Abu Amir, le 4 mars : un point sur la situation à Gaza

Abu Amir, 4 mars, un point, une image de la situation : malheureusement, il n’y a rien d’autre à Gaza que la destruction. Gaza est en morceaux.

« La situation dans la bande de Gaza se fait encore plus tendue, après que l’occupation a intensifié ses attaques sur différentes régions au cours des dernières 24 heures, afin de faire pression sur les factions palestiniennes, en particulier le Hamas, pour qu’elles réduisent leurs exigences liées à l’accord d’échange de prisonniers.

La radio hébraïque diffuse délibérément des nouvelles frustrantes sur le déroulement de l’accord d’échange de prisonniers, mais ce qui se passe sur le terrain, c’est que les deux parties subissent une forte pression pour conclure cet accord avant le début du Ramadan.

Le Hamas a misé sur la sympathie internationale et arabe, en particulier à l’approche du mois de Ramadan, mais les pressions se font plus fortes de part et d’autre.

D’autre part, le Conseil de guerre israélien est divisé en raison de la pression internationale exercée sur Israël et du problème de son image, ébranlée au niveau mondial par les massacres quotidiens perpétrés contre les Palestiniens.

La pression sur Israël s’est également accrue après qu’il a empêché l’entrée de l’aide dans la ville de Gaza et dans le nord de la bande, où sévit une véritable famine qui a entraîné la mort de nombreux enfants, et après le massacre qui a eu lieu il y a deux jours, appelé massacre de la farine.

Kamala Harris, la vice-présidente des États-Unis, condamne les agissements d’Israël, et voici quelques-uns des propos qu’elle a tenus dans son discours :

« “Cessez-le-feu” et non pas “trêve temporaire” dans le cadre de l’accord d’échange. Des gens meurent de faim dans la bande de Gaza… On rapporte que des familles mangent des aliments pour animaux et que des enfants meurent à cause de la malnutrition et de soif. Israël devrait permettre à davantage d’aide d’entrer dans la bande de Gaza : “Pas d’excuses”. Israël devrait s’efforcer de rétablir les services de base, la loi et l’ordre dans la bande de Gaza jusqu’à ce que l’aide parvienne à ceux qui en ont besoin. »

Toutes ces données indiquent, de mon point de vue, qu’il y aura une trêve dans les prochains jours, je pense que la cessation des combats commencera dès le premier jour de ce Ramadan, si ce n’est avant.

A l’heure où je rédige ce rapport, nous apprenons que le Hamas a déclaré :

« Le Hamas a exprimé sa volonté de faire des avancées dans la négociation au sujet des prisonniers palestiniens, dont il exige la libération des prisons de l’occupation, en échange d’avancées de la part de l’occupation permettant aux personnes déplacées de retourner dans le nord de la bande de Gaza. »

Déclaration du porte-parole du ministère de la Santé :

« Le porte-parole du ministère de la Santé précise que, au cours des 150 jours d’agression israélienne ininterrompue, les forces d’occupation israéliennes ont tué 364 membres du personnel de santé et en ont arrêté 269 autres, notamment des directeurs d’hôpitaux à Khan Yunis et dans le nord de la bande de Gaza.

Les forces d’occupation israéliennes ont détruit 155 établissements de santé et mis hors service 32 hôpitaux et 53 centres de santé.

Les forces d’occupation israéliennes ont pris pour cible 126 ambulances pour les rendre inutilisables.

Les forces d’occupation ont détruit l’infrastructure des hôpitaux de Khan Yunis et du nord de Gaza et les ont réduits à l’état de simples points médicaux.

La situation sanitaire est extrêmement catastrophique, indescriptible, et elle ne cesse de s’aggraver et de s’effondrer en raison de l’absence de l’aide médicale nécessaire.

L’occupation israélienne a délibérément provoqué une catastrophe humanitaire et sanitaire sans nom qui a contribué à la propagation d’épidémies et de maladies infectieuses.

Nous avons détecté environ un million de cas de maladies infectieuses, et les capacités médicales nécessaires ne sont pas disponibles pour les soigner.

Les habitants du nord de Gaza luttent contre la mort en raison d’une famine qui a dépassé tous les niveaux mondiaux, en raison de la pénurie d’eau potable et du manque de nourriture. Des dizaines d’enfants, de femmes et de personnes âgées en ont été victimes jusqu’à présent.

Nous en appelons aux Nations Unies pour qu’elles appliquent le droit international humanitaire afin de protéger les civils, les institutions et les équipes de santé.

Nous en appelons aux Nations Unies pour qu’elles fournissent des moyens de survie aux habitants de la bande de Gaza afin d’éviter une catastrophe humanitaire. »

Par rapport à l’information suivant laquelle les pêcheurs de Gaza seront présents, à travers deux documentaires, au festival « pêcheurs du monde » de Lorient (documentaire de Sarah Katz et Samia Ayeb d’une part, de Iyad Alastal d’autre part, projection le 19 mars) :

Sarah précise : le festival m’avait donné son accord pour inviter Zakaria Baker, responsable syndical pour les pêcheurs de Gaza, mais malgré mes différentes demandes, le Consulat de France à Jérusalem m’a répondu à plusieurs reprises qu’il n’était pas en mesure de l’aider à venir en France, ne serait-ce que pour une très courte période. Zakaria Baker et Madleen Kulab (première femme pêcheure de Gaza) seront néanmoins  » présents » , à travers deux vidéos qu’ils viennent d’enregistrer.

Je regrette que Zakaria ne puisse pas assister au festival. Sa présence est très importante pour parler des souffrances des pêcheurs et des dommages qu’ils subissent du fait des violations israéliennes. Mais j’espère que ces vidéos parviendront, avec votre aide, à révéler l’horrible réalité de l’occupation et à aider les pêcheurs d’une manière ou d’une autre.

Et oui, les consulats ne fonctionneront vraisemblablement pas avant qu’au moins deux mois se soient écoulés après l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu. Les bureaux représentant ces consulats doivent d’abord fonctionner pour recevoir les demandes du public, et la poste doit également fonctionner. Or la plupart des bâtiments abritant des bureaux de représentation consulaire ont été détruits, ainsi que le matériel qui s’y trouvait. Malheureusement, il n’y a rien d’autre à Gaza que la destruction. Gaza est en morceaux.