Au 15 janvier, toujours aucune communication téléphonique ou internet local dans toute la bande de Gaza.
Il y a deux jours, Abu Amir s’est rendu à l’Hôpital Européen (sud est de Khan Younis, près de Foukhari). Il a pu voir les corps de très nombreux paysans, dont il connaissait la plupart, par l’activité de la pépinière, et aussi lors de la distribution d’outils permise par la donation de la 4acg.
Ces paysans ont été victimes de bombardements ciblés. Beaucoup habitaient avant la guerre Bani Souheila. Ils étaient réfugiés aux alentours de l’ Hôpital Européen, mais ils ont voulu aller vérifier ce qu’il advenait de leurs terres, et de leurs maisons. Lorsqu’ils sont arrivés sur les terres, ils ont été sauvagement bombardés, des corps en morceaux.
Les attaques aériennes se multiplient en ce moment sur Khan Younis, Maghazi, Deir al-Balah, Burej [centre et sud de la bande de Gaza].
Abu Amir : « Comme expliqué dans le dernier rapport, le 12 janvier, j’ai trouvé, rassemblé dans une école à Khan Younis, une grande partie de la famille élargie du mokhtar Abu Taïma (Abu Jamal). Nos retrouvailles ont été très chaleureuses. Toutes les questions concernaient la possibilité de soutien lorsqu’ils retourneront sur leurs terres, si des projets pour les aider à ce moment là seront envisagés, je leur ai dit que oui. Il faut comprendre qu’ils ont tout perdu, je peux donner l’exemple des propres maisons d’Abu Jamal, il n’en reste rien.
Les paysans doivent aussi faire face à des pillages sur ce qui reste debout. Par exemple, sur le parc de panneaux solaires déployés pour le château d’eau (le premier parc, obtenu grace à la FAO, de 90 panneaux), 25 ont été dérobés (les panneaux financés par l’UJFP, installés sur les toits, sont toujours là, mais avec des dommages dus aux bombardements).
Donc nous savons que nous allons avoir énormément de problème avec l’eau, si nous ne pouvons actionner les pompes. Et vous savez qu’il ne reste absolument rien de la pépinière.
Nous attendons… Nous entendons qu’il y a des oppositions à l’intérieur d’Israël sur la folie de leur gouvernement, que certains appellent à changer les responsables. Il y a les élections qui viennent aux USA, on peut penser qu’ils voudront en finir avec cette guerre avant ces élections. Il ne s’agit pas de compréhension de ce qui arrive aux Palestiniens, ils ne sont préoccupés que par eux-même, mais nous espérons que cela veut dire que cet enfer va se terminer.
Bravo à l’Afrique de Sud, ils ont très bien travaillé, on entend la rage d’Israël contre eux. Et les pays Arabes ont voulu, quand tout était prêt, se joindre à la requête de l’Afrique du Sud, qui a répondu : ‘on vous appelé pour vous joindre, vous n’avez pas bougé, maintenant que la requête est prête, nous ne perdrons pas encore deux semaines à attendre que vous travailliez, nous déposons sans vous, tout ce que vous voulez, c’est retarder l’audition’.
Même si la réponse de la CIJ n’était pas bonne, c’est fondamental que cette audience ait eu lieu, les peuples du monde entier l’ont entendu, ceux qui ne connaissaient rien à la situation de la Palestine peuvent maintenant dire aux Palestiniens : vous pouvez être fiers de vous.
J’ai enfin pu réaliser un nouveau poster pour nos interventions. Je vais retourner vers les paysans réfugiés dans cette école, nous pouvons distribuer des chaussures, des vêtements, ils en ont tellement besoin, ils sont dans de si mauvaises conditions, et il fait très froid maintenant ».
J’ai demandé à Abu Amir : quand nous rapportons vos actions, les gens en France nous demandent : mais comment font-ils ? Il y a encore des marchandises à acheter ?
Abu Amir rit et explique : « Certes, tout est incroyablement cher. Et difficile à trouver. Par exemple, je voulais des poulets pour les repas pour les paysans le 12 janvier. J’ai cherché en ville, car les paysans qui ont encore des animaux les ont ramenés près de l’endroit où ils sont réfugiés. Mais ils ont les plus grande difficultés pour les nourrir. Alors j’ai trouvé à acheter des moutons parce que le propriétaire devait les vendre, donc pas trop cher (vous avez vu, nous avons mis des photos de la préparation des repas). Cela a permis pour cette fois-là de faire des repas vraiment délicieux.
Nous passons notre temps à chercher partout, mes deux fils et moi, tout ce qui est possible, du riz, des oignons, etc…Cela devient de plus en plus difficile pour le riz.
Abu Amir a mis un nouveau projet en place ; il a trouvé une cuisine au milieu du camp de Moasi (Rafah). Il faut voir ces milliers et milliers de tentes. Ils ont accepté de préparer un plat pas cher (fassoulia). Ils peuvent, et nous allons pouvoir distribuer aux tentes aux alentours. Cela permet de distribuer des plats cuits, mais que les personnes peuvent venir chercher directement. Cela fera 1000 repas tous les deux jours.