Par l’Agence Média Palestine, du 1er au 10 octobre 2025.
L’auteur de cet écrit est romancier, poète et critique littéraire. Yitzhak Laor est un citoyen israélien critique de longue date de la colonisation en Palestine. Il est notamment auteur du livre Le nouveau philosémitisme européen et le camp de la paix en Israël, paru aux éditions la Fabrique en 2007. Il a accepté de nous confier sa vision de l’après 7 octobre dans ce texte.

© Dirk Skiba
1. J’écris ces lignes le 16 septembre 2025, alors que le génocide dans la bande de Gaza continue de se perpétrer avec une cruauté que nous, Israéliens, ne connaissions pas. En ces heures, l’épicentre de l’horreur est Gaza, sa destruction par avions et chars, opérations de massacres et d’expulsions, une cité ancienne avec une histoire riche. Entre autres, le musée qui conservait son histoire antique avec des vestiges de nombreuses générations, a été effacé. Les nazis allemands n’ont pas procédé à l’effacement d’une grande ville ; même Varsovie, après l’écrasement de l’insurrection polonaise, n’a pas subi ce que subit Gaza aujourd’hui.
2. Parler du nombre de morts palestiniens est difficile, car il augmente chaque nuit. Actuellement, depuis le 7 octobre 2023, leur nombre s’élève à 64 905, pour une population de 2,1 millions d’habitants. On estime que des dizaines de milliers de morts supplémentaires se trouvent sous les décombres ou ont été effacés par les bulldozers israéliens. Le nombre de blessés s’élève à 164 926. Environ un tiers des morts sont des enfants, et le nombre de familles entièrement anéanties n’est pas comptabilisé ici. Gaza est l’endroit où l’on trouve le plus grand nombre d’amputés des membres, au monde.
3. La destruction des bâtiments comprend la majorité des habitations de la bande de Gaza, la plupart des hôpitaux, les mosquées, une énorme partie des sources et puits d’eau, les centres communautaires, les universités et les écoles. Tout rapport de l’ONU peut vous procurer les données sur l’anéantissement de la bande de Gaza et sa transformation en une future « Riviera ». L’Europe occidentale a accepté « l’éradication du Hamas », ce qui signifie l’anéantissement de la bande et un génocide.
4. En juillet 2025, le plus grand nombre de tués a été enregistré aux points de distribution de nourriture. Les gens savaient qu’ils avaient de grandes chances de mourir sous le feu des obus vers ces points de distribution, mais faisaient quand même la queue et fuyaient paniqués devant l’artillerie. Le renseignement israélien, avec ses logiciels sophistiqués, identifiait des « membres du Hamas » parmi ceux qui attendaient de la nourriture, et donc il était permis de tuer des affamés. Les agents du renseignement – une gigantesque unité sophistiquée – sont très admirés en Israël, comme les pilotes. Et ce sont les pires des tueurs, qui reçoivent énormément d’argent pour chaque jour de réserve. Depuis deux ans, ils font leurs réserves, bombardent, et entre deux bombardements, continuent à travailler chez « El Al » avec un salaire élevé, transportant des Israéliens heureux vers Paris ou Londres aller-retour, puis reviennent bombarder, contre beaucoup d’argent.
5. Un pilote qui se fait appeler « birdman » sur le réseau social X, écrivait le 6 septembre 2025 à ses abonnés, au plus fort du massacre de masse à Gaza : “Je reviens d’un repas de famille après une longue période sans nous voir. Ma sœur, très engagée dans la protestation des familles d’ otages, n’a pas pu se retenir plus d’une heure et m’a demandé comment je pouvais repartir la semaine prochaine pour d’autres missions alors qu’il y a une possibilité que cette fois ou la prochaine, des otages meurent, et que cela pèse sur ma conscience. Moi, qui essaie généralement de ne pas entrer dans ce sujet, surtout pas avec la famille, je lui ai répondu qu’elle me connaît, et qu’elle sait que si j’avais pris sur ma conscience chaque conséquence des missions auxquelles j’ai participé (et elles sont nombreuses), je n’aurais pas pu continuer à faire ce que je fais. “Alors refuse !”, m’a-t-elle lancé. Mon père s’est levé et a dit, avec son calme retentissant bien connu : “À cette table, le mot ‘refus’ ne sera pas prononcé. Et si cela ne te convient pas de t’asseoir près de ton frère, viens t’asseoir à côté de moi, jusqu’à ce que tu te calmes.” Quand est arrivé le dessert, nous avons fixé de nous revoir, quand je rentrerai la semaine prochaine, et nous pourrons parler. Espérons que ce sera possible.” Voilà, en un mot , l’histoire de la classe moyenne ashkénaze en Israël.
6. La sœur sensible, qui participe apparemment aux manifestations des familles des otages, lui a dit à table : “Refuse.” Dehors, dans les manifestations pour les otages, il est interdit de brandir des pancartes pour le refus, et interdit de parler des victimes palestiniennes. Ce sont des manifestations anti-gouvernementales, “contre Bibi”. Même la sœur n’a pas dit un mot du sort des Palestiniens que son frère allait massacrer en masse.
7. Ce tweet contient tous les éléments de l’histoire du grand silence de la classe moyenne ashkénaze hégémonique, prétendument opposée à Netanyahou, et qui reçoit des tapes dans le dos de l’Occident grâce aux reportages télévisés sur “les manifestations contre la guerre”.
8. Il n’existe pas une seule communauté de la classe moyenne (protégée contre les licenciements – monde médical, académique, juridique) qui ait élevé la voix contre l’extermination des Palestiniens. Ce que vous voyez à la télévision, ce sont des manifestations contre le gouvernement au sujet “des otages”. Voilà la vérité sur le silence en Israël. La classe moyenne participe à l’anéantissement par son silence, son conformisme et sa vie confortable.
9. Les quatre chaînes de télévision n’informent pas sur les horreurs de Gaza, Mais on peut regarder des chaînes étrangères ou lire « Haaretz ». La plupart des Israéliens, même s’ils détestent Netanyahou, soutiennent l’armée, et s’ils descendent dans la rue, c’est surtout pour les otages et… le procès de Netanyahou pour corruption. Pas un mot contre l’armée ou les pilotes.
10. La question des otages illustre bien le processus de conscience de l’imaginaire collectif israélien.
11. Au début, immédiatement après le 7 octobre, l’inquiétude pour les otages était authentique et massive. Les gens étaient choqués, convaincus qu’Israël accepterait un accord. Mais l’armée et le gouvernement ont pensé autrement. Une partie des otages est revenue lors d’un échange, d’autres ont été tués entre-temps, principalement par les bombardements israéliens, certains exécutés par leurs ravisseurs. D’autres encore ont été rendus dans un état correct en rapport à l’état de la population qui les entourait.
12. Mais peu à peu, le traumatisme s’est transformé en cliché, en partie du « bien connu » (nous nous soucions tous des otages). Les commentateurs sportifs souhaitent aux téléspectateurs « le retour des otages » à la fin de chaque match. Les gens portent le symbole jaune, on l’accroche aussi aux voitures, et la télévision parle sans cesse des otages.
13. Il ne fait aucun doute qu’une partie des gens sont très sincères dans leur inquiétude. Mais les otages sont devenus la frontière entre l’humanité et le néant, entre « les nôtres » et les autres. Bien sûr, il n’existe aucune mémoire historique des enlèvements ou des tentatives d’enlèvement d’Israéliens (comme moyen d’obtenir la libération de prisonniers palestiniens). Tout comme il n’existe aucune histoire du conflit avec Gaza.
14. Personne ne parle des prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes, dont la situation empire entre maladies et famine. Le nombre de prisonniers politiques (qu’Israël appelle « prisonniers de sécurité ») s’élève en juillet 2025 à 10 762. Depuis le début de l’invasion de Gaza, 73 prisonniers sont morts dans les prisons et centres de détention et de torture de l’armée. Des médecins du système de santé étaient présents dans ces camps de torture. On a refusé à 2 800 prisonniers les soins lors d’une épidémie de gale, comme à des milliers d’autres atteints de maladies intestinales, dans les centres de détention. Rien n’atteint la conscience publique. Tout est recouvert par « notre souci pour nos otages » ou « nos soldats ».
15. Voilà le processus du 7 octobre. Au départ, le choc fut immense, il continue à dicter le récit jusqu’à aujourd’hui, même dans le présent dossier. 1 250 Israéliens et quelques ouvriers thaïlandais ont été tués. Environ 5400 blessés. 250 capturés ou enlevés. Aujourd’hui, 48 otages sont encore aux mains du Hamas, dont 20 seraient encore en vie. Les chiffres des morts en captivité évoluent. C’est de cela que parlait, avec une douleur réelle, la sœur de birdman lors du petit dîner bourgeois avec dessert.
16. Le mouvement de protestation contre Netanyahou, né de ses projets de réforme judiciaire, est devenu un mouvement pour la guerre. Même les pilotes qui menaçaient de refuser de voler si la composition de la Cour suprême changeait continuent d’écraser Gaza et de commettre des crimes de guerre.
17. À un certain stade, comme pour la question des otages, le 7 octobre est devenu un symbole, le point de départ pour expliquer « où nous en sommes ». « Tout a commencé le 7 octobre. » Et les opposants à Netanyahou crient « C’est sa faute. » Pas la leur, alors qu’avant le 7 octobre ils scandaient, dans les manifestations géantes « pour la démocratie », que « l’occupation peut attendre ».
18. Il faudrait une organisation comme un État (ou une gauche organisée et puissante, qui n’existe plus depuis longtemps en Israël) pour transformer des émotions spontanées – deuil, vengeance, douleur, hystérie, panique – en une position politique « évidente ».
19. Les Juifs d’Israël n’ont pas de mémoire historique, sauf celle que l’État transforme en mémoire historique . Ainsi, bientôt, le 7 octobre est passé du statut de traumatisme à celui de symbole.
20. En octobre prochain, pour les deux ans des atrocités, il y aura des affrontements. D’un côté, l’État et ses cérémonies. De l’autre, les opposants à Bibi et les familles qui refuseront sa présence ou celle de ses ministres à leurs commémorations. « C’est sa faute » restera le slogan préféré des anti-Bibi durant la guerre. Pas un mot contre l’armée. La mort massive des Gazaouis ne sera commémorée que par un petit groupe d’opposants au génocide : un mouvement qui grandit lentement, avec beaucoup de femmes organisatrices et énormément de jeunes, comparé au début de la guerre, ainsi que des groupes WhatsApp qui diffusent des informations traduites de Gaza. Important : une équipe grandissante documente la destruction et l’extermination pour la génération future, afin qu’elle sache exactement ce que ses pères ont fait.
21. Qu’est-ce que les Israéliens n’ont pas réussi à se rappeler ? Que depuis 2004, quand Israël a préparé la fermeture de Gaza en ghetto et le retrait de ses troupes, jusqu’au 7 octobre, l’armée a tué des centaines de Palestiniens, en a mutilé et traumatisé des milliers lors d’opérations militaires et avec son armement sophistiqué.
22. Depuis 2007, avec la prise de pouvoir du Hamas, Israël a imposé, avec l’accord de l’Occident, un blocus sévère sur la bande, sous couvert d’islamophobie européenne et de la description du Hamas comme uniquement terroriste, comme s’il ne gérait pas la société assiégée de Gaza. Les Israéliens ont nié le blocus, mais les Gazaouis l’ont vécu au quotidien : rationnement alimentaire imposé par Israël, coupures d’électricité fréquentes, coupures d’eau, tirs sur les pêcheurs, tirs sur les manifestants à la clôture, opérations militaires meurtrières de l’armée de l’air et de l’artillerie, interdiction de soins médicaux hors de Gaza si leurs familles ne coopéraient pas avec le Shin Bet qui délivrait les autorisations de passage. Pendant toutes ces années, ce ghetto a vécu une souffrance ignorée par l’Occident comme par les Israéliens.
23. Pourquoi ? Parce que la vie des Palestiniens les intéresse autant que la vie des Algériens intéressait les Français, ou celle des Congolais les Belges. Là encore, la capacité des élites israéliennes, les « progressistes », les « éclairés », les « défenseurs de la démocratie », qui voyagent en Europe et aux États-Unis pour visiter des musées et se prendre en photo en Toscane ou au Louvre, leur capacité à se taire révèle cette « évidence » coloniale. À l’université de Haïfa, 50 % des étudiants sont arabes, mais seuls 3 à 4 % du corps académique senior est arabe. En résumé, l’apartheid israélien est profondément enraciné dans les intérêts de ce peuple. Un peuple transformé de tribus persécutées avant leur arrivée ici, en une nation coloniale.
24. La transgression par Israël de toutes les limites du droit international est une continuation directe de ce qu’a fait l’Occident au Vietnam, en Algérie, en Afghanistan, en Irak, en Libye, au Mali.
25. Pourtant, il faut encore expliquer ceci : l’historicisation de tous les Israéliens, religieux et laïques, est une historicisation tout à fait subjective, comme celle d’une bande de fous dans un asile, qui se racontent une histoire qu’ils ont entendue un jour de leurs parents, et que personne autre, à part les évangéliques américains, ne comprend. Tous fondent leur conscience commune sur l’idée que l’histoire commence avec la Bible : « Nous avons un droit sur cette terre car nous étions ici (comme écrit dans la Bible). » Voilà ce que pensent les laïques, ne vous y trompez pas. La rédemption à laquelle ils croient est messianique et séculière : « monter en Israël », ou la montée de leurs parents, la construction et la défense de l’État (« Il est interdit de se soustraire au service militaire » ; aujourd’hui encore, la lutte contre Bibi inclut l’exigence de recruter les ultra-orthodoxes qui « échappent au service militaire »). Voilà pour les laïcs, que l’Occident considère comme « des gens comme nous ».
26. La différence avec les religieux nationalistes, les colons et autres extrémistes, tient à la place de Dieu dans cette histoire. « Nous avons un droit sur cette terre, parce que Dieu nous l’a promise », disent les religieux.
27. Avec ou sans Dieu, « nous tous » sommes dans un processus de rédemption, et les Arabes nous empêchent d’être sauvés.
28. Mais quel fut le rôle du colonialisme britannique et de la soif de pétrole dans la création de cette entité dans laquelle nous avons grandi ? Peu de gens en savent quelque chose, sinon que « les Britanniques étaient pro-arabes ».
29. L’entité israélienne, la fondation de l’État d’Israël et sa transformation en forteresse n’ont pas résulté
d’un « effort pionnier sioniste », mais surtout d’un retour de l’Occident pour contrôler le Moyen-Orient et son pétrole, en coopération avec quelques chefs de tribus richissimes, l’Arabie saoudite et les Émirats. Ce processus atteint aujourd’hui son apogée.
30. D’ici 2028, les États-Unis accorderont à Israël 38 milliards de dollars (décision prise sous Obama). Non seulement ce budget a grandi progressivement depuis 1967, mais Israël n’a pas le droit d’utiliser une partie de cette aide militaire pour acheter des armes de ses propres entreprises. Cet argent colossal sort de Washington et va aux industries de guerre de la côte ouest. Israël est une partie prenante de ces industries, un canal de subventions géantes à l’industrie militaire américaine.
31. Environ 28 % de tous les budgets militaires que les États-Unis transfèrent à leur industrie militaire, via toutes les armées soutenues dans le monde, vont à la machine de guerre meurtrière israélienne. On ne peut pas historiciser la situation israélienne sans cette histoire-là.
32. Ces budgets gigantesques permettent au gouvernement israélien de payer des salaires énormes aux soldats de réserve – contrairement aux guerres passées – durant les deux dernières années, et de créer une prospérité consumériste dans l’économie, de sorte que la dette nationale sera payée par nos petits-enfants. D’ici là, « seulement » pas de développement, « seulement » pas de construction d’hôpitaux, « seulement » pas d’augmentation des retraites, tandis que les couches hégémoniques continueront de profiter de l’apartheid.
33. En bref, cette base militaire américaine qu’est l’État d’Israël a investi, au cours des deux dernières années, plus de 60 milliards de shekels pour indemniser les réservistes, contrairement à ce qui se faisait avant cette guerre d’extermination, où les salaires des soldats de réserve étaient pris en charge par la Sécurité sociale en fonction des revenus des mobilisés dans leur vie quotidienne. Ici, comme on l’a dit, ce sont surtout les pilotes qui en profitent – ils bombardent des enfants, transportent des touristes à travers le monde, puis reviennent bombarder aussi des femmes, tout en gagnant de l’argent. Mais d’autres mobilisés aussi, ainsi que des entrepreneurs de bulldozers qui détruisent les villes et les bourgs, et recouvrent sans doute aussi les cadavres, touchent des primes allant jusqu’à 8 000 dollars par mois, bien au-dessus du salaire de la plupart d’entre eux, en plus de bonus et de services sociaux. L’argent se déverse dans la consommation quotidienne et c’est lui qui maintient la croissance et la stabilité. Les jeunes historiens Assaf Bondy et Adam Raz soutiennent qu’il s’agit d’une forme de « keynésianisme militaire » – non pas un investissement dans l’armement, mais un transfert direct vers les ménages. Ainsi, vous pouvez constater à quel point il est facile d’ignorer l’horreur de Gaza, comme s’il s’agissait d’une colonie lointaine d’outre-mer, dont la combustion est digeste sur le plan économique et idéologique.1
34. Ajoutez à cela la facilité avec laquelle cette extermination passe en Europe et aux États-Unis, dans la sphère politique, dans la chasse aux « antisémites », dans les énormes profits engrangés par les exportateurs d’armes supplémentaires, et vous verrez que « l’hypocrisie » de l’Europe occidentale n’est pas de « l’hypocrisie », mais bien de la politique.
35. Israël et le soutien à Israël sont inhérents à la « peur occidentale des migrants ». Le colonialisme occidental revient de son refoulé.
36. Si en France le colonialisme a fait faillite après la défaite en Algérie, et si le néocolonialisme a pris de nouveaux sens dans les années 1970, tout comme le « post-colonialisme » académique, voici que le colonial revient d’un pas assuré et bruyant, sous la forme de la « nouvelle droite » ou de la droite populiste. (Des propos que je citais déjà en 2007 dans mon livre Le nouveau philosémitisme européen, tirés d’un monologue plaintif de Finkielkraut en défense de la « culture occidentale » et d’Israël, peuvent servir de sorte de devise à cette nouvelle alliance). Cette droite, et à sa suite depuis longtemps déjà le centre et la droite modérée, à l’instar d’Israël, ne veulent pas de « non-Occidentaux » sur leurs territoires.
37. Voilà la phase historique dans laquelle nous vivons actuellement et dans laquelle nous vivrons dans un avenir proche. De Trump à l’Allemagne : la haine de l’homme non blanc. La « bête jaune » de Nietzsche se réveille de son sommeil, et Israël en est une sorte d’avant-garde. On craint Marine Le Pen, ou Nigel Farage, ou encore l’AfD allemande, mais on s’habitue à la « panique » face aux non-Européens, on refoule les réfugiés vers la mer, on occupe la Libye pour arrêter l’exode de la faim en Afrique. (En Allemagne, par exemple, personne ne s’est plaint des réfugiés blonds venus d’Ukraine, mais les réfugiés de Syrie les ont tellement incommodés qu’on les a encouragés à repartir). Ah, l’Europe, vieille prostituée bien fardée. Elle a peut-être du chic. Mais elle pue de la bouche.
38. Et tout le baratin du « Israël a droit à la sécurité et les Palestiniens ont droit à un État », que Macron sait réciter, oublie que les Palestiniens avaient droit, toutes ces années, à la sécurité car ils sont livrés aux caprices de la bête jaune, et cette fois ce sont les Juifs (nos ancêtres se retournent dans leurs tombes) qui sont en tête.
Tel-Aviv
Note-s
- Assaf Bondy, Adam Raz, « How Israel’s War Economy Defied Economic Predictions », Jacobin, 16/09/2025[↩]