En plus de l’insondable haine que les propos d’Yvan Attal tenus lors d’une émission diffusée le 20 mars 2025 sur Radio J expriment à l’encontre des Palestiniens, il y a une chose essentielle à observer : cette diatribe réintroduit dans la discussion publique l’une des pires topiques du discours négationniste de Rassinier à Faurisson et leurs héritiers : l’idée que le génocide serait une fiction construite pour extorquer à la communauté internationale, en « contrepartie », l’octroi d’une terre et d’un État. Quand bien même cette argutie infâme est mobilisée sur un mode qui se veut « chirurgical », à savoir exclusivement à l’encontre de la doléance palestinienne, comment ne pas voir que l’ouverture de cette boite de Pandore rhétorique, le tabou qu’elle piétine, le naufrage éthique qu’elle banalise, constituent une attaque ultraviolente à l’encontre de l’histoire et de la mémoire de la Shoah, et au profit de leurs profanateurs ? (Et au-delà, au profit de tous les profanateurs de cadavres – arméniens et tutsis notamment. Et Palestiniens).

« Donc, depuis 1948, je veux en revenir au “génocide”, depuis 1948, les Palestiniens, ce peuple palestinien s’est construit en miroir de l’État d’Israël, et ils ont voulu se réapproprier notre histoire, ils ont envie d’être nous.
[Rictus moqueur de Frédéric Haziza]
Même notre Shoah, ils nous l’envient. Ils veulent absolument un génocide, mais pourquoi ? Parce qu’ils pensent, ils pensent que le monde nous a donné Israël après la Shoah. Donc après un vrai génocide. Donc ils se disent : “On va émouvoir le monde en disant que, nous aussi, on est victimes d’un génocide, et on va nous donner des territoires.” »
Yvan Attal, dans l’émission de Frédéric Haziza Les Enfants de la République sur Radio J, le 30 mars 2025.
Je n’ai pas effectué moi-même la sélection de cet extrait de 41 secondes, il a été diffusé et repris sur les réseaux sociaux [1].
Nous sommes assailli.e.s de mots et d’opinions chaque fois plus destructeurs, pour les autres (la haine pure telle qu’elle réapparait) autant que pour nous-mêmes (notre idée de l’humanité tellement atteinte et dévoyée qu’elle s’étiole).
Ce jour-là, je suis saisie d’effroi.
Je ressens la violence de ces propos dans tout mon corps, je me sens épuisée, laminée, j’ai mal partout. Pardonnez mon emphase, c’est comme si en moi hurlaient les mortes et les morts de ma famille maternelle, dans les chambres à gaz ou les forêts de la Shoah par balle. Comment, autrement qu’en profanant la mémoire des morts de l’Holocauste, peut-on exprimer l’idée qu’un être humain puisse « envier » la solution finale pour lui-même et pour son peuple ? Il n’y a pas d’autre façon de l’entendre : il est dit ici que, d’une façon ou d’une autre, leur sort peut être enviable. Cette relégation de « notre Shoah [2] » à un argument rhétorique n’est pas autre chose que de la négation de crime contre l’humanité.
J’ai fait un signalement à l’Arcom, à Pharos et à la LDH. Je n’en attends strictement rien au regard de la négation de crime contre l’humanité en ce qui concerne le génocide du peuple palestinien.
Cette dénégation du génocide en cours est systématique, quotidienne, martelée par nos médias dominants. On ne sait plus comment y faire face, je veux dire que l’on s’en remet à de prochaines condamnations judiciaires, celles que l’on imagine à venir, celles dans un futur envisagé comme juste.
J’ai eu l’occasion d’échanger avec une juriste spécialisée dans le droit de la presse et les atteintes aux droits humains qui m’indique : « Toutefois, si ces propos sont à l’évidence odieux et déshumanisants à l’égard de la population palestinienne, il ne semble pas possible d’y caractériser une infraction, telle qu’une injure publique à raison de l’appartenance à une nation. »
Pourquoi ? Je ne suis pas avocate, et je crois cette personne, mais je ne comprends pas cette assertion.
Si la Shoah est bien ce crime ultime contre un peuple tel qu’il nous a été enseigné – et il l’est – alors, aucun être humain ne peut « envier » cette abomination que le cerveau humain peut à peine se figurer. Aucun être humain. Dire qu’un peuple, le nommer : les Palestiniens, « envie » la Shoah ne laisse pas d’alternative. C’est que les Palestiniens ne sont pas des êtres humains. Ceci ne constitue-t-il pas une injure publique à raison de l’appartenance à une nation ?
Au même titre que la négation de leur génocide, l’idée que les Palestinien.ne.s ne sont pas des êtres humains nous est assénée de façon presque industrielle – par précisément les industriels milliardaires possédant les médias – et l’on ne sait plus, non plus, comment faire cesser l’ignominie de cette déshumanisation qui submerge la planète en un tsunami trumpien.
Mais puisqu’il n’est pas envisageable, pour moi du moins et pour un juriste je l’espère, de dénier aux Palestien.ne.s leur statut d’être humain, alors la rhétorique qui nous est présentée n’a plus qu’un seul sens possible : c’est la Shoah qui est rendue « enviable » par le locuteur.
Ce qui ne peut être appréhendé que comme un propos négationniste du crime contre l’humanité perpétré par les Nazis.
C’est cela qui m’a atteinte au plus profond de moi, à l’endroit d’une douleur insondable. Cette douleur insondable qui s’exprime face à la barbarie subie par le peuple palestinien mais qui s’ancre dans une histoire personnelle et familiale lorsqu’il est question de l’extermination des Juifs d’Europe.
La Shoah, dans les mots d’Yvan Attal, est réduite à une monnaie d’échange idéologique. Cette distorsion sordide devrait pouvoir être condamnée par le droit français.
À la suite de cette première réaction physique et psychique, je me suis demandé si je pouvais en rester là. J’avais décidé de m’exprimer sur ces « 41 secondes », mais est-ce que cela suffisait ?
J’ai arrêté qu’il me fallait entendre l’ensemble du propos tenu ce jour-là, qui a donné lieu à cette sortie et dont nous sommes nombreux.ses à espérer la condamnation [3].
Je n’ai jamais jugé utile d’écouter les déploiements d’argumentaires négationnistes d’ennemis politiques, qu’on peut qualifier de fanatiques sionistes, dont je sais, déjà, qu’ils sont outranciers, orduriers, racistes, délirants, violents, déshumanisants… Je réagis trop violemment, c’est délétère pour moi. Mais Yvan Attal n’est pas un homme politique. Il fait partie du paysage « culturel » français. Je me suis toujours beaucoup intéressé aux acteurs et aux actrices et, quand j’étais plus jeune, j’avais comme tout le monde vu démarrer la carrière de cet acteur, je l’avais trouvé touchant.
Comment cet homme de l’industrie cinématographique française pouvait-il débarquer comme ça sur mon portable et m’adresser sa violence infâme sur un sujet aussi monstrueux que l’écrasement de Gaza et l’anéantissement de son peuple ?
J’ai voulu savoir. J’ai (prenant sur moi) écouté les 46 minutes de l’entretien [4]. Et je les ai écoutées avec une attention impassible et glaciale. Laisser se dérouler le flot de proclamations révisionnistes et négationnistes est insoutenable, mais il y a aussi le danger sournois qu’on se mette à écouter et à être pris dans ce discours. J’ai choisi de garder en intégralité le passage afin de laisser entendre ce récit qui se voudrait cohérent historiquement alors qu’il ne l’est pas – les contradictions et les antinomies sont permanentes – et ces raisonnements par nature fallacieux puisqu’en réalité, la seule « cohérence » (voir plus bas l’extrait de l’article de Blast sur les propos de Joann Sfar) qu’ils affichent, c’est la brutalité du déni. Et c’est une grande responsabilité que de faire place à cela.
[Je souligne moi en italique les mots qui sont dit avec une grande insistance dans leur énonciation.]
Après avoir d’abord parlé de son engagement pour le Sidaction et les campagnes contre les addictions, tabac, alcool, drogue (il se dit quasiment en faveur de la dépénalisation des drogues douces), Yvan Attal est interrompu par son téléphone lui indiquant qu’il y a une contestation du Hamas à Gaza et il s’enthousiasme de la bonne nouvelle. Nous apprenons ensuite que le cinéma pour lui c’est du divertissement (comprendre : que les films à message c’est chiant), que c’est ça qui permet de dire des choses entre les lignes, et qu’il aime donc « l’entertainment ». Ceci étant suivi de l’information qu’il « développe pour Netflix la traque de Klaus Barbie », je vous laisse juge de l’effet d’une telle juxtaposition. Sidney Lumet est un de ses réalisateurs préférés. Puis vient la défense de la présomption d’innocence de Depardieu et l’affirmation, « on est tous d’accord », que « une fois qu’il aura purgé sa peine, il a le droit de revenir travailler (…) on ne peut pas les empêcher de revenir ! » Parce que… « la réinsertion sociale ». Enfin, il n’explique pas pourquoi ses parents juifs algériens ayant « fait leur alyah » en 1962 ont quitté Israël pour la France en 1965, mais il se définit comme un « Juif arabe » et dit qu’il « faut essayer, quand même, de se rapprocher une bonne fois pour toutes, parce qu’on est proches ! ». Il réinsistera : « Culturellement je me sens un arabe ! Je suis un Juif arabe, il faut dire que ça existe les Juifs arabes ! (…) C’est un tempérament, c’est un pays, c’est une langue… ».
À ce stade de l’écoute de l’interview, on est « à ça » de se dire qu’on lui sait gré de ne pas céder aux sirènes de l’islamophobie, dans un média pourtant connu pour être un des lieux de sa diffusion obsessionnelle. Et on pourrait presque avoir l’impression d’être face à un homme de gauche.
À la question « Qu’est-ce que vous ressentez quand vous êtes en Israël ? », il répond sans aucune hésitation « Je me sens Français. » : « Quand je suis en Israël je ne peux pas dire “je me sens israélien”. Non. Je me sens Français. ». Après un rapide épisode complotiste anti-Wikipédia, il explique qu’alors qu’il était, sur Wikipédia, « un acteur et réalisateur français », il est devenu « un acteur et réalisateur franco-israélien » après son film Ils sont partout sur les clichés antisémites et Frédéric Haziza évoque alors « le procès de la double allégeance ».
Nous sommes à peu près à la moitié de l’émission. L’intervieweur lui demande si le 7 octobre a réveillé le « sabra » (Juif né sur la Terre d’Israël) qui est en lui, et il l’interroge :
« Et le procès qui est fait depuis à Israël sur sa guerre à Gaza, depuis le pogrom du 7 octobre, il est légitime ce procès ou pas ?
– Non, mais tout ça c’est une blague…
– Enfin y’en a qui ne blaguent pas de ça.
– Non mais quand je dis : tout ça c’est une blague, ça veut dire que y’a un moment je comprends pas comment on regarde ce conflit. Je vais pas répéter ce qu’on a dit un million de fois…
– Mais il faut le dire.
– Il n’y avait plus un seul Juif à Gaza. D’ailleurs, Gaza était égyptien jusqu’en soixante… Avant 67 ! Avant 67 ! Puisque tout le monde dit qu’il faudrait revenir aux frontières de 67 [mimiques de forte désapprobation]. Avant 67, Gaza c’était l’Égypte. Les Israéliens ont pris Gaza en 73 aux Égyptiens. Depuis, en 2005 je crois, les Israéliens se sont retirés de Gaza !
– Sharon a décidé de se retirer.
– On a évacué des gens de force ! Pour laisser ce territoire aux Palestiniens. Au lieu d’accueillir cette chose, et de faire de Gaza un exemple – les Israéliens sont partis, ils ont laissé Gaza dans les mains des Palestiniens – qu’est-ce qui s’est passé ? Est-ce qu’on a vu des écoles, des hôpitaux, des hôtels, du tourisme, est-ce qu’on a vu tout ça, se construire, se mettre en place ? Avec toutes les subventions reçues ! On n’a rien vu de ça. L’argent a été détourné, la population de Gaza, en l’occurrence le Hamas, n’en avait absolument rien à faire, ils se sont armés et ils ont construit des tunnels pour faire la guerre à Israël. Alors comment voulez-vous, quand on donne un territoire à des gens, et que ça ne suffit pas à avoir… une paix ! Quand on donne un territoire à quelqu’un et qu’il l’utilise pour faire la guerre avec vous, faut bien admettre que les Israéliens sont un peu traumatisés, c’est difficile de donner des territoires ! Parce qu’on se méfie trop…
– De ce qui peut arriver après.
– De ce qui peut arriver après.
– Vous parlez de Gaza qui aurait pu être ce qu’il n’est pas, ce que ce territoire n’est pas aujourd’hui, ça vous fait rêver le Gaza vu par Trump ?
– Non mais ça pour le coup c’est une blague
– Moi aussi ma question est une blague.
– Non mais on parle pas de ça, je veux dire que si les Israéliens ont rendu Gaza aux Palestiniens c’est pour que ça devienne un territoire palestinien, voilà, en revanche, en revanche ce territoire palestinien – parce que la côte est magnifique – ce territoire, palestinien, pourrait devenir un endroit extraordinaire, pour eux ! Et pour tout le monde ! Mais ils préfèrent…
– Ils ?
– Les Gazaouis ! Préfèrent voter pour le Hamas… ça veut dire que cette mer sublime devant eux et ce territoire magnifique, ils s’en foutent ! Eux ce qui les intéressent c’est le sous-sol…
– Et vous l’avez noté tout à l’heure : une partie des Gazaouis, enfin quelques centaines peut-être quelques milliers se révoltent, ils en ont marre du Hamas.
– Il semblerait… enfin, qu’il y ait une révolte, et je suis étonné de voir que le monde ne saute pas dessus…
– On en parle pas !
– Pour aider, aider les Palestiniens. Ça veut dire que en fait on se rend compte que la souffrance palestinienne, elle intéresse peu de gens en réalité ! On a envie, juste, de s’en prendre aux Juifs…
– Aux Juifs c’est-à-dire Israël ?
– Aux Juifs. Parce que, pour moi, tout cela est très clair, d’ailleurs quand on entend, en France, “Intifada de Gaza à Paris”, ça veut dire quoi ? On est Israéliens ici ?
– D’après vous ?
– Non mais c’est pas d’après vous, je vous pose la question, d’après vous ! Ça veut dire quoi ?
– Ça veut dire que c’est une horreur.
– Mais non mais moi j’ai toujours dit que ce conflit n’existait pas, il y a pas de “conflit israélo-palestinien”, il y a des antisémites. C’est tout. Le problème d’Israël, ce n’est pas un problème de territoires. En 48, ils n’ont pas accepté un certain nombre de territoires…
– Vous parlez des Palestiniens et des pays arabes.
– Et depuis 48, il y a eu un nombre de propositions, d’offres – et certaines, dangereuses pour Israël, les Israéliens étaient prêts à concéder des choses… Ça n’a jamais été accepté.
– Et…
– Laissez-moi finir. Ce que je veux dire par là, c’est donc que ça ne les intéresse pas ! Ça ne les intéresse pas d’avoir un territoire ! Ce qui les intéresse, c’est d’anéantir Israël, de ne plus avoir de présence juive là-bas, donc c’est une question d’antisémitisme. C’est la même chose ici : le jour, le jour où les politiques comprendront cette chose-là, et qu’ils se battront réellement pour un territoire palestinien, alors je souhaite… Vous savez je me souviens très bien d’une chose. Je me souviens très bien, en 1973, la guerre de Kippour, j’étais avec mon père, et le bruit a commencé à courir qu’il y avait une guerre…
– Un samedi, jour de Kippour, moi je m’en souviens, on était à la synagogue.
– Le bruit a couru, et je me retrouve avec mon père dans l’ascenseur, on remontait chez moi à la fin de Kippour, et il m’a dit cette chose, il m’a dit “Je pense que malheureusement je ne verrai jamais la paix de mon vivant, je souhaite que tu la voies, toi.” On ne souhaite que ça. En face de nous, en face de nous, je ne vois pas quelque chose de cet ordre-là. Alors aujourd’hui, aujourd’hui, quand je vois ces manifestations de Palestiniens oser avoir le courage…
– Oui le courage.
– De se rebeller contre le Hamas, j’aimerais que le monde les aide.
– 73 : Golda Meir, première ministre. Elle dit, à l’époque, “On donnera une parcelle de territoire contre une parcelle de paix.”, c’était visionnaire, elle a pas été entendue, et Golda Meir disait aussi, avant la guerre de Kippour, je crois que c’était en septembre 73, “Je peux pardonner aux pays arabes”…
– Oui “On peut pardonner de nous tuer nos enfants mais on ne vous pardonnera jamais de nous obliger à tuer les vôtres.”
– Voilà.
– Et elle ajoute “Il y aura la paix le jour où ils aimeront plus leurs enfants que ce qu’ils nous détestent.”
– Voilà. Et c’est toujours d’actualité.
– C’est totalement d’actualité puisque ce qu’un tas de gens ne veulent pas voir aujourd’hui, ou qu’ils font semblant de ne pas voir, c’est que le Hamas se fout complètement des Palestiniens et de sa population. Voilà.
– Ils ont voulu quelque part tuer le camp de la paix. Hein, quand ils s’en sont pris aux kibboutz du sud d’Israël ?
– Bah depuis toujours, même quand il y a eu, avant que Rabbin se fasse assassiner, après les accords… il y a eu un nombre d’attentats en Israël qui ont fait capoter ces accords. Et c’était des attentats du Hamas.
– Alors, on en vient à la France. On est en France, l’après 7 octobre… [ici 2mn 30’ sur l’antisémitisme de Mélenchon et de LFI : “c’est une secte antisémite”] … Et d’ailleurs les Insoumis, parce que, il faut poser quand même cette question, ont trouvé un nouveau terme pour qualifier les Juifs qu’ils considèrent comme trop en soutien d’Israël : “les génocidaires” ! Hein, “génocidaires”, “génocide”, “nazification de l’État d’Israël, “nazification des Juifs”…
– Alors, en fait, on veut faire croire… Ce que je veux dire c’est que, jusqu’en 48, il n’y a pas de peuple palestinien. Avant 48, il n’y a pas de peuple palestinien. Les Palestiniens, le peuple palestinien d’aujourd’hui n’existait pas avant 48. On pourrait regarder le drapeau de la Palestine avant 1948, [il cherche quelque chose] je sais pas y’a une caméra, on peut le chercher dans Google là tout de suite, et on le montre à la caméra, je crois que ça serait bien.
– On va le faire…
– Mais non mais parce qu’il y a plusieurs drapeaux à montrer, les symboles ça raconte des choses quand même hein ! Donc le drapeau palestinien d’avant 1948, il est flanqué de l’étoile de David, ça veut dire au milieu du drapeau il y a une étoile de David. Donc, il y avait des Juifs avant 1948 en Palestine, des Juifs palestiniens. Il y avait une monnaie juive, des syndicats juifs…
– La langue juive, l’Hébreu.
– La langue juive, etc. On a fait… Quand j’entends dire que on a créé et on a donné un État Juif en Palestine après la Shoah, je deviens dingue ! Comme si c’était une création de toute pièce ! Comme si on avait inventé un État Juif là. Il y a toujours eu des Juifs là, depuis toujours, c’est la terre des Juifs. D’ailleurs quand on parle de “colonies” en Cisjordanie…
– [Haziza pouffe]
– Ce que je veux dire c’est que, ça n’a rien de religieux, c’est archéologique, on a construit une mosquée sur un temple !
– Donc Jérusalem hein.
– Voilà. Qui a colonisé qui ?! Non mais la preuve est là !!!
– Oui, mais quand vous dites…
– Non mais attendez, on va revenir au génocide !
– Non mais attendez, parce que vous parlez de colonies, ça veut dire que vous, vous dites : il faut pas rendre les territoires ?
– C’est pas ce que je dis. [Très contrarié]
– C’est pour ça que je vous pose la question, parce que ça peut être interprété comme ça.
– Jérusalem, non !
– Non, je parle pas de Jérusalem : Cisjordanie…
– Alors : il faut trouver des accords de paix !
– Voilà !
– Il y a un moment il faut faire des concessions, mais moi j’aimerais bien que tout le monde fasse des concessions, qu’on ne demande pas qu’à Israël de faire des concessions ! Les Palestiniens, puisqu’on parle de drapeaux, sont des Jordaniens, d’accord ! Qu’on regarde, à nouveau, le drapeau palestinien et le drapeau jordanien : c’est exactement le même ! Y’en a un qui a une étoile, ils ont enlevé l’étoile, mais c’est les mêmes !
– 70 ou 80% des Jordaniens sont Palestiniens.
– Donc, qu’on demande aux Jordaniens, aussi, de donner peut-être un bout de territoire ! Moi je rêve d’une paix, je vous l’ai dit, depuis cette phrase de mon père, je rêve d’une paix avec les Palestiniens…
– Que vous pourriez voir de votre vivant.
– J’espère ! Ce que je veux dire par là, c’est qu’il faudrait que tout le monde se mette à table, qu’on ne nous fasse pas croire que ce soit un problème simplement d’Israël. Donc, depuis 1948, je veux en revenir au “génocide”… [retour à l’extrait précité] »
Je ne donnerai pas ici les éléments de bibliographie permettant de trouver à lutter contre le négationnisme. Il s’est construit sur des décennies. Le refus, viscéral, de prendre acte du fait de dépossession des terres de la population palestinienne et l’organisation d’un récit fictif venant « légitimer » le continuum de soumission, d’humiliation, de violence, d’oppression, de torture, de nettoyage ethnique, de sociocide, de génocide imposés à cette population pour maintenir la dépossession sont au cœur du processus de négationnisme.
Dans le même temps que j’écris cet article, je prends connaissance de l’article de Jules Blaster sur Blast, Cher Joann Sfar – Boxing Day #30, dont je conseille vivement la lecture. L’auteur produit, déclaration après déclaration du bédéiste, les arguments de leur effondrement, et il indique : « nous avons dû nous résoudre à faire le choix déchirant de ne pas poursuivre cette liste de vos approximations, contre-vérités et mensonges concernant l’histoire, l’actualité et les répercussions en France du conflit opposant Israël – et avant lui le mouvement sioniste – aux Palestiniens, nous limitant à constater qu’une cohérence se dessine derrière l’ensemble de ces propos. Ces derniers visent en effet tous [à] délégitimer a priori toute lecture n’allant pas dans le sens de ce que vous nommez la “complexité”, en d’autres termes toute analyse en termes de conflit colonial opposant, en dernière instance, un État oppresseur et un peuple opprimé. (…) Nulle surprise dès lors à ce que vous ayez une tendance à réécrire l’histoire, à mentir et à calomnier pour faire taire ceux qui rappellent ces réalités, les faits étant beaucoup trop têtus pour pouvoir cohabiter avec vos positions “pacifistes” aussi abstraites que déconnectées du réel. »
Mais en ce qui concerne la dernière salve, celle des 41 secondes, elle semble être plutôt récente. Ainsi, les éléments de langage d’Yvan Attal le dimanche 30 mars sur Radio J sont-ils étonnement similaires à ceux entendus lors du rassemblement « Pour la République… La France contre l’islamisme ! » du mercredi 26 mars à Paris.
À l’initiative du collectif Agir Ensemble, branche française du lobby pro-israélien Elnet (European Leadership Network), une organisation « dédiée au renforcement des relations entre la France, l’Europe et Israël », il a permis à Manuel Valls de se faire applaudir en rappelant qui étaient réellement les « barbares » en ce moment du côté du Proche-Orient : « Croyez-vous que je vais ici renoncer à soutenir Israël qui se trouve en première ligne face à la barbarie islamiste [5] ? » ; à Bruno Retailleau de faire l’éloge du sport dont la « grammaire universelle » consiste à refuser sa pratique à des croyantes d’une seule religion ; et globalement à tout ce que la politique compte de fascistes de s’ébrouer librement. S’il y avait un doute quant à l’utilisation du vocable « fasciste », on trouvera utile de donner à lire la qualification de l’islamisme par Christian Estrosi : une « cinquième colonne rampante comme une pieuvre [6] ».
Au milieu des invités de renom, il y en a un en particulier [7] qui vient annoncer la riposte « idéologique » (d’un lyrisme religieux inattendu de la part d’un ambassadeur) d’Elnet contre la désignation internationale de « génocidaire » prononcée à l’encontre de l’armée israélienne et, partant, de l’État israélien.
Éric Danon, ancien ambassadeur de France en Israël de 2019 à 2023 [8] :
« Ma conviction, c’est qu’il n’y a pas de génocide mais une nécessité absolue pour les islamistes et les propalestiniens de dire qu’il y a génocide.
– Et pourquoi selon vous ?, demande Eugénie Bastié.
– Parce qu’ils en ont besoin pour parachever une identité palestinienne mimétique de celle des Juifs. […] Ils leur manquaient quelque chose pour être à égalité avec les Juifs… il leur manquait un génocide. Enfin, ils tiennent le récit d’un génocide, même s’il n’existe pas. Et vous verrez qu’ils pousseront cela pour dire un jour : “Nous avons autant que les juifs le droit d’avoir un État dans cette région.” Puis vous aurez l’étape suivante qui sera encore plus redoutable quand ils diront : “C’est nous le peuple de Dieu. Ce ne sont pas les Juifs.” »
Mon père, en communiste dogmatique, m’avait enseigné que ce n’est pas l’émotion qui doit guider l’analyse et la pensée politique, mais la raison. Et c’est vrai que l’émotion est subjective, elle traverse chaque être à l’aune de sa propre psyché, quand le raisonnement pourrait laisser penser qu’il nous permet d’atteindre à une forme d’objectivité, de « rationalité ».
Aujourd’hui, des kilomètres d’articles, d’analyses, de pensées… et de cris, ont été produits sur ce qu’Israël fait à Gaza, aux Palestinien.ne.s dans leur entièreté. Nous écrivons dans le vide, nous analysons dans le vide, nous rationalisons dans le vide. Nous crions dans le vide. Le droit ne peut plus rien. Aucune action ne semble de taille à enrayer la machine génocidaire, des résolutions de l’ONU aux mandats d’arrêt de la CPI [9], en passant par les étudiant.e.s manifestant sans relâche sur les campus étatsuniens… Et tant d’autres dans le monde.
Nous ne cessons d’égrener les preuves des exactions commises par l’armée d’occupation et les colons, les actes de torture et barbarie. Nous ne cessons de documenter les examens cliniques de spécialistes en droit international (de tous pays) qui « estiment qu’on a rarement entendu un responsable d’État exprimer aussi ouvertement un projet se conformant à la définition juridique du génocide [10] ». Des centaines et des centaines de pages sont déjà rédigées qui listent les exactions d’une armée (et de la société qui la promeut) au summum de ses pratiques de déshumanisation et en choisir un exemple ne fait qu’entraîner la nécessité d’en dire un autre, et encore un autre. Alors, faut-il redire notre rage déchirée de savoir que Muhammed Bhar, jeune Palestinien de 24 ans atteint de trisomie 21, a été laissé agonisant de ses blessures, baignant dans son sang après l’attaque d’un chien lancé par l’armée israélienne sans que les soldats de cette armée récidiviste à l’infini laissent sa famille lui porter secours ?
Nous rassemblons, nous collectons, nous relayons les organisations israéliennes qui donnent à voir cette forme de vérité sur ce qu’est Israël : un État d’apartheid de la mer au Jourdain, en train de commettre un crime de génocide.
Il y a une chose qui est « vraie » dans l’interview d’Yvan Attal, et qui nous permet d’entrevoir une minuscule lueur d’espoir. C’est qu’il n’est pas Israélien. Et que s’« il est dans la logique d’[une] puissance d’aller au bout de ce qu’elle peut – c’est-à-dire jusqu’à ce qu’elle rencontre un nouvel obstacle qui la force à s’arrêter [11] », cet obstacle sera, peut-être, les Israélien.ne.s auxquel.le.s il ne faut pas oublier de donner la parole, sans présumer de nos accords sur l’ensemble de la question palestinienne.
• Ami Ayalon, ex-chef du Shin Bet (service de renseignement intérieur d’Israël) [12] , en juin 2024, sur ce que signifie une stratégie militaire qui n’a plus de but de guerre :
« Avez-vous l’impression qu’ils sont en train de perdre leur moralité, leur humanité ?
– Pas eux. Nous. Nous sommes en train de perdre notre identité en tant que peuple, en tant que Juifs et en tant qu’êtres humains.
– Avez-vous déjà pensé que vous pourriez dire une telle chose, vous êtes l’ancien chef du Shin Bet ?
– Oui.
– Avez-vous déjà pensé que vous en arriveriez là ?
– Oui, je l’ai dit à maintes reprises, et je l’ai dit au Shin Bet. Quand nous avons essayé de réfléchir à notre code d’éthique. J’ai dit, nous, quand nous partons en guerre, les gens ne pensent pas, quand vous nous envoyez à la guerre, vous ne nous envoyez pas pour négocier. Vous nous envoyez pour tuer. Or, nous sommes nés avec le principe “tu ne tueras point”. Et maintenant vous me dites : “D’accord ! Vous partez en guerre, tuez tous les ennemis.” Désormais, l’idée que j’ai le droit de tuer, à force avec le temps, ça devient naturel. Nous ne nous demandons pas pourquoi. La seule question que nous nous posons quand nous partons en guerre, c’est comment tuer. Faut-il plutôt utiliser un couteau, une arme à feu ou un missile ? Mais c’est devenu une seconde nature. »
• Yoel Elizur [13], « psychologue spécialiste de la brutalité dans l’armée [14] », professeur émérite, École d’éducation Seymour Fox, Université hébraïque de Jérusalem. Dans un long article sur Haaretz de décembre 2024, il rend compte d’études faites au cours de sa carrière et répertorie des crimes de guerre. Il revient lui aussi sur le « code d’éthique de Tsahal ». Sur le travail de typologie effectué sur les soldats, leur façon de se comporter face à la violence et les dommages en termes de « blessures morales », il note : « Nous avons identifié cinq groupes de soldats en fonction de leurs traits de personnalité. (…) Un grand groupe était composé de soldats sans inclination préalable à la violence. Leur comportement était surtout influencé par le modèle des officiers subalternes et les normes de la compagnie. Certains de ceux qui ont commis des atrocités ont rapporté des blessures morales : « Je me sentais comme, comme, comme un nazi… on aurait dit que nous étions en fait les nazis et qu’ils étaient les Juifs. »
• Zeev Sternhell [15], historien et universitaire israélien, spécialiste de la question de la montée et de la naissance du fascisme, en particulier de ses racines françaises [16] : « Zeev Sternhell : “En Israël pousse un racisme proche du nazisme à ses débuts”. Dans une tribune parue en février 2018, l’historien, spécialiste du fascisme, se lance dans une comparaison entre le sort des juifs avant la guerre et celui des Palestiniens aujourd’hui [17] ».
• Daniel Blatman [18], historien israélien spécialisé dans le mouvement ouvrier juif de Pologne, sur le judaïsme polonais au XXe siècle, sur l’histoire de la Shoah et sur l’Allemagne nazie : « “Le gouvernement d’Israël a des ministres néo-nazis. Cela rappelle vraiment l’Allemagne de 1933”. L’historien [israëlien] de l’Holocauste Daniel Blatman se dit stupéfait de voir à quelle vitesse Israël se précipite vers le fascisme [19].
• Raz Segal [20], historien israélien résidant aux États-Unis, professeur d’études sur l’Holocauste et les génocides à l’Université de Stockton. Il écrit, dès octobre 2023, l’article [21] : « Un cas d’école de génocide : Israël s’est clairement expliqué sur ce qu’il faisait à Gaza. Pourquoi le monde ne l’écoute-t-il pas [22] ? ». Il s’y explique : « (…) l’attaque sur Gaza peut également se comprendre en d’autres termes : un cas d’école de génocide se déroulant sous nos yeux. Je dis ça en tant qu’expert du génocide, qui a passé de nombreuses années à écrire à propos de la violence de masse d’Israël contre les Palestinien.ne.s. J’ai écrit sur le colonialisme de peuplement et la suprématie juive en Israël, la déformation de l’Holocauste pour renforcer l’industrie militaire israélienne, l’instrumentalisation d’accusations d’antisémitisme comme arme pour justifier la violence israélienne contre les Palestinien.ne.s, et le régime raciste d’apartheid Israélien. Désormais, après l’attaque de samedi du Hamas et le massacre de plus de 1 000 civil.e.s israélien.ne.s, le pire du pire est en train de se produire. (…) Le but d’Israël est de détruire les Palestinien.ne.s de Gaza. Et ceux.celles d’entre nous qui observons, partout dans le monde, abandonnons notre responsabilité de les en empêcher. » Et dans le descriptif de cette interview [23], on apprend qu’il « qualifie l’attaque israélienne contre Gaza de cas d’école d’“intention génocidaire” et la rationalisation de sa violence d’“utilisation honteuse” des leçons de l’Holocauste. » Il affirme que « l’exceptionnalisme de l’État israélien et la comparaison de ses victimes palestiniennes aux “nazis” sont utilisés pour “justifier, rationaliser, nier, déformer et désavouer la violence de masse contre les Palestiniens” ».
• Omer Bartov, historien américano-israélien, professeur d’histoire européenne et de germanistique à l’Université Brown aux États-Unis spécialisé dans l’étude de la Shoah et notamment du rôle de la Wehrmacht dans les territoires de l’Est. [24] : « Le 10 novembre 2023, j’écrivais dans le New York Times : “En tant qu’historien du ogénocide, j’estime que nous n’avons aucune preuve qu’un génocide est en train de se dérouler actuellement à Gaza, bien qu’il soit très probable qu’y soient commis des crimes de guerre, et même des crimes contre l’humanité. […] L’histoire nous a enseigné qu’il est crucial d’alerter l’opinion sur le risque d’un génocide avant qu’il ne se produise, plutôt que de le condamner tardivement une fois qu’il a eu lieu. Il est encore temps de sonner l’alarme.” Ce n’est plus ce que je crois (…) il n’[est] plus possible de nier qu’Israël s’[est] rendu coupable de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et d’actions génocidaires systématiques. [25] . »
• Avi Shlaim, du groupe appelé « Les nouveaux historiens israéliens », historien israélo-britannique, spécialiste du conflit israélo-arabe et professeur émérite de relations internationales à l’université d’Oxford, auteur du récent Genocide in Gaza : Israel’s Long War on Palestine. Dans un article de mars 2025 [26], la question lui est posée :
« Au cours des années précédentes, vous vous êtes abstenu d’utiliser le mot “génocide” en relation avec Israël. Qu’est-ce qui a changé cela exactement ?
– J’ai hésité avant d’appeler mon livre Génocide à Gaza parce que le génocide est un très grand mot. Mais les preuves devant mes yeux étaient accablantes et devenaient de plus en plus nombreuses. C’est le premier génocide qui est diffusé en direct. Les pays et les dirigeants n’ont pas l’habitude de dire “nous commettons un génocide” et “nous voulons éliminer l’ennemi”. Ils le cachent généralement, alors que les Israéliens parlent ouvertement de génocide. (…) Ce que fait Israël est conforme à la Convention de l’ONU sur le génocide, qui ne stipule pas que les pays doivent attendre qu’un tribunal prenne des mesures. La Grande-Bretagne et l’Amérique [et la France, j’ajoute moi] ne sont pas seulement complices des crimes de guerre israéliens, mais sont des partenaires actifs qui aident Israël dans sa campagne génocidaire contre les Palestiniens. (…)
– Que répondez-vous aux justifications israéliennes pour sa violence au cours des 16 derniers mois ?
– Je dirais aux apologistes d’Israël que, en vertu du droit international, Israël a un droit : mettre fin à l’occupation et en sortir. Israël n’a pas le droit à la légitime défense tel que défini dans l’article 51 de la Charte des Nations Unies. Israël est la puissance occupante à Gaza en vertu du droit international. Vous n’avez pas le droit à la légitime défense si l’attaque dont vous avez été victime provient d’une zone sous votre contrôle. (…)
– Que voyez-vous prendre forme après la chute du sionisme israélien ?
– Il y a toujours un large consensus international derrière la solution à deux États. J’avais l’habitude de soutenir une solution à deux États, mais Israël l’a tuée comme une pierre. Aujourd’hui, Israël ne parle même pas d’une solution à deux États. Au contraire, il cherche à résister ouvertement à l’État palestinien jusqu’au bout. »
Je précise qu’Avi Shlaim ne va pas dans le même sens que moi quant à la possibilité d’un changement de l’intérieur.
• Nurit Peled-Elhanan, philologue et traductrice, professeur de littérature comparée à l’Université hébraïque de Jérusalem, connue comme militante pacifiste en Israël [27]. Dans cet extrait [28], elle s’appuie sur l’association « Breaking the silence » qui recueille les témoignages de soldats : « Nous avons une organisation qui s’appelle “Briser le silence”, où des soldats confessent ce qu’ils ont fait en Cisjordanie. Et dans nombre de ces confessions, les soldats disent : “On m’a appris à croire que quoi que je fasse aux Palestiniens ce serait pour nous sauver d’un nouvel Holocauste. Ce n’est que lorsque j’ai pointé mon fusil sur une petite fille que j’ai compris que c’était moi le mal. Et là, j’ai arrêté.” »
• B’Tselem, ONG israélienne, est le centre israélien d’information pour les droits humains dans les territoires occupés [29] : « Israël n’est pas une démocratie qui aurait une occupation temporaire rattachée à elle : c’est un seul régime entre le Jourdain et la mer Méditerranée, et nous devons regarder le tableau dans son ensemble et le voir pour ce qu’il est : un apartheid [30]. », Hagai El-Ad, Directeur exécutif de B’Tselem.
• Breaking the silence, ONG israélienne fondée en 2004 par des soldats et vétérans des forces de défense israéliennes [31] développe, sur « X » :
« “Antisémite”. C’est ainsi que le discours de Yuval Abraham lors de la Berlinale a été qualifié par les médias israéliens et même par des politiciens allemands. La raison : il perçoit la réalité de l’apartheid en Cisjordanie telle qu’elle est.
Il s’agit du dernier exemple en date de l’utilisation de l’antisémitisme comme arme pour faire taire les critiques.
(…)
Les raisons pour lesquelles nous luttons contre l’occupation, l’apartheid et les systèmes suprémacistes dans notre société sont directement liées à nos appels contre l’antisémitisme et le racisme en général. Elles découlent des mêmes valeurs qui devraient tous nous guider.
(…)
En tant qu’Israéliens et anciens soldats de Tsahal, nous disons sans équivoque :
S’opposer à l’occupation et à l’apartheid ne fait pas de vous un antisémite. Appeler à la fin des bombardements sur Gaza non plus.
Combattez l’antisémitisme. Mettez fin à l’occupation. Exigez un cessez-le-feu à Gaza. Maintenant. »
Il ne reste, pour conclure, que cette « émotion » vibrante. Cette « subjectivité » qui fait que probablement l’immense majorité des êtres humains sur cette planète est à même de comprendre qu’un crime anéantissant un peuple se commet en Palestine.
Ces enfants gris de la poussière des bombes, dont les corps, les mains et les visages ne peuvent plus soutenir l’effroi [32].
Notes
[1] Merci à @cerveauxnon.bsky.social, un.e des premiers.ères à l’avoir fait circuler, et à @caissesdegreve.bsky.social pour les sous-titres : [https://bsky.app/profile/cerveauxnon.bsky.social/post/3lllpo5i4ds2j].
[2] « “Notre Shoah” Comme s’il s’agissait d’un produit marketing. Labellisé. Convoité. », @HirooJay sur « X » le 30 mars 2025. Je ne saurais pas mieux dire.
[3] « Des propos intolérables qui, pour l’instant, ont entraîné très peu de condamnations. », Nadir Dendoune, « Même notre Shoah, ils nous l’envient » : Yvan Attal dérape sur Radio J.
[4] « Il n’y a pas de conflit israélo-palestinien ou de problème de territoires. Il y a des antisémites. ».
[5] Un rassemblement « contre l’islamisme » en présence de ministres à Paris – L’Express.
[6] Paris. Une soirée « républicaine » contre les musulmans et les Palestiniens – Quentin Müller.
[7] Merci à Sébastien Fontenelle qui m’a permis de faire le lien : Jusqu’ici tout va mal – Mars 2025, au 26 mars.
[8] Paris. Une soirée « républicaine » contre les musulmans et les Palestiniens – Quentin Müller.
[9] « Signataire du Statut de Rome, la France a l’obligation de coopérer avec la Cour pénale internationale. Ce qu’elle a manqué de faire en laissant le Premier ministre israélien survoler son espace aérien pour aller à Washington. » VRAI OU FAUX. La France aurait-elle dû arrêter Benyamin Nétanyahou lorsqu’il a survolé la France pour se rendre aux États-Unis ?
[10] Julian Fernandez et Olivier de Frouville, juristes : « Les déclarations du ministre israélien de la défense sont l’expression transparente d’une intention génocidaire à Gaza ».
[11] Enfin une mesure contre la démesure de la finance, le SLAM !, Frédéric Lordon.
[12] Netanyahu’s ‘toxic leadership’ will lead to end of Zionism], says former Shin Bet chief à partir de 07:03 (merci à Chronik pour le signalement).
[13] [Merci à @Weatherboy_fr sur « X » pour la liste des références.
[14] ‘When You Leave Israel and Enter Gaza, You Are God’ : Inside the Minds of IDF Soldiers Who Commit War Crimes, Haaretz. Extraits en français tiré de l’article complet.
[15] Id. note 13.
[16] Zeev Sternhell, Wikipédia.
[17] Zeev Sternhell : « En Israël pousse un racisme proche du nazisme à ses débuts », Le Monde.
[18] Id. note 13.
[19] ‘Israel’s Government Has neo-Nazi Ministers. It Really Does Recall Germany in 1933’. », Haaretz, février 2023.
[20] Id. note 13.
[21] A Textbook Case of Genocide.
[22] Raz Segal : Un cas d’école de génocide.
[23] « A Textbook Case of Genocide » : Israeli Holocaust Scholar Raz Segal Decries Israel’s Assault on Gaza.
[25] As a former IDF soldier and historian of genocide, I was deeply disturbed by my recent visit to Israel, The Guardian, août 2024. Article traduit en français Un historien du génocide face à Israël, Orient XXI.
[26] « Nous assistons au dernier souffle de la violence israélienne » : conversation avec Avi Shlaim.
[27] Nurit Peled-Elhanan, Wikipédia.
[28] “How do you take nice Jewish boys and girls and turn them into monsters, killers of children when they reach 18 ?”.
[30] This is apartheid : The Israeli regime promotes and perpetuates Jewish supremacy between the Mediterranean Sea and the Jordan River.
[31] Breaking the Silence, Wikipédia.
[32] Lire les interrogations de la rédaction d’Orient XXI sur ce qui garde leur humanité aux victimes dans le travail de choix iconographiques : Gaza. Ce que montrent, ce que cachent les images.