Analyse de la situation à Gaza, le 4 septembre 2024

Témoignage d'Abu Amir le 11 mai

Israël a exploité l’opération « Tempête al-Aqsa » menée par le Mouvement de résistance islamique « Hamas » le 7 octobre 2023 pour lancer une guerre d’extermination contre le peuple palestinien dans la bande de Gaza. Israël a déclaré que son objectif était d’éliminer le pouvoir du Hamas et sa puissance militaire dans la bande de Gaza.

Mais Israël cherchait en même temps à atteindre un autre objectif, qui était de déplacer les Palestiniens ou la plupart d’entre eux de la bande de Gaza vers le Sinaï égyptien et vers d’autres pays de la région et du monde. Dans ce contexte, l’armée israélienne a mené une vaste opération de destruction des villes, des camps et des villages palestiniens dans la bande de Gaza, détruisant les bâtiments résidentiels et diverses infrastructures qui fournissent des services essentiels à la vie des civils, tels que l’électricité et l’eau, ainsi que diverses institutions, notamment des écoles, des universités, des hôpitaux, des mosquées, des églises, des institutions des Nations unies, des installations économiques et industrielles, des voies de transport et des champs agricoles.

À ce jour, plus de 40 819 Palestiniens ont été tués, pour la plupart des femmes et des enfants, et plus de 94 291 ont été blessés, pour la plupart des femmes et des enfants. Les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis par l’armée israélienne contre les Palestiniens de la bande de Gaza ne visaient pas seulement à atteindre des objectifs militaires ou à satisfaire l’instinct de vengeance, mais aussi et surtout à transformer la bande de Gaza en une zone inhabitable, afin de forcer les Palestiniens à émigrer.

La guerre actuelle contre la bande de Gaza constitue une catastrophe humanitaire et politique qui affecte grandement toutes les parties concernées. La bande souffre de destructions massives et de l’effondrement des infrastructures en raison de l’agression israélienne permanente, ce qui accroît les souffrances des Palestiniens déplacés qui vivent dans des conditions misérables depuis plus de 11 mois. Ces conditions ont conduit à une escalade de la colère populaire dans la rue palestinienne.

Les conditions catastrophiques dans la bande de Gaza

Dans la bande de Gaza, les personnes déplacées vivent dans des camps surpeuplés qui manquent de services de base tels que l’eau potable, la nourriture, les soins de santé et l’électricité. Depuis le début de la guerre, les maisons, les écoles et les hôpitaux ont été bombardés, ce qui a entraîné une détérioration des conditions de vie. Malgré les tentatives de la communauté internationale de venir en aide à la bande de Gaza, l’aide est souvent insuffisante pour répondre à l’ampleur des besoins.

Le conflit a également suscité une grande frustration chez les Palestiniens, notamment en raison de l’échec des négociations entre Israël et le Hamas. Beaucoup pensent que les deux parties sont responsables de l’échec des négociations ; le Hamas pour son adhésion à des demandes difficiles et Israël pour son intransigeance et son refus de faire des concessions substantielles. Cette frustration renforce les sentiments de colère et de désespoir du peuple palestinien, qui a l’impression de payer le prix fort pour ses souffrances, sans qu’aucune solution politique ne soit en vue.

L’impact de la guerre sur la société israélienne

D’autre part, la société israélienne souffre d’un état d’instabilité en raison des combats en cours. Malgré la supériorité militaire d’Israël, le conflit cause des pertes humaines et affecte la vie quotidienne de la population. L’escalade de la colère dans la rue israélienne est devenue évidente, car des manifestations ont eu lieu pour exiger la fin de la guerre et une solution globale qui rétablira le calme dans la région.

Une grande partie des Israéliens réclament également le retour des prisonniers détenus par le Hamas, ce qui accroît la pression sur le gouvernement israélien. Le sentiment de méfiance à l’égard des dirigeants israéliens, considérés comme incapables de mettre fin au conflit de manière à assurer la sécurité et la stabilité, ne cesse de croître.

Crise de confiance chez les dirigeants

Tant du côté palestinien qu’israélien, les deux sociétés partagent un profond sentiment de déception à l’égard de leurs dirigeants. Les Palestiniens considèrent que les dirigeants du Hamas placent leurs intérêts politiques au-dessus de ceux de la population, tandis que le président palestinien Mahmoud Abbas (Abou Mazen) est critiqué pour son incapacité à faire avancer le processus de paix. Les Israéliens, quant à eux, estiment que leurs dirigeants n’ont pas de vision stratégique claire pour mettre fin à la guerre ou parvenir à la paix.

Cette situation entraîne une montée de la colère populaire dans les deux camps. Les Palestiniens considèrent qu’une guerre sans fin les prive de leur vie et de leur avenir, tandis que les Israéliens se sentent épuisés par une guerre coûteuse qui ne permet pas d’instaurer la sécurité ou une paix durable.

Les revendications populaires

Dans ce contexte, les revendications populaires se multiplient dans les deux sociétés pour mettre fin à la guerre et parvenir à un règlement politique global. Les Palestiniens exigent la fin de l’agression, la levée du siège de Gaza et l’instauration d’une paix qui respecte leurs droits nationaux. Dans le même temps, les Israéliens exigent le retour de leurs soldats capturés et une solution à long terme au conflit qui leur garantisse la sécurité sans avoir besoin de guerres répétées.

La guerre contre la bande de Gaza a créé une crise humanitaire et politique qui creuse le fossé entre les dirigeants et leur peuple. Compte tenu de l’échec des négociations et de la colère populaire croissante, la recherche d’une solution politique globale et juste devient une nécessité urgente pour mettre fin au cycle de la violence et instaurer la paix dans la région.

Compte tenu de la situation catastrophique dans la bande de Gaza à la suite de l’agression israélienne en cours, le ministère palestinien de la santé, en coopération avec les agences des Nations unies, a lancé une campagne de vaccination à grande échelle contre la polio. Cette campagne est une réponse urgente pour empêcher la propagation de cette maladie dangereuse dans la région, surtout après que le premier cas de polio a été enregistré en 25 ans. La campagne, qui a officiellement débuté le dimanche 1er septembre dans trois centres de santé du centre de la bande de Gaza, vise à vacciner environ 640 000 enfants. La campagne vise à atteindre les zones les plus touchées au nord et au sud dans les prochains jours, compte tenu des conditions de guerre qui entravent les opérations de vaccination. Cette initiative intervient après qu’un enfant de 10 mois a été partiellement paralysé à la suite d’une infection par une souche mutante du virus de la polio.

Bien qu’Israël ait annoncé qu’il accepterait des périodes limitées de « cessez-le-feu » pour faciliter la campagne, les rapports indiquent que les frappes aériennes se poursuivent dans la bande de Gaza. Alors que des vaccinations limitées ont eu lieu samedi dans la région sud, des sources locales ont fait état de frappes aériennes israéliennes dimanche matin sur la ville de Gaza et le camp de réfugiés de Bureij, tuant quatre Palestiniens, dont une jeune fille, et en blessant d’autres.

Pour sa part, Philippe Lazzarini, commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA), a appelé au respect des pauses temporaires afin de garantir le succès de la campagne de vaccination. L’Organisation mondiale de la santé a souligné l’importance de vacciner environ 90 % des enfants de moins de dix ans à Gaza pour garantir l’efficacité de la campagne et empêcher la propagation de la maladie.

La campagne est confrontée à des défis importants compte tenu de l’agression israélienne en cours et de la détérioration de la situation humanitaire. Cependant, l’insistance sur sa mise en œuvre reflète les efforts du secteur de la santé palestinien et de ses partenaires internationaux pour faire face aux crises de santé publique à Gaza, où la lutte contre la polio fait désormais partie de la résistance du peuple palestinien face à la machine de guerre israélienne.

(voir également l’article de Brigitte Challande sur le site d’Altermidi)