Gaza saigne depuis deux ans, et son hémorragie ne s’est toujours pas arrêtée.
Les enfants meurent dans les bras de leurs mères, les femmes cherchent un abri parmi les décombres, et les vieillards quittent ce monde sans linceul.
Mais derrière ce tableau tragique, il y a d’autres mains qui fabriquent l’enfer et l’alimentent. Des mains qui ne se contentent pas du silence, mais qui participent au bain de sang.
Quand la représentante de la mission américaine aux Nations unies déclare que « le Hamas est à l’origine du conflit le 7 octobre 2023 », elle ne fait que réciter ce qu’on lui demande de dire. C’est le discours préfabriqué pour justifier les massacres, rejeter la faute sur la victime et innocenter le bourreau du sang de milliers d’innocents.
Mais la vérité est claire : ce qui se passe à Gaza n’est pas une guerre entre deux armées équivalentes, mais un génocide total contre un peuple désarmé et assiégé. Une guerre à laquelle Israël participe sur le terrain et les États-Unis dans l’ombre.
Les États-Unis : non pas un soutien, mais un partenaire dans le crime
Dès le premier instant, le rôle américain a dépassé le simple soutien politique ou militaire à Israël. Washington ne s’est pas contenté de fournir à l’occupation des bombes et des missiles sophistiqués, elle a transporté par ponts aériens et maritimes les armes les plus modernes et les plus destructrices. Ce n’était pas seulement un « soutien », mais une participation réelle au crime, car ces armes n’ont pas été fabriquées pour être stockées, mais pour être utilisées afin de détruire les maisons de Gaza sur la tête de leurs habitants.
À côté de l’armement, il y a la protection diplomatique totale. À six reprises, les États-Unis ont utilisé leur droit de veto pour bloquer des résolutions internationales exigeant un cessez-le-feu ou l’entrée de l’aide humanitaire. Six fois, l’espoir a été tué comme l’ont été les innocents.
Ce veto n’était pas une défense du « droit d’Israël », mais une autorisation explicite de poursuivre les massacres. Les États-Unis ont fourni la couverture politique internationale, empêché toute reddition de comptes et marginalisé toutes les voix appelant à l’arrêt des massacres.
Sans Washington, Israël n’aurait pas osé poursuivre sa guerre de cette manière, ni continuer à utiliser une force excessive et barbare jusqu’à ses limites extrêmes.
Les soldats américains : une présence directe sur le terrain
Ce n’est plus un secret : il y a des soldats américains dans des bases militaires proches, ainsi que des conseillers et experts participant à la gestion de la bataille.
Les États-Unis ne se contentent pas d’envoyer des armes, ils supervisent leur utilisation et garantissent la continuité de la guerre avec la plus grande puissance destructrice possible. Même les drones qui survolent Gaza portent, pour beaucoup, la signature de la technologie américaine.
Un partenariat à part entière : armes, argent, couverture politique, soutien du renseignement, et même participation humaine directe.
Comment le monde peut-il croire que Washington est un « médiateur de paix » alors qu’elle est la main qui arme, l’œil qui surveille, l’esprit qui planifie ?
Le nettoyage ethnique sous parapluie américain
Ce qui se passe à Gaza dépasse le mot « guerre ». C’est un projet de nettoyage ethnique méthodique, de déplacement forcé et de famine délibérée.
Israël n’aurait pas la capacité de mettre en œuvre ces politiques sans le soutien absolu des États-Unis. Chaque missile tombant sur une maison à Choujaïya, chaque obus détruisant un immeuble à Rafah, chaque balle traversant le corps d’un enfant dans le camp de Chati, porte d’une manière ou d’une autre le sceau américain.
Les États-Unis savent parfaitement qu’ils ne soutiennent pas Israël pour « se défendre », mais qu’ils participent à l’extermination d’un peuple entier. Et pourtant, ils persistent dans leur discours politique trompeur, cherchant à convaincre l’opinion publique que ce qui se passe est une « guerre contre le terrorisme ».
Mais quel terrorisme justifie le meurtre d’enfants, l’affamement de civils et le déplacement de centaines de milliers de personnes ?
Les Arabes… où sont les Arabes ?
Dans les rues de Gaza, la même question résonne : « Où sont les Arabes ? »
Mais la réponse n’est ni dans les déclarations ni dans les discours, elle est dans un silence prolongé devenu plus cruel que les bombardements eux-mêmes.
Chaque Arabe insulte les Arabes, chaque Arabe maudit leur abandon, mais le résultat est le même : les peuples observent avec amertume, et les gouvernements gardent le silence ou se contentent de mots répétés.
Les Arabes sont absents de la scène, et Gaza affronte seule son destin. Le sang palestinien coule, et les larmes arabes se limitent à la dénonciation. Comme si les États arabes tout entiers avaient abandonné leur sort aux États-Unis et à Israël, laissant Gaza seule dans sa dernière bataille.
En revanche, les peuples européens, ainsi que ceux d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, ont montré un courage sans précédent. Ils sont descendus par millions dans les rues, ont élevé leurs voix contre leurs gouvernements et ont exercé des pressions politiques et juridiques pour arrêter l’exportation d’armes vers Israël. Ces peuples ont compris que ce qui se passe à Gaza est un génocide, et ont refusé d’être complices du crime par leur silence ou leurs impôts.
Quant aux peuples arabes, malgré leur immense sympathie émotionnelle, leur pression populaire est restée faible et sans effet sur leurs gouvernements.
C’est là que se révèle la contradiction amère : tandis que d’autres agissent avec courage pour arrêter la complicité de leurs gouvernements dans le sang palestinien, la rue arabe reste enchaînée, incapable de transformer sa colère en action politique ou en pression tangible.
Le partenariat du sang : Washington et Tel-Aviv
On ne peut pas séparer Israël des États-Unis dans cette guerre. Israël exécute sur le terrain, et Washington protège, couvre et fournit ce qu’il faut pour poursuivre le génocide. Ce n’est pas une relation « d’alliés », mais une relation de « partenaires dans le crime ».
Si l’occupation commet des massacres jour et nuit, Washington lui fournit le feu vert et lui assure l’impunité. Le veto américain est l’arme la plus dangereuse, car il empêche le monde de stopper l’hémorragie et réduit le Conseil de sécurité à une tribune vide.
Mon avis en tant que Palestinien
En tant que Palestinien, je ne vois ce qui se passe que comme la plus grande trahison de l’humanité au XXIe siècle.
Nous avons vécu de longues années sous l’occupation, mais ce qui se passe aujourd’hui dépasse l’occupation elle-même. C’est un projet d’extermination dans lequel Israël agit comme exécuteur, et les États-Unis comme partenaire principal.
En tant que Palestinien, je considère que le sang des enfants de Gaza est sur les mains des pilotes israéliens, mais aussi sur celles des politiciens américains qui leur ont fourni armes et protection.
Je considère que chaque maison détruite à Gaza, chaque corps abandonné dans la rue, chaque enfant endormi affamé, est le résultat direct d’un partenariat américain évident.
Quant aux Arabes, je ne blâme pas autant les peuples que les régimes.Les peuples crient, pleurent, donnent et prient, mais les régimes ne font rien d’autre que publier des communiqués.
Et Gaza, comme toujours, a été laissée seule face à la machine de mort soutenue par les Américains. Ce qui se passe à Gaza n’est pas un simple « conflit » comme Washington tente de le présenter. C’est une extermination d’un peuple, une tentative de le forcer au déplacement, à la famine et à la mort.
Et si Israël est la main qui appuie sur la gâchette, les États-Unis sont l’esprit qui a planifié, le bras qui a armé, la langue qui a justifié et le mur qui a protégé.
C’est pourquoi je le dis clairement : les États-Unis ne sont pas un soutien à Israël, mais un partenaire dans le génocide, un partenaire dans le nettoyage ethnique, un partenaire dans l’assassinat de l’espoir.
Et tant que ce partenaire existera avec un tel pouvoir, Gaza continuera de saigner, et l’humanité restera crucifiée sur le mur du silence international.
(Voir aussi les chroniques et articles postés par Brigitte Challande du Collectif Gaza Urgence déplacé.e.s quotidiennes sur le site d’ISM France et du Poing, article hebdomadaire sur le site d’Altermidi, et sur l’Instagram du comité Palestine des étudiants de Montpellier..)