Annulation par la mairie de Paris de la rencontre publique « contre l’antisémitisme, son instrumentalisation et pour la paix révolutionnaire en Palestine » 

Nous avions souhaité, il y a déjà plusieurs mois, organiser une réunion publique contre l’antisémitisme et son instrumentalisation et pour la paix en Palestine car nous voulions porter le débat sur une scène intellectuelle, philosophique et culturelle afin d’éviter les simplifications. Qui mieux que Judith Butler, philosophe de renommée internationale, membre de l’Academic Board de Jewish Voice for Peace, importante organisation de juifs progressistes antisionistes et pour la libération du peuple palestinien, pouvait contribuer à ce débat. Nous l’avions alors contactée et elle avait accepté. Depuis, la tenue d’un tel débat est devenue encore plus urgente.

Nous avons proposé à Judith Butler une sélection d’extraits de plusieurs de ses écrits à partir desquels elle développerait ses arguments sur l’antisémitisme, son instrumentalisation et son opposition à l’occupation de la Palestine sous forme de conversation avec Françoise Vergès et Olivier Marboeuf. Dans la seconde partie de la soirée, des représentants de l’UJFP, Tsedek, l’AFA Paris-Banlieue, NPA, Révolution Permanente et Paroles d’honneur, auraient pris la parole. Le Cirque électrique avait alors accepté d’accueillir cette réunion.

La Mairie de Paris est intervenue vendredi 1er décembre auprès du Cirque Electrique (Paris XXème) afin d’interdire cette rencontre, invoquant des risques de « troubles de l’ordre public. » Par la suite, les pressions exercées sur tous les lieux parisiens prêts à accueillir cet événement très largement plébiscité ont fait entendre d’autres motifs de cette interdiction et notamment la présence d’indésirables au sein du collectif des coorganisateurs.

Nous rappelons que nous avions préparé avec soin cet événement important au cœur du silence assourdissant concernant ce qui se déroule à Gaza actuellement. Une France est jusqu’à la caricature, hostile à ce débat, ce qui nous choque et nous attriste car cela rompt avec la position historique du pays sur cette question. Outre d’empêcher un débat que beaucoup trouve nécessaire, diffamation, mauvaise foi et malhonnêteté ont été largement utilisées, notamment en laissant entendre que Judith Butler ait été induite en erreur en acceptant cette invitation.


Les nombreuses pressions exercées sur cette manifestation, à laquelle Angela Davis avait également accepté d’associer sa voix, font apparaître une peur panique de la pensée. Or, il était plus que nécessaire d’en offrir à la suite de l’épisode navrant qui a vu des forces de gauche sommées de marcher aux côtés du Rassemblement National pour dénoncer l’antisémitisme. Agiter à l’envi comme prétexte la présence d’Houria Bouteldja et rejouer à l’infini la chasse aux sorcières ne peut masquer la vacuité des arguments de celles et ceux qui ont tenu à interdire coûte que coûte cette soirée car elle n’était pas de leur initiative.


Rumeur et stratégie de la division ne remplaceront jamais la parole et la pensée. La voix d’Angela Davis et la présence de Judith Butler offraient parole et pensée à un public différent des institutions agrées par les autorités dans ce moment très grave où il est urgent de penser et d’agir.

Nous sommes donc au regret d’annoncer que le climat de menace qui pèse sur la rencontre prévue le 6 décembre ne permet pas de la tenir dans de bonnes conditions. Nous ne renonçons pas pour autant à porter d’autres voix et d’autres idées dans un pays qui ne cesse de se refermer. Lutter contre l’antisémitisme et son instrumentalisation, exiger un cessez-le-feu immédiat à Gaza et la paix en Palestine, est un devoir politique.

Collectif « Guerre permanente ou paix révolutionnaire, il faut choisir ! »

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