Au cœur du camp Al-Durra à l’ouest de Deir al-Balah, où la peur et l’épuisement se mêlent à une lueur d’espoir inextinguible, les équipes de l’UJFP ont poursuivi leurs séances de soutien psychologique et de sensibilisation destinées aux femmes déplacées, dans une tentative de raviver des âmes épuisées par les bombardements, les pertes et l’exil. L’une de ces séances particulières portait le titre : « Notre espace sûr : la force de la résilience et de l’espoir pour les femmes de Gaza ». Vingt femmes y ont participé, portant avec elles des histoires de souffrance, mais aussi une détermination inébranlable à survivre.
La séance a débuté dans une atmosphère chaleureuse malgré la dureté des lieux et des circonstances. Les femmes se sont réunies en cercle, nommé « notre cercle chaleureux », et chacune a partagé un mot exprimant un sentiment positif ressenti dans cet espace, tel que « sécurité », « espoir », « amour » ou « réconfort ». Cette activité simple a été perçue comme une bouffée d’air frais dans une réalité étouffante. L’une des participantes a déclaré : « Cela fait des mois que je ne me suis pas sentie aussi sereine. Un seul mot m’a redonné le sentiment d’être une personne digne d’attention, pas oubliée. »
Ensuite, l’équipe a animé l’activité « La voix de la résilience », durant laquelle les femmes ont partagé des histoires personnelles, des moments où le désespoir les avait presque submergées, mais d’où elles s’étaient relevées, telles un phénix renaissant de ses cendres. L’une des participantes, veuve ayant perdu son mari et deux enfants, a dit d’une voix tremblante : « Quand je les ai enterrés de mes propres mains, j’ai enterré mon cœur avec eux. Mais un jour, je me suis levée et j’ai essuyé mes larmes pour ceux qui me restaient. En racontant mon histoire aujourd’hui, j’ai compris que je n’étais pas faible. J’étais plus forte que je ne le pensais. »
Le soutien mutuel étant le carburant de la résilience, la séance s’est poursuivi avec l’activité « Empreinte de soutien », où des mots d’encouragement et des messages de solidarité ont été écrits sur une grande feuille, permettant aux femmes d’échanger les sentiments de soutien qui leur avaient tant manqué. Une participante a écrit : « Je ne te connais pas, mais je te ressens. Tu n’es pas seule, et chaque jour où tu tiens bon est une victoire pour nous toutes. » Une autre femme, quinquagénaire ayant perdu sa maison, a déclaré : « Ce papier n’est pas que des mots. Ce sont des étreintes que nous attendions depuis longtemps. »
Puis, au milieu de la douleur, l’activité « Nos chants, nos histoires » est venue relier les femmes à leur mémoire collective et à leur héritage culturel. L’une d’elles a entonné un passage de la chanson « L’olivier », et les larmes ont précédé les paroles chez beaucoup. Une participante a commenté : « Quand nous avons chanté ensemble, j’ai senti que nous ne faisions pas que chanter, mais que nous reconstruisions nos racines que la guerre tente de nous arracher. »
Dans un rare moment de calme, un exercice de respiration profonde a été proposé pour relâcher le stress accumulé. Les femmes, les yeux fermés, ont été guidées pour prendre de longues respirations lentes. Après l’exercice, l’une d’elles a déclaré : « J’ai ressenti, pour un instant, que je vivais… que je méritais le repos… Comme si mes souffles réorganisaient mon âme. »
L’activité surprise, qui a transformé l’ambiance de la séance, a été l’écoute de morceaux de musique douce accompagnés de sons de la mer et d’une brise légère. Un sentiment rare de paix est né. Une jeune femme d’une vingtaine d’années a dit : « J’ai fermé les yeux et oublié un instant le bruit des avions. Je me suis souvenue de la mer de Gaza, telle que je la connaissais avant la guerre. »
La séance s’est conclue avec « La prière de l’espoir », où chaque participante a prononcé une prière ou un vœu pour elle-même, sa famille ou son pays. Parmi les prières touchantes, on a entendu : « Ô mon Dieu, accorde-moi un matin qui ne ressemble pas à cet exil, où mes enfants jouent sur le sable de notre maison. » Une autre a dit : « Mon vœu est de redevenir celle que j’étais, forte et remplie d’amour, et non pas un tas de peurs. »
Derrière ces activités, une vérité était manifeste : ces femmes n’avaient pas seulement besoin de soutien psychologique, mais aussi de reconnaissance de leur souffrance profonde — de la perte, de l’exil, de l’injustice et de l’oppression qui les poursuivent jusque dans les moindres détails de leur quotidien. Il était clair que cette séance n’était pas simplement un programme de soutien, mais une reconquête de soi, la voix de la femme gazaouie que la guerre avait tenté de faire taire à jamais.
À la fin de la rencontre, les larmes ne suffisaient plus à tout exprimer. Ce sont les petites lueurs d’espoir dans les yeux, les mots qui s’élevaient malgré la peur, et les mains qui se serraient fort qui parlaient. La séance a prouvé qu’offrir un espace sûr n’est pas un luxe, mais une nécessité humaine. Cet espace, aussi simple soit-il, a suffi à rappeler aux femmes qu’elles sont capables de résister… et peut-être même de rêver à un avenir meilleur.
Photos et vidéos ICI
(Voir aussi les chroniques et articles postés par Brigitte Challande du Collectif Gaza Urgence déplacé.e.s quotidiennes sur le site d’ISM France et du Poing, article hebdomadaire sur le site d’Altermidi, et sur l’Instagram du comité Palestine des étudiants de Montpellier..)
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Témoignage d’Abu Amir, 25 juillet 2025, camp Al-Durra, Gaza