Union juive française pour la paix

Témoignage d’Abu Amir, le 29 septembre 2025 – Gaza entre la mort et l’espoir : une tragédie humaine et une lutte pour la survie et l’éducation

Abu Amir 29 9 25 projet educatif construction nouvelles classes 5 IMG 0707 Témoignage d’Abu Amir, le 29 septembre 2025 - Gaza entre la mort et l’espoir : une tragédie humaine et une lutte pour la survie et l’éducation

À la lumière des informations faisant état d’un possible accord de cessez-le-feu, les habitants de la bande de Gaza vivent dans une attente mêlée de désespoir et d’espoir. L’espoir surgit timidement, les poussant vers la nouvelle qui mettrait fin à l’effusion de sang et stopperait les massacres quotidiens. Mais le désespoir plane lourdement, alors que la machine de guerre israélienne continue de cibler chaque parcelle du territoire. La ville de Gaza, cœur battant de la région, est jour après jour en train d’être effacée, rejoignant Rafah, Khan Younès et le nord de l’enclave, des zones déjà réduites à néant. Pas une heure ne passe sans qu’une nouvelle tuerie ne soit annoncée, laissant derrière elle des dizaines de morts et de blessés, un spectacle quotidien incarnant la tragédie dans toute son ampleur.

Une situation humanitaire catastrophique

Les conditions humanitaires dans la bande de Gaza se sont encore assombries avec le déplacement de centaines de milliers de personnes vers les zones centrales et méridionales. Ces régions sont devenues des refuges surpeuplés, incapables d’accueillir le flot continu de déplacés. Les tentes, acheminées comme aide humanitaire, sont devenues une denrée rare. Elles ont été accaparées par des groupes hors-la-loi et revendues à des prix exorbitants atteignant 1 300 euros, alors même que des enfants et des mères restent sans abri, exposés au froid et à la faim. Les terrains vides sont saturés et les camps n’ont plus la capacité d’accueillir de nouveaux venus. Quant aux centres de distribution alimentaire, ils sont désormais menacés par l’afflux quotidien de dizaines de milliers de personnes, dans un contexte de pénurie extrême incapable de couvrir les besoins les plus élémentaires. Cette rareté n’a laissé derrière elle que la colère et le désespoir, confrontant la population à une lutte implacable contre la faim et l’absence d’avenir.

Le rôle des organisations humanitaires

Dans ce contexte, nos équipes de l’UJFP, aux côtés de nombreuses organisations humanitaires, s’efforcent de fournir des repas dans les camps de déplacés. Toutefois, le nombre colossal de personnes déplacées dépasse de loin notre capacité d’accueil. Chaque jour, nous tentons de coordonner avec d’autres organisations afin d’obtenir un soutien supplémentaire pour combler les lacunes. Parfois, nous réussissons à sécuriser certaines quantités de nourriture, mais le plus souvent nous faisons face à des obstacles qui empêchent la réalisation de cet objectif. Les longues files d’attente et les visages fatigués des enfants et des femmes devant les centres de distribution nous placent face à des défis humanitaires sans précédent. Ces efforts constants nécessitent un soutien renforcé et une solidarité accrue de la part de la communauté internationale.

Un appel urgent à la communauté internationale

Nous lançons donc un appel pressant aux institutions internationales et aux bailleurs de fonds afin d’intensifier les efforts pour sauver ces déplacés. Ce que vit aujourd’hui la bande de Gaza est sans précédent depuis le début de la guerre : une famine qui pointe à l’horizon, un système de santé en ruine et un environnement invivable. Les enfants dorment à la belle étoile, les femmes cherchent une goutte d’eau potable, et les personnes âgées luttent contre le froid sans médicaments ni nourriture. Ce qui se déroule n’est pas une simple crise humanitaire passagère, mais une tragédie historique appelant une action immédiate. Sans cela, la catastrophe risque de s’aggraver d’une manière sans précédent.

L’éducation… une lueur d’espoir au milieu des ruines

Malgré ces circonstances dramatiques, nous continuons à l’UJFP de maintenir le fonctionnement des centres éducatifs, considérés comme le seul espoir pour l’avenir des enfants déplacés. Nous avons récemment agrandi certains centres et ajouté de nouvelles classes pour accueillir les élèves ayant fui la ville de Gaza. Par exemple, le centre « Première Étape » à l’ouest de Nuseirat accueillait plus de 500 enfants. Ces derniers jours, plus de 300 nouveaux élèves de différents niveaux scolaires s’y sont inscrits, portant le nombre total à plus de 800 élèves. Pour relever ce défi, nos équipes ont réussi à aménager quatre classes supplémentaires, et nous travaillons désormais sur un système en deux périodes – matin et après-midi – afin de couvrir le plus grand nombre possible d’élèves. Ces efforts représentent une tentative pour sauver une génération entière de la perte, une génération qui a perdu sa maison et sa terre, mais qui ne doit pas perdre son droit à l’éducation.

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Expansion vers d’autres centres

Nous étudions actuellement la possibilité d’agrandir le centre éducatif du camp Al-Fajr à Mawasi Khan Younès, afin d’accueillir davantage d’enfants déplacés en attente d’une chance de reprendre leurs études. Ces enfants, marqués par les souvenirs de l’exode et de la destruction, cherchent une salle de classe pour retrouver un fragment de leur enfance perdue. Ces centres ne sont pas de simples murs et salles, mais une fenêtre d’espoir qui entretient le rêve et garde vive la flamme de l’avenir dans le cœur des petits.

Un nouvel appel

Nous renouvelons notre appel aux institutions internationales, aux organisations de soutien et aux individus capables de contribuer, afin d’apporter une aide à ces centres éducatifs. L’éducation représente le seul avenir des enfants et demeure l’arme la plus puissante pour affronter les séquelles de la guerre. Le maintien de ces centres nécessite également la fourniture de matériels essentiels : bancs scolaires, livres, outils pédagogiques, ainsi qu’un soutien psychologique pour les enfants qui vivent un traumatisme continu depuis deux ans. Soutenir ces centres n’est pas un luxe, mais une nécessité vitale.

La scène à Gaza aujourd’hui ne peut se résumer en quelques mots. C’est un combat quotidien entre la vie et la mort, entre la faim et l’espoir, entre la destruction et la volonté de résister. Les habitants de la bande attendent avec impatience l’annonce d’un cessez-le-feu, tout en endurant des souffrances inimaginables. Les organisations humanitaires, malgré des moyens limités, poursuivent leurs efforts jour et nuit pour sauver des vies et préserver ce qui peut encore l’être. Cependant, la décision finale reste entre les mains de la communauté internationale, que nous appelons aujourd’hui à un véritable engagement : non pas à travers de simples déclarations de condamnation, mais par des actions concrètes sur le terrain, afin d’alléger les souffrances et offrir une chance de vivre dans la dignité.

(Voir aussi les chroniques et articles postés par Brigitte Challande du Collectif Gaza Urgence déplacé.e.s quotidiennes sur le site d’ISM France et du Poing, article hebdomadaire sur le site d’Altermidi, et sur l’Instagram du comité Palestine des étudiants de Montpellier..)

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