite d’hier de PHR-Israel a été seulement la seconde visite d’un médecin indépendant depuis le début de leur grève de la faim et n’est intervenue qu’à la suite d’une requête judiciaire enregistrée dans un tribunal israélien de district en direction du Service des Prisons israélien (SPI) pour permettre l’accès auprès de Bilal et Thaer au centre médical de la prison de Ramleh. Toute visite suivante pourrait encore demander de retourner devant le tribunal.
Selon PHR-Israel, “les deux détenus souffrent d’une faiblesse musculaire aigue dans les membres qui les empêche de se lever. Ils ont besoin tous les deux d’une assistance complète dans les activités quotidiennes telles que prendre une douche , bien qu’une telle aide ne soit pas apportée à l’infirmerie du SPI. Tous les deux souffrent d’une diminution aigue de la tonicité musculaire et sont cloués au lit, ce qui les expose à une double menace : atrophie musculaire et thrombophlébite, ce qui peut mener à un caillot sanguin fatal.”
En outre, le médecin de PHR-Israel a remarqué que l’état de santé de Bilal menaçant sa vie comprend une perte de poids prononcée, une crainte de dommage nerveux périphérique, un pouls extrêmement bas (39 pulsations par minute) et une tension artérielle faible, une sévère déshydratation et une possible hémorragie interne. Le médecin a déclaré que Bilal devait être transféré immédiatement vers un hôpital et bénéficier d’un contrôle complet du coeur. Après la visite du médecin, Bilal a été transféré vers un hôpital civil, seulement pour être retransféré à la prison de Ramleh quelques heures plus tard. Après un collapsus cet après-midi, il a été transféré de nouveau à l’hôpital Assaf Harofeh, où il demeure actuellement. Ces fréquents transferts ne serve qu’à mettre davantage en danger son état fragile.
Le médecin a constaté que Thaer aussi est dans un état de santé inquiétant et souffre d’une perte de poids prononcé et a mal du côté gauche en haut du dos, qui, selon PHR-Israel, associé à d’autres symptômes, “peut indiquer une inflammation de la plèvre (membrane autour des poumons) ou même un caillot sanguin, qui peut être mortel sans des soins médicaux appropriés”. Par conséquent, le médecin en a conclu que Thaer doit être transféré vers un hôpital civil, étant donné qu’il a besoin d’un CT scanner des poumons, qui ne peut être effectué au centre médical du SPI.
Les craintes d’Addameer, que l’état médical sérieux de Bilal et Thaer soit arrivé à cause des réponses inappropriées et nuisibles de la part du SPI au centre médical de la prison de Ramleh ont été confirmées par la visite d’hier du médecin. En plus des transferts imprudent en allant et venant vers l’hôpital pour Bilal, Thaer et Bilal ont tous les deux rapporté que les gardes de la prison étaient récemment entrés dans leurs cellules et avaient exécuté des fouilles violentes. Thaer a aussi rapporté avoir été insulté par un médecin du SPI deux jours auparavant.
Et qui plus est, l’avocat de Bilal et Thaer, Jamil Al-Khatib a essayé de rendre visite à Bilal cet après-midi et a été repoussé par le SPI. On lui a dit qu’il devait soumettre une ”demande spéciale “ aux conseillers juridiques du SPI. Les requêtes de Bilal et Thaer à la Haute Cour israélienne contre leur ordre de détention administrative seront examinées en audience le 3 mai. Une requête pour des visites familiales à Bilal a aussi été rejetée par le SPI, qui a déclaré que les visites familiales avaient officiellement été refusées du 9 février au 9 juillet pour “avoir violé un ordre du SPI” en étant en grève de la faim. Le SPI continue d’utiliser tout obstacle à sa disposition en empêchant les avocats et les médecins d’accéder auprès des prisonniers faisant la grève de la faim. Ces tactiques sont destinées à isoler les grévistes de la faim autant que possible des sources de soutien fiables et de l’information médicale, dans une totale indifférence à leur état le plus pressant.
Addameer condamne la plus flagrante violation par le SPI de l’éthique médicale dans son traitement de Bilal, de Thaer et de tous les autres grévistes de la faim demandant des soins médicaux, et tient la Puissance occupante pour responsable de leur état actuel. Addameer appelle la communauté internationale à exiger que Bilal et Thaer soient immédiatement admis tous les deux dans les hôpitaux civils, sans transferts supplémentaires, et qu’ils aient accès de façon inconditionnelle à des médecins indépendants et à leurs avocats. Addameer exhorte l’Union Européenne, les Nations Unies et le Comité International de la Croix Rouge à agir immédiatement et à intervenir auprès d’Israël de la manière la plus ferme possible pour sauver les vies de Bilal et Thaer avant qu’il ne soit trop tard.
(Traduit de l’anglais par Yves Jardin)